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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 04:20

 

 

 

 

BANGUI (AFP) - 04/09/2013 12:27 - Par Patrick FORT.  Espérant trouver or et diamants cachés, les pilleurs d'une des maisons du président centrafricain déchu François Bozizé ont découvert deux squelettes sous deux dalles du garage. Qui sont-ils? Ont-il été assassinés? Pourquoi sont-ils là? Mystère.

 

La concession se trouve à Sassara, en périphérie nord de Bangui près de la route par laquelle sont arrivés les rebelles de la coalition Séléka le 24 mars lors de la prise de la capitale.

 

Mais les hommes du Séléka étaient là dès le samedi 23 au soir, explique le colonel rebelle Ali Garba qui a ensuite participé à l'avancée finale vers le palais présidentiel.

 

"Le lundi, je suis revenu pour prendre les deux véhicules (un 4x4 et un Hummer) qu'on avait repérés le samedi. La maison avait été pillée. Les gens espéraient probablement trouver des diamants ou de l'or cachés. Ils ont soulevé ces deux dalles du garage et ont découvert deux squelettes" explique le colonel Ali Garba en désignant l'emplacement.

 

"Je les ai vus. C'étaient des squelettes sans chair. Les gens étaient morts depuis longtemps. Au moins plusieurs mois, peut-être plus", explique-t-il.

 

Les dalles mesurent à peine un mètre carré et s'ouvrent sur des petits réduits de 2 m de profondeur, actuellement vides à l'exception d'un morceau de tissu coloré.

 

Dans la maison, le colonel a également trouvé un garde présidentiel tué lors des combats. "La Croix rouge a récupéré le corps du garde tué mais aussi les squelettes", explique-t-il.

 

Plusieurs témoins près de la maison confirment ses dires.

 

La Croix rouge n'était pas joignable dans l'immédiat pour savoir où se trouvaient actuellement les deux squelettes. De source proche du gouvernement, on regrette maintenant que ceux-ci aient été déplacés et on cherche à les retrouver pour tenter de les identifier.

 

S'agit-il d'opposants ou d'ennemis tués sous le régime Bozizé et qu'on a mis là en pensant qu'on ne les retrouverait jamais ?

 

"C'est peut être un rituel", se hasarde un des rebelles.

 

Les crimes rituels existent dans la plupart des pays d'Afrique centrale où ils sont censés donner de la puissance à leur commanditaire. Dans ces pays, des os de personnes décédées font aussi parfois l'objet de trafics pour des raisons similaires, sans pour autant qu'acheteurs ou revendeurs de ces os ne soient mêlés à la mort des victimes. . .

 

Les deux dalles se trouvent à l'arrière du garage de la maison où sont garés deux véhicules dont le Hummer présidentiel immatriculé AA 001 PR (PR pour présidence).

 

Dans la maison complètement pillée, il y a des traces de sang à l'endroit où le garde présidentiel a été tué.

 

Selon les témoins, la maison était surtout habitée par la femme du président Monique Bozizé.

 

Il ne reste plus aucun meuble à l'exception d'un appareil de musculation. Le sol est recouvert de débris, de documents et notamment de dizaines de photos où apparaît parfois l'ancien président mais aussi de cérémonies traditionnelles ou de sports (circuit automobile, ring de boxe). Même les lavabos ont été arrachés.

 

A l'arrière de la maison, un container de traiteur a été vidé et un groupe électrogène dépecé. Dans le jardin, des papiers jonchent le sol mais on découvre aussi un portrait surprenant du président Bozizé.

 

Son visage a été peint mais son buste est fait de vêtements réels. Un rebelle tire sur la cravate comme pour étrangler l'ancien président, désormais en fuite au Cameroun, et qui devrait s'exiler prochainement au Bénin. . .

 

 

© 2013 AFP

 

 

En Centrafrique, le camp de Bossombelé, théâtre des horreurs du régime Bozizé

 

Tortures, exécutions sommaires, conditions de détention insupportables: le camp militaire de Bossombelé, à 175 kilomètres au nord de Bangui, révèle les horreurs du régime centrafricain du président François Bozizé, renversé le 24 mars.

 

« C’était horrible. Inimaginable. Je suis resté trois mois et j’ai eu la chance que la communauté internationale se mobilise pour me faire libérer », affirme à l’AFP Herbert Djono-Ahaba, actuel ministre des Mines, membre de la coalition rebelle Séléka, qui était alors député. « C’étaient des tueries. Je remercie Dieu d’être encore en vie », poursuit M. Djono-Ahaba, libéré début 2012.

 

Dans un cadre bucolique à l’entrée de la ville, le camp militaire de Bossombelé est en fait un centre de formation de militaires. Mais une de ses maisons avait été transformée en geôle pour les prisonniers dits « politiques ». S’y côtoyaient des militaires et des civils détenus sans procès et considérés comme dangereux.

 

Ils étaient maintenus au secret total, dans l’impossibilité de communiquer avec leurs proches qui, souvent, les croyaient morts ou disparus pour toujours.

 

Les prisonniers ont tous été libérés le 23 mars, au début de l’offensive du Séléka qui a pris le contrôle de Bangui le lendemain. Une colonne de rebelles était passée à Bossombelé pour ouvrir une nouvelle voie vers la capitale et récupérer l’important matériel militaire qui s’y trouvait.

 

Aujourd’hui, dix-sept conteneurs sont visibles dans le camp, et des milliers de cartouches, des obus, des mortiers et des mitrailleuses parfois éparpillés sur le sol.

 

L’unique cellule de 40 m2 pouvait contenir jusqu’à 35 personnes. A la libération du camp, il y en avait 17.

 

Yaya Issa, membre de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), une des rébellions composant aujourd’hui le Séléka, y a passé plus de deux ans.

 

« On m’a torturé, frappé. Une fois, un GP (garde présidentiel) m’a tapé du soir au matin. 240 coups avec une cordelette militaire. Après, il a pissé sur mes blessures », raconte-t-il, exhibant les stigmates sur sa tête et son dos. « Je me disais que j’allais mourir ».

 

« Pendant les quatre premiers mois, je ne suis pas sorti de la cellule. Pas possible de se laver. Les mêmes vêtements. On n’avait pas de toilettes, on faisait dans la pièce. Après, ils ont apporté un seau ».

 

« On mangeait un peu la +boule+ (boule de maïs ou de manioc) une fois par jour. On avait faim. Parfois, pour nous humilier, les GP la jetaient devant nous et on n’avait rien », se souvient-il.

 

Frappés à mort, tués d’une balle

 

Amadou Tidjani, commerçant, avait été arrêté en septembre 2011 en possession de cartouches dont il dit aujourd’hui qu’elles ne lui appartenaient pas. Il a rejoint le Séléka à la libération du camp.

 

« On dormait à même le sol ou sur des cartons. On ne sortait presque jamais. Un seul d’entre nous sortait pour la corvée de seau et d’eau », explique-t-il. Chaque jour, les prisonniers n’avaient droit qu’à cinq litres pour toute la cellule.

 

« Les gardes entraient et te tabassaient, à coups de pieds, de crosse de kalachnikov », dit M. Tidjani. « Parfois, ils sortaient un prisonnier et le frappaient à mort. De mes yeux, je l’ai vu », assure-t-il, expliquant avoir assisté à au moins cinq exécutions.

 

Il exhibe une longue cicatrice boursouflée: « Un capitaine a collé un pistolet sur mon ventre et a tiré. Pour me faire peur », déclare-t-il, ajoutant que ce même officier a tiré une balle dans le pied d’un autre détenu.

 

Selon lui, un « mercenaire français » se trouvait au camp mais il ne l’avait pas vu participer aux exactions.

 

Le colonel du Séléka Ali Garba, auparavant membre de l’armée, a passé trois mois à Bossombélé en 2010 avant d’en être libéré. Lui aussi affirme avoir vu des exécutions sommaires. « C’était l’abattoir de Bozizé. Ils venaient, sortaient un soldat et le tuaient d’une balle. Il ne se passait pas deux jours sans une exécution », soutient-il.

 

Selon lui, il s’agissait surtout de soldats qui s’étaient repliés lors de la prise de Birao (nord) par la CPJP en 2010. Bozizé avait ensuite dû faire appel à l’armée tchadienne pour reprendre la ville.

 

En se promenant à la périphérie du camp, les anciens prisonniers désignent une sorte de terre-plein. C’est là que seraient enterrés les cadavres des victimes. Des os sont visibles. D’humains ou d’animaux? Impossible de répondre en attendant un médecin légiste ou une commission d’enquête.

 

La plupart des geôliers sont aujourd’hui introuvables même si Amadou Tidjani affirme en avoir retrouvé à Bangui. « Certains n’étaient pas méchants et nous donnaient de la nourriture en cachette. Ce n’était pas de leur faute mais celle de Bozizé ».

 

Le colonel Ali Garba souhaite que justice soit faite : « Si je retrouve ceux qui m’ont torturé, je veux les arrêter pour qu’ils soient jugés. Bozizé aussi ».

Centrafrique : Le Mystère des squelettes de la maison Bozizé
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