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6 juillet 2011 3 06 /07 /juillet /2011 00:35

 

 

 

 

Adrien Poussou

 

 

 

« Il neige sur Bangui… où va la République Centrafricaine ? » d’Adrien Poussou 114 pages, 12 euros. En commande sur Amazone.fr ou à l’adresse suivante : assobeafrica@yahoo.fr 

 

Le 13 août prochain, la République Centrafricaine célébrera le 51ième anniversaire de son accession à l’indépendance. Pour les Centrafricains, cet événement, qui consacre aux yeux du monde la souveraineté du pays, est considérable. Ils auraient voulu pouvoir s’en réjouir pleinement et associer à leur joie tous ceux qui les ont aidés dans leur longue lutte pour accéder à l’indépendance. Malheureusement, comme pour les festivités du 50e anniversaire, le 13 août 2010, qui s’étaient déroulées sous la houlette d’un chef d’État illégitime, en vacance du pouvoir, cela soit encore impossible aujourd’hui.

 

C’est à cette étrange impasse politique que s’attaque Adrien Poussou dans son livre, « Il neige sur Bangui… où va la République Centrafricaine ?  » à paraître le 13 août prochain. Ce livre captivant, qui se lit intensément, permet de décrypter l’histoire de la République Centrafricaine, sa géographie, son économie et sa situation politique actuelle. Il suggère également de faire connaissance avec certains de ses acteurs majeurs aussi bien d’hier que d’aujourd’hui, non sans poser avec acuité, la question centrale, sinon essentielle : où va la République Centrafricaine? 

 

Notre rédaction vous livre, en exclusivité, les bonnes feuilles de cet ouvrage qu’on n’a pas envie de s’arrêter quand on commence à le lire. Un vrai régal pour les amateurs de bonne lecture.  

 

D’un ton de vantardise légère qu’on lui connaît, doublé d’un agacement, Nicolas Sarkozy donna le change : « Écoutez, on a assez de problèmes à régler comme ça. Copenhague a occupé toute la conversation. J’ai remarqué une excellente ambiance entre les présidents Biya et Sassou. Deuxièmement, je n’ai pas envie d’entrer dans cette polémique. Troisièmement, quand le président Bozizé rentrera à Bangui, il sera très heureux de vous répondre. Et je m’en sors comme ça. » Pourtant, ses homologues étaient visiblement disposés à répondre. Du moins le président Denis Sassou N’Guesso qui, ne pouvant me répondre directement, murmura à peu près ceci : « Je m’attendais à cette question. » En revanche, le général-président Bozizé resta de marbre. Je dus malheureusement me contenter de la réponse expéditive de Nicolas Sarkozy

 

Cette nuit, Brazzaville était emmaillotée dans ses nuages. Le ciel était lourd comme celui qui a du mal à s’en sortir. J’enjambai les escaliers menant à ma chambre d’hôtel. J’entendis un sifflement sec dans un coin sombre. Il faisait noir dans le couloir. J’étais crevé comme un docker d’Abidjan. Je ne comprenais pas pourquoi j’allais aussi mal. Pis, je n’arrivais pas à localiser l’origine du mal encore moins où le bât blesse… Je pataugeais dans mes réflexions saugrenues. Brusquement, un grand fracas ébranla le couloir. J’eus le reflexe d’actionner l’interrupteur afin d’éclairer l’environnement. Je pressai le pas. Je fus stupéfait à la vue de l’ancien président David Dacko qui était par terre et le visage en sang, tandis qu’un homme presque de son âge s’acharnait sur lui à coups de pied et de jurons déshonorants. Le premier président de la République centrafricaine dite indépendante n’essayait guère de se défendre, ni de se relever encore moins de s’enfuir. L’ancien président gémissait, les bras obstinément autour du crâne pour se protéger des coups de pied. Son agresseur, allure de play-boy, chevelure grisonnante, s’agitait dans sa veste impeccable. Je ne le reconnaissais pas de dos. Ce qui m’obligea à le contourner. Grande fut ma surprise en découvrant que l’agresseur n’était autre que celui qui se définissait comme étant un résistant anticolonialiste, démocrate et militant panafricaniste, l’ancien Premier ministre centrafricain Abel Goumba.  Ce dernier continuait toujours à administrer des coups de pied secs à sa victime. Il était hystérique et ne s’en cachait pas. Son acharnement et ses malédictions semblaient être l’expression de la rancœur.

 

- Sale traître ! Aussi bien incompétent que corrompu jusqu’à la moelle épinière ! Opportuniste fieffé ! maugréait Abel Goumba en dandinant…

 

Le professeur Abel Goumba reprit la parole et expliqua longuement qu’après le décès accidentel du fondateur de la République Centrafricaine, Barthélémy Boganda, le pays s’est retrouvé dans le filet du néocolonialisme, décidé à exploiter systématiquement toutes les faiblesses locales pour placer ses hommes de main à la tête des États africains à la place de ceux, valables mais jugés dangereux pour ses intérêts. Il disait avec la force des arguments qu’en ce qui concernait le Centrafrique de l’après Boganda, se fut entre autres l’inexistence d’une pseudo élite administrative, parlementaire, situationniste et arriviste, attachée obstinément à ses privilèges, incapable de s’organiser pour résister aux pressions, dénoncer les abus, la corruption susceptibles de compromettre le progrès et l’avenir du pays, par son inconscience nationale ainsi que l’indifférence, l’apathie d’une population superstitieuse comme ses dirigeants, quasi primitive, ignorante et crédule, encore sous le traumatisme de la période coloniale, dans une ville comme Bangui où, malgré la majesté du décor, 60.000 figurants inertes, les scènes de la vie politique se jouent entre quelques personnages qui se voient tous les jours, alternativement amis ou ennemis intimes, dans un pays où la popularité d’une personnalité politique est souvent fondée sur une foule d’éléments sans aucun rapport avec le raisonnement politique ou les doctrines sociales. C’est un pays où les candidats à toutes les fonctions électives et publiques sont mus par l’ambition, dépourvus de scrupules idéologiques, mais fascinés par l’odeur alléchante du fromage parlementaire ou les situations lucratives…

 

Comme à chaque fois que j’erre ici, au bord de la Loire, guettant la disparition du soleil, le regard rivé à l’horizon qui, en cette fin d’après-midi se prenait pour un tableau de Maître, je fus soudain envahi par un étrange sentiment de culpabilité. Tandis que je cherchais à oublier le monde qui m’entourait, la clameur des rues, les bruits de scooters de ces garnements jouant les casse-cou tout en empestant l’air de tout le quartier Malakoff, à Nantes, me revenaient en mémoire les images d’horreur des derniers reportages que j’avais vus à la télé, et qui m’avaient incité à marcher au bord de ce fleuve, comme si j’attendais de lui, la clé des énigmes auxquelles j’étais confronté. Aujourd’hui, je ne puis m’empêcher de lui adresser la parole, afin de l’interroger sur l’existence du Centrafrique, ce beau pays auquel un homme a imposé, depuis mars 2003, un modèle de société basé sur la brutalité, l’injustice et l’inégalité, en totale « rupture » avec nos coutumes ancestrales. Celui qui dirige le Centrafrique depuis ces huit dernières années, n’est qu’un jouisseur. Il a trahi nos compatriotes qui ont commis l’erreur de prêter attention à sa logomachie et au prétexte ayant servi d’alibi à son coup d’État. À peine installé dans le fauteuil présidentiel, ce fut aux siens que, toutes affaires cessantes, il tint à rendre hommage, et ce contrairement à la tradition républicaine selon laquelle la reconnaissance des places de chacun se fait en fonction du mérite propre, et non en fonction du milieu ou du nom que l’on porte. Sa République à lui est celle du népotisme et du piston tous azimuts. Au lieu de s’occuper de l’intérêt général, l’homme qui est à la tête du pays s’est employé et s’emploie toujours à caser ses proches à des postes « juteux ». Nous y reviendrons ! Cet homme a pris goût à l’affairisme, et ne voit pas plus loin que la prochaine occasion de s’en mettre plein les poches. Avec lui, plus rien n’est contrôlé, ni contrôlable. Il a délibérément choisi de ne pas endosser le costume consensuel du Père de la Nation, mais plutôt celui du défenseur des intérêts bassement égoïstes et moralement reprochables de son clan familial. À la différence de ses prédécesseurs qui « habitèrent la fonction », il cultive en permanence une logique fondée sur le défi et n’hésite pas à injurier ses compatriotes, généralement en public. Il nous a réduits, nous Centrafricains, à l’état de consommateurs, de simples clients. Ainsi, finie l’école de la République, oublié l’hôpital : en résumé, l’ensemble du service public a été sacrifié sur l’autel des intérêts privés. Autant dire qu’il a privatisé la République…

 

…vient la question du non-respect des Lois et Règlements de la République. Lorsque la Constitution, loi fondamentale d’un pays, est foulée au pied par ceux-là même qui prétendent en tirer le fondement légal de leur pouvoir, la République est déréglée, et, conséquence logique, se transforme en une vaste jungle où la loi du plus fort est toujours la meilleure. Autrement dit, bien que le plus fort n’apparaisse pas forcément comme le plus intelligent, il s’impose en conquérant et en dominateur. Dans un système détraqué depuis le sommet, le petit peuple devient une proie facile, victime quotidienne et systématique de graves manquements. Il s’agit, en l’occurrence, de la situation actuelle du Centrafrique, où Bozizé se ferme à l’idée d’une gestion orthodoxe des richesses du pays. Il refuse catégoriquement que les revenus tirés de l’exploitation de ces richesses soient gérés dans la transparence et contribuent au mieux-être du peuple centrafricain. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’est d’office octroyé un droit de préemption sur toutes les richesses du pays. Comble de désinvolture, Bozizé a détourné l’Armée nationale de sa mission première qui est celle de protéger le citoyen et de défendre partout, envers et contre tout, l’intégrité du territoire national. Il s’est plutôt employé à transformer l’Armée nationale en une unité de protection de ses égoïstes privilèges, spécialisée dans la réalisation de ses basses besognes. Aujourd’hui, il ne se passe pas un jour sans que la grande muette, creuset de l’unité du pays, ne tire sur la population, allant même jusqu’à carrément s’emparer de ses biens. Cette armée indisciplinée, clochardisée, se fait fort d’écraser sous ses bottes le peuple qu’elle est censée protéger (journalistes embastillés, villages incendiés, populations poussées à l’exil), parce que le respect des droits humains sonne aux oreilles de Bozizé comme de la subversion, comme un complot permanent. Ce n’est point exagérer que de signaler que Bozizé considère la Constitution de notre pays comme un simple chiffon de papier, dont il viole quasi quotidiennement les dispositions…

 

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