Mission du gouvernement de transition
En Centrafrique, on ne peut pas parler de vie politique interne, mais plutôt de gestion pifométrique du pouvoir. Loin du peuple, entre deux élections, il y a d’une part une majorité triomphaliste et de l’autre, une opposition réduite à la résignation. Tout se résume à cela. Pour le reste, le peuple n’est pas informé, éduqué, conscientisé, responsabilisé et n’a aucun droit si ce n’est que des obligations. Cela fait près de 10 ans que cet inacceptable heurte progressivement notre conscience. Nonobstant les « règles de l'Union africaine par rapport au changement de régime », un chef d’État qui triche pour se maintenir au pouvoir doit être renvoyé. Cela s’appelle un bon coup d’État. Le professeur Laurent Bado de l’Université de Ouagadougou définit un bon coup d’Etat comme étant un coup de force contre un chef d’Etat qui gère les ressources de son pays de façon patrimoniale. Cela fait près de 10 ans que Bozizé, son clan et leurs amis gèrent nos ressources de façon patrimoniale. Des gens dont les parents étaient pauvres, les grands parents misérables qui sont aujourd’hui des milliardaires. Pendant ce temps, le pays se meurt.
L’action de SELEKA est salutaire et un très bon coup d’Etat qui va permettre une démocratie réelle. Elle va permettre qu’il y ait de vraies élections et l’exercice du pouvoir dans l’intérêt supérieur de la Nation. Il est donc clair que le gouvernement de transition s’attèlera à la préparation de vraies élections libres, transparentes et crédibles en 2016/2017 sans toutefois, oublier ou repousser continuellement les graves et inacceptables problèmes de pénurie chronique d’eau potable et de délestage sauvage souvent discriminatoires. Il y a aussi la situation criarde de malnutrition. Bref, la misère résultant de la gestion chaotique et clanique de Bozizé et compagnie.
Profil du candidat idéal
Avec SELEKA ou KNK à la présidence de la République, le Premier ministre de la transition doit forcément être un nouveau venu bien assis qui ne cherchera à s’accrocher à ce poste strictement temporaire, transitoire. Laissez-moi insister. Peu importe qui de Michel Am Nondroko Djotodia ou François Bozizé Yangouvonda assurera la présidence transitoire de la République centrafricaine pendant les 3 prochaines années, son Premier ministre, chef du Gouvernement de la transition devra être un sang neuf qui n’est associé ni de près ni de loin aux différents régimes qui se suivent et se ressemblent depuis 1979. Plus de losers! Le pays a besoin d’un Honnête homme au sens de Nicolas Faret mais pour servir le peuple centrafricain qui, à mon avis, n’a connu que mépris. Les défis et la définition de tâches requièrent que le candidat sache quelque chose de tout que de savoir tout d’une chose. Montaigne dirait que le candidat doit avoir la tête bien faite que bien pleine. Le pays a impérativement besoin d’un Premier ministre intransigeant sur le respect de la feuille de route de trois ans, intransigeant sur la séparation des pouvoirs et l’application des textes, résolutions et recommandations relatifs à sa mission bien limitée dans le temps au risque de rendre son tablier. Ce fils ou cette fille du pays doit aussi être un fédérateur, un conciliateur qui puisse rassembler les Centrafricains en cette période où l’unité nationale est mise à rudes épreuves. Le but n’est pas de dominer ou d’humilier l’une ou l’autre des parties. On doit à tout prix éviter le triomphalisme d’un côté et de l’autre, la résignation. Nous sommes, tous les quatre millions d’âme, appelés à apporter chacun notre contribution à la construction de notre Nation; mais lorsque nous venons d’échouer, il vaut mieux faire la place à d’autres pour le bonheur de tous.
La diaspora centrafricaine, une mine d’or
Cet oiseau rare porteur de notre salut pourrait être dans un nid centrafricain à l’étranger, dans la diaspora. La diaspora centrafricaine, par définition, est la dispersion de Centrafricains et Centrafricaines à travers le monde. Il y a une diaspora centrafricaine au Cameroun, une diaspora centrafricaine au Sénégal, une diaspora centrafricaine en France, une diaspora centrafricaine aux États-Unis d’Amérique, etc., etc. La diaspora centrafricaine n’est pas uniquement la dispersion de Centrafricains et Centrafricaines à Lyon, Paris, Angers, etc. Celle-là s’appelle la diaspora centrafricaine en France justement. La Centrafrique regorge de cadres très compétents qui enseignent dans des universités occidentales, opèrent dans les hôpitaux français, construisent des routes et ouvrages d’art en Europe et en Afrique. Il est temps d’appeler ces fils et filles de Centrafrique au chevet de la Nation qui se meurt inexorablement. Nous avons grandi avec le patriotisme dans le sang. La récente histoire de l’émigration centrafricaine est là pour en témoigner.
Pourquoi le chef de Gouvernement de la transition doit être un sang neuf?
Il est temps sinon impératif que nous montrions aux yeux du monde que la présidence de Bozizé est une erreur de l’histoire que certains compatriotes animés de perfidie ont, à leur temps, cautionnée. Ignorant le dicton chinois, « Quand on dîne avec le diable il faut se munir d’une longue cuillère », nous avions poussé la naïveté jusqu’à qualifier de sursaut patriotique (sans blagues !) la médisance qui nous tomba dessus ce 15 mars 2003. Choisir un Premier ministre de la transition parmi les noms que l’on cite çà et là à Bangui, depuis le 6 mai 2012, c’est rien comprendre à la misère du peuple centrafricain, c’est condamner la RCA au rocher de Sisyphe. Je ne plébiscite personne; surtout pas Gaston Nguérékata qui manque d’intégrité en se bombardant, sans se douter que quelqu’un à Bangui visiterait le site de Morgan State University, le titre de Doyen Associé (Associate Dean) alors que l’on découvre à ce lien :
http://www.morgan.edu/school_of_computer_mathematical_and_natural_sciences/directory/office_of_the_dean.html qu’il est, à l’heure actuelle, Adjoint au Doyen (Assistant Dean) de la faculté de mathématiques et sciences naturelles chargé des études de premier cycle en mathématiques. Qu’on ne vienne pas me dire que « Associé/Associate » est équivalent à « Adjoint/Assistant »! Il me semble que si un dirigeant doit avoir une qualité, ce serait l’intégrité c’est-à-dire la qualité d’être au-dessus de la malhonnêteté.
Il n’est jamais trop tard pour mieux faire. Profitons de ce clin d’œil divin pour corriger, tant que faire se peut, les erreurs de ces 10 années de rendez-vous manqués s’il est vrai que la chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés (Louis Pasteur). Ne laissons pas un abîme attirer un autre abîme.