
(Mutations 18/11/2009)
Les mutations récurrentes à la Bourse des valeurs mobilières d'Afrique centrale sont considérées comme un handicap à son décollage.
Réuni à Douala le jeudi 29 octobre 2009 en marge de l'atelier régional sur " le développement du marché financier de la Cemac", le collège de la Commission de surveillance du marché financier d'Afrique centrale (Cosumaf) a décidé de maintenir la suspension du Directeur général de la Bourse des valeurs mobilières d'Afrique centrale (Bvmac), Willy Ontsia. Le collège a accepté, dans la forme, la requête introduite le 29 septembre dernier (en vertu de l'article 14 du règlement général de la Cosumaf) par le conseil d'administration de la Bvmac (conseil présidé par Jean Claude Oyima, par ailleurs Administrateur directeur général de Bgfi Bank, le premier groupe bancaire de la zone Cemac), mais l'a rejetée, dans le fond, estimant qu'il n'y a pas eu de nouveaux éléments versés au dossier. En attendant donc la désignation d'un nouveau Directeur général à la tête de la Bvmac, le conseil d'administration a nommé Monsieur Claude Ayo Igueda comme administrateur délégué.
Willy Ontsia avait été suspendu suite à un incident survenu lors d'un contrôle à la Bvmac des inspecteurs de la Cosumaf. Le Directeur général aujourd'hui
suspendu avait alors, selon les termes d'un communiqué rendu public par la Cosumaf, porté atteinte à l'intégrité physique du chef de cette mission. Avec le maintien de cette suspension et donc la
mise à l'écart de façon définitive de Willy Ontsia, la Bourse régionale des valeurs mobilières d'Afrique centrale connaît ainsi son quatrième
dirigeant, en moins de dix ans d'existence. Avant le Gabonais Willy Ontsia, deux Centrafricains ont dirigé la Bourse avec plus ou moins de
bonheur.
Ce furent, d'abord, Marlyn Moulliom et, ensuite, Yvon Psimhis. A la direction générale de la Bvmac à
Libreville, l'on soutient que le choix des tout premiers dirigeants de la bourse n'a pas tenu compte des compétences, mais plutôt des arrangements entre les Etats.
L'arrivée de Willy Ontsia avait alors sonné comme une avancée. Mais hélas ! Mais les changements récurrents qui surviennent à la tête de cette bourse
sont diversement appréciés par les observateurs des questions boursières.
De sources introduites à la Cosumaf, par exemple, soutiennent que l'exploitation de l'entreprise continue normalement puisque les postes, en dehors du celui du Directeur général, sont techniques et occupés par des techniciens avérés. Le fonctionnement n'est donc pas affecté. " Les postes élevés comme ceux de Directeur général sont essentiellement précaires ", soutient un chef d'entreprise basé à Douala. Qui explique par exemple qu'au sein de la plupart des multinationales, les directeurs partent avec des accords de deux à trois ans, renouvelables. "Mais le charisme d'un Directeur général est un élément de crédibilité de la place boursière", explique ce dirigeant qui a requis l'anonymat.
Dans le cas d'une bourse, bien que le poste soit soumis aux mêmes contraintes d'une multinationale, c'est-à-dire le changement permanent à ce poste, le problème le plus important peut venir de l'hésitation de certains émetteurs à venir en bourse du fait de l'image que renvoient ces changements répétitifs, parfois occasionnés par des dérapages qui ne sont pas propres à rassurer de potentiels client du marché financier.
Lazare Kolyang
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