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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 23:20

 

 

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Bozizé et son parti le KNK sont avertis : le Pr Gaston Mandata Nguérékata avoue travailler pour "constituer l'alternative" à leur calamiteux pouvoir. On ne peut être plus clair. C'est la substance de l'interview que le Pr Nguérékata qui a brièvement séjourné récemment à Paris, a accordée à notre confrère du Journal de Bangui et qu'il n'a pas vu d'inconvénient bien au contraire, que C.A.P puisse la reprendre dans ses colonnes pour lui donner plus d'écho.

 

Rédaction C.A.P 

  

 

Bonjour Professeur. Pouvez-vous nous dire les raisons de votre séjour français ?

Pr Nguérékata : Bonjour Mme. Je travaille en ce moment à la constitution d’une alternative à François Bozizé et le KNK. Et comme Paris est sur la route qui mène de Baltimore à Bangui, j’y ai fait escale pour rencontrer les Centrafricains, les amis de la RCA et discuter avec les autorités Françaises et Européennes de l’actualité de notre pays, de la sous-région ainsi que celle du monde.

Question : En votre qualité d’ancien ministre de la recherche scientifique et Recteur d’Université, quel sentiment avez-vous sur l’issue de la grève des enseignants du supérieur et des étudiants ?

Pr Nguérékata  : Que du temps, énormément de temps ont été perdu et c’est la principale caractéristique du régime KNK. Voyez-vous, aujourd’hui le Choléra se propage en Centrafrique alors que cela fait plusieurs semaines qu’il était signalé à nos portes. Hier c’était des factions rebelles qui se battaient à Bria et ils ont pris plusieurs jours pour venir nous dire qu’ils n’avaient rien à voir dans ce qui s’est passé à Bria. La crise de l’energie dure depuis plusieurs années mais nous avons eu le même ministre pendant près de 7 ans. Il en est de même pour la crise sécuritaire qui s’est amplifiée depuis 2006 mais nous avons le même ministre de la défense. Un ministre des Finances qui ne peut voyager aux Etats-Unis où se trouvent les sièges des Institutions de Bretton Woods et celui-ci se pavane en ministre de consommation locale et l’on cherche en vain à percevoir la réaction du Président, du Premier Ministre ainsi que celle du KNK. C’est l’autisme dans son expression la plus solennelle.

Les enseignants et les étudiants étaient dans leurs droits et le pouvoir a engagé un bras de fer inutile. Du temps perdu pour ce pays qui n’en avait pas besoin : quel gâchis !

Le gouvernement a reconnu la légitimé de la grève pour rien. Le Pr Bobossi a été révoqué pour rien. Une tentative de sabordage de l’Aneca et du Synaes pour rien. La reprise des cours à l’université même si elle éloigne le danger d’une année blanche qui menaçait celle-ci ne résout pas le problème. En effet, je crois qu’au mois d’avril de l’année prochaine, les enseignants feront encore une autre grève pour exiger que ce gouvernement tienne ses promesses. Ce sera encore un autre gâchis.

Question : Il y a six mois le Général-Président François Bozizé Yangouvonda prêtait serment. Quelle lecture faites-vous  de ce  début de quinquennat ?

Pr Nguérékata  : J’attends toujours de voir le début du quinquennat en question pour apprécier. En effet la comédie du 15 mars 2011 ne constitue pas un point de référence puisque rien n’a changé depuis lors et que toutes les crises précédant cette date ont connu des évolutions qui nous font craindre le pire pour les temps à venir car nous nous approchons inéluctablement du moment où elles atteindront leurs paroxysmes.

Question : Et votre analyse du comportement des partis politiques d’opposition ?

Pr Nguérékata  : Un seul mot : déception.

D’abord pour les dernières élections, oui il y a déception car contrairement à certains, je pense qu’il n’était pas utile de participer à celles-ci pour prouver la mauvaise foi de François Bozizé et du KNK puisque les éléments l’attestant foisonnaient avant le début des opérations électorales. Déception de ce que les égos, les calculs et parfois l’amateurisme aient empêché ceux-ci de créer la dynamique de la victoire pour permettre à la RCA et aux Centrafricains d’échapper à cinq nouvelles années de Bozizisme.

Ensuite pour la période post-électorale, il y a aussi déception car en réalité le jusqu’auboutisme de l’annulation et de la reprise des élections est une stratégie qui use et l’idée même d’accepter que seules les législatives soient reprises est un parjure politique et moral que nos enfants, nos petits-enfants ainsi que les Centrafricains d’aujourd’hui ne nous pardonneront pas.

Enfin la méthode. Lorsqu’on aperçoit l’animation de l’opposition, on croit être revenu au début des années 90. Ce sont les mêmes méthodes et le même discours qui président aux destinées de la majorité de ses partis avec les mêmes conséquences que nous connaissons c’est-à-dire une descente progressive et continue de la RCA au fond du gouffre. Il devient urgent pour ceux-ci de s’intégrer dans les temps présents pour ressembler à la société centrafricaine en changeant de logiciel et de personnel politique pour une société jeune, dynamique et inscrite dans le 21ème siècle.

Question : Finalement, où peut-on vous situer sur l’échiquier politique centrafricain ?

Pr Nguérékata  : Ma famille politique d’origine est le Rassemblement Démocratique Centrafricain. Je suis aussi membre du mouvement citoyen Fini Kodé. J’appartiens  à l’opposition légale, c’est-à-dire celle qui n’a pas pris les armes contre Bozizé et le KNK mais contre qui, certains envoient des tontons-macoutes, usent d’intimidation, espionnent et brutalisent.

Mais au regard de la situation que traverse actuellement notre pays, des crises qu’il a connues ainsi que de sa démographie qui a beaucoup évolué ces dernières décennies, il faut procéder à la mise en place d’une force qui dépasse les cadres partisans pour fusionner toutes les intelligences afin de travailler au redressement du Centrafrique,  car je suis conscient que c’est l’unique possibilité pour assurer la rupture. Ainsi, l’offre politique que je formule en ce moment dépasse les cadres de ma famille politique originelle et intègre toutes les forces positives de la RCA. J’appartiens à la famille politique de ceux qui s’opposent à la République du KNK ainsi qu’à ses méthodes qui font la régression quotidienne de notre pays et de l’Afrique Centrale.

Question : Mais la République Centrafricaine vient à peine de sortir de sa dernière période électorale, êtes-vous en train de nous annoncer votre candidature aux élections présidentielles de 2016 ?

Pr Nguérékata  : 2016 est à la fois si loin et si proche de nous. Il n’est pas une obsession et une fin en soi car nous ne savons pas de quoi le lendemain sera fait. Par contre nous savons de quoi le présent est fait. Il est fait de chaos, de désolation, de famine, de clanisme, d’affairisme, de brutalité, d’impunité.  Le présent ? C’est encore  un pays qui est devenu une caricature de République  aux institutions  euthanasiées, au chômage endémique et aux problèmes environnementaux, scolaires, universitaires et sanitaires aigües.  Le présent, c’est enfin un état privatisé au bénéfice d’un clan à l’intérieur duquel prospèrent toutes les violations qui existent sous le soleil.

Pour le moment, je travaille à réaliser le plus grand rassemblement possible des Centrafricains afin de créer la dynamique du changement et trouver les solutions aux différents problèmes qui constituent les défis que doivent relever les fils et les filles de la RCA d’aujourd’hui et de demain. Et si ce travail devra m’emmener en 2016 à me présenter devant mes compatriotes, croyez-moi, ma détermination n’aura jamais été aussi grande qu’elle ne l’est aujourd’hui.

 

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