AFRICA ENERGY INTELLIGENCE N° 67029/02/2012
Tout en discrétion, la société d'Etat chinoise CNPC travaille sur une partie du bloc autrefois opéré par l'Américain Jack Grynberg dans une zone sous haute tension.
La China National Petroleum Co. (CNPC) vient de reprendre la prospection pétrolière à Boromata, dans le nord-est de la Centrafrique. Elle avait dû interrompre ses activités en avril, au début de la saison des pluies. L'octroi de ce permis à CNPC n'a jamais été officiellement annoncé.
Cette prospection s’effectue sur une partie du permis concédé par le gouvernement d’Ange Patasséà la compagnie RSM de l'Américain Jack Grynberg en 1999. L'expiration du contrat en 2004 a été officiellement confirmée par le Centre international pour le règlement des différends relatifs à l'investissement (Cirdi) dans un jugement du 7 décembre 2010. Jack Grynberg avait invoqué la disposition juridique de force majeure pour arrêter de travailler, en raison d’attaques rebelles dans le secteur. Il avait ensuite poursuivi Bangui pour lui avoir retiré les droits sur le permis. Fin 2010, la Centrafrique a officiellement découpé plusieurs blocs avec les rendus de RSM ; CNPC a pris alors la partie la plus prospective. Cependant, les discussions avec les Chinois ont commencé bien avant la confirmation de la position de la Centrafrique par le Cirdi, soit dès le deuxième semestre 2010. Le président François Bozizé avait tout intérêt à signer le maximum de contrats avant l'élection présidentielle de janvier 2011, où il a triomphalement été réélu avec 66% des voix.
La CNPC mène actuellement des travaux sismiques, grâce à du personnel chinois mais aussi à des techniciens soudanais salariés de la Greater Nile Petroleum Operating Co. (GNPOC), opérant au Soudan et au Soudan du Sud voisins. CNPC est actionnaire de ce consortium à 40%, aux côtés de Petronas(30%), ONGC Videsh (25%) et de la compagnie d’Etat soudanaise Sudapet(5%).
La prospection de CNPC se fait sous la protection des Forces armées centrafricaines (FACA) et de l’armée tchadienne, bien mieux équipée et entraînée. Cette dernière a lancé en janvier une offensive dans la région pour traquer les rebelles du Front populaire pour le redressement (FPR) du leader tchadien Baba Laddé.