Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Sommaire

  • : centrafrique-presse
  • : informations générales sur la république centrafricaine et l'Afrique centrale
  • Contact

Recherche

Liens

9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 01:09

 

 

 

Blandin-Songuel.JPG

 

 

 

Monsieur le Premier ministre, la Communauté des Chefs d’Etat de la CEEAC, l’opposition démocratique centrafricaine et la constellation SELEKA viennent unanimement, à travers les récents Accords de paix de Libreville, de vous plébisciter et vous offrir un cadeau impérial que n’ont jamais bénéficié vos prédécesseurs : la confiance de diriger un gouvernement d’union nationale inamovible dans un délai de douze mois, avec une possibilité de reconduction. Profitez-en donc et faites-en bon usage pour qu’au terme de cette transition, vous méritiez la grande confiance placée en vous par tous; car d’une confiance, même folle qu’elle soit au début, peut transpirer au fil des jours la méfiance, et de la méfiance est censé germer la  défiance, source de déchéance et de cohabitation conflictuelle. Ainsi, nombre de vos prédécesseurs qui sont rentrés à la Primature par la grande porte et avec tous les honneurs sont malheureusement ressortis de là à travers le trou d’une aiguille, vomis et détestés par le peuple.


La confiance, c’est la pierre angulaire. Faute de l’avoir égarée, les Enock Dérant Lakouè, les Jean-Edouard Koyambounou, les Georges Anicet Dologuélé, les Martin Ziguélé, les Faustin Archange Touadéra, dont les gouvernements ont été sujets à de fréquentes crises socio-politico-militaires, ne gouttèrent qu’à la saveur aigre-doux d’une Primature vite écourtée pour les uns ou prorogée pour d’autres faute d’un successeur crédible et disponible. Tous ils ne quittèrent alors la Primature qu’aigris par des désillusions et étreint d’un sentiment amer d’échec cuisant.


Vous voilà donc aujourd’hui propulsé à votre tour à la vitesse d’un météorite au firmament de votre carrière politique –du moins pour l’instant- à occuper ce poste très convoité de Premier ministre, que votre imagination fertile soit-elle ne pouvait effleurer avant la date fatidique du 10 décembre 2012. Quelle providence !!! Et j’ose espérer que cette glorieuse et subite ascension ne vous fera pas pousser une seconde tête et vous donner l’illusion, Maitre Tiangaye, de vous substituer au Maitre de l’univers.


Diriger un gouvernement de transition limité dans la durée s’apparente de trop à une course de vitesse, à la montre. Pour tirer le meilleur profit, il suffit de suivre au pied de la lettre la recette des champions : la performance d’abord, la médaille après. Donc le plus déterminant dans cette épreuve c’est de bien la terminer, en dépit des circonstances importunes qui peuvent surgir et hypothéquer le départ de la course. C’est vous dire que de faux premiers pas peuvent vous être permis, une excuse vous être faite au début, par exemple pour votre actuel gouvernement de « marginalisation » nationale, antiféministe, dans lequel les femmes n’occupent que le 1/11 de son effectif. Je pense que ce premier grand faux pas, qui découle en effet de votre manque d’anticipation d’exiger au préalable de chaque entité représentée au sein du GUN la proposition d’un échantillon qualitatif des femmes, ne saura se reproduire ni faire école, si vous entendez ressortir de là par la grande porte.


Votre nouvelle responsabilité, Monsieur le Premier ministre, je tiens à vous le préciser, n’est plus celle d’un Maitre Tiangaye fervent défenseur des opprimés et Porte-parole de l’opposition démocratique, mais plutôt d’un Maitre Tiangaye maçon (à double titre d’ailleurs), désormais au pied du mur truelle en main. Et c’est tout le peuple qui vous observe, prenez dès aujourd’hui conscience, car c’est ce même peuple qui vous jugera bientôt au terme de l’actuelle transition.

 

Je prierai votre auguste personnalité de faire comprendre, à vous-même d’abord puis à chaque représentant des parties prenantes aux récents pourparlers de Libreville, qui sont désormais membres du GUN que vous avez l’insigne honneur de diriger, que l’acceptation collective par tous à Libreville de maintenir par Accords M. François Bozizé dans ses hautes fonctions de Président de la République centrafricaine, Chef de l’Etat, entrainait subséquemment la reconnaissance (du moins tacite) de la légitimité de ce dernier, en conformité aux dispositions en vigueur de notre actuelle constitution. Il m’apparait dès lors comme une exigence citoyenne de vous rappeler   ceci, à vous et au reste de votre gouvernement, qui a battu le record en rappel des tyrannosaures, que le président de la République jouit désormais toutes ses prérogatives de Chef de l’Etat jusqu’alors contestées et mérite par conséquent le respect que lui confèrent les attributs de sa haute fonction. Et je souligne entre parenthèses que cette requalification sonne conséquemment la fin du FARE, que votre constellation politique ferait mieux de décréter l’acte de décès, puisse de nouvelles législatives sont fixées en 2014.


Monsieur le Premier ministre, pour revenir à mes motivations, je vous exhorte solennellement à faire preuve de fermeté vis-à-vis de vos ministres et surtout vous employer en toute impartialité à transcender les clivages majorité/opposition/séléka/militaro-politique/société civile pour jouer pleinement le rôle de manager qui est le vôtre et tenir surtout la bride haute à tous ces fauves politiques qui se sont donnés rendez-vous au sein de l’actuel gouvernement, ces « leaders » en mal de gouverner qui risquent de transformer vos conseils des ministres en meeting politique.

Notoirement, quand un locataire s’offre une nouvelle maison comme dans votre présent cas, en première, il nettoie tout l’intérieur et s’efforce d’y disposer minutieusement des meubles convenants, puis de décorer le mur avec le plaisir que son génie plaira aux visiteurs, pas à lui seul et à ses proches... Malheureusement tous vos prédécesseurs, nos Premiers ministres de la 1ère à la 5ème République, n’ont fait tout juste que le contraire en songeant plus à eux et à leur parenté qu’au peuple. Les fortunes controversées des uns et spontanées des autres, ainsi que leur ministère transformé contre toute attente en loge parentale, sont d’éclatantes preuves qui trahissent honteusement la mal gouvernance et le tribalisme à fleur de peau qu’ils ont institué en système de gestion au sommet de l’Etat.


Pour garantir donc une transparence et néantiser l’impact de ce tribalisme ambulant, exigez à tous les membres de votre gouvernement de déclarer leur patrimoine, pour ne pas qu’au terme de cette courte transition, parce que nommés à la tête d’un Département, certains au sortir nous fassent pousser des buildings à travers Bangui comme des champignons. Suivez notre regard.


Pour finir, j’attirerai votre auguste attention et celle de tous ceux admis au sein du GUN que la République centrafricaine n’est pas un gâteau et moins encore une arène dans lequel devraient se disputer les seuls intérêts SELEKistes, FARistes ou KNKistes. Le peuple centrafricain a trop souffert ces dernières décennies d’une marginalisation entretenue à dessein par nos hommes politiques, ces acteurs de l’apocalypse centrafricaine dont la cupidité et la médiocrité ne sont plus à démontrer. J’ose espérer que le temps très attendu est enfin arrivé, monsieur le Premier ministre, pour que cette tradition bâtarde de maintenir indéfiniment le peuple centrafricain dans le dénuement et la misère s’arrête.


Monsieur le Premier ministre, voilà succinctement quelques suggestions et préoccupations formulées, que votre Excellence appréciera à leur juste valeur. A vous et à votre nouvelle équipe, je souhaite plein succès !

 

 

Journaliste-Ecrivain, Analyste au Haut Conseil de la Communication

Partager cet article
Repost0
Centrafrique-Presse.com - dans Opinion