(Le Point 22/10/2009)
Les
nombreux coups de force effectués sur le continent africain depuis 2000 ont mis à jour une nouvelle manière de conquérir le pouvoir par la force « légitimée » ensuite par l’organisation
d’élections dites « libres et transparentes ». Cette nouvelle approche de la conquête du pouvoir a désorienté puis dérouté les théoriciens et les observateurs de la vie
démocratique.
La communauté internationale après balbutiement finit par reconnaître les régimes issus de ces coups de force.
Ces « coups de forces démocratisées » (selon l’expression du spécialiste sénégalais Ndiawar Soumaré (1)) revêtent plusieurs formes.
Au Madagascar le coup de force de Marc Ravalomanana lors de son installation a revêtu le caractère populo militaire. Son successeur à la tête de l’Etat malgache, Andry Rajoelina a utilisé la même méthode pour le chasser du pouvoir.
Au Togo, Faure Eyadema a profité de
la mort de son père Gnassingbe Eyadema, autocrate proclamé, pour effectuer un triple coup d’état (militaire, constitutionnel puis électoral).
Après quelques tergiversations au niveau international, l’Union Européenne, les Etats-Unis, la Cedeao, l’Union Africaine ont toutes finies par reconnaître ce pouvoir « hérité » par la
force et légitimé par des « élections » contestées.
Au Gabon la situation est assez ressemblante avec le Togo, mais avec moins de morts, et des condamnations issues principalement des sociétés civiles à travers le monde dénonçant toutes un coup de force héréditaire.
En Mauritanie, le premier putsch qui a écarté Ould Taya puis installé par les urnes Sidi Ould Cheikh a été reconnu par la communauté internationale.
Le second putsch qui a écarté ce dernier et installé Mohamed Ould Abdel Aziz, a été d’abord condamné puis reconnu, après légitimation par des élections contestées au niveau interne, par la communauté internationale.
Si nous nous arrêtons sur ces quelques cas de coups de forces démocratisées, un constat saute aux yeux : l’impuissance de l’Union Africaine et de la communauté internationale face au processus d’installation de ces niveaux types de pouvoirs. Comment empêcher une passation héréditaire du pouvoir légitimé par les urnes ? Comment faire barrage au processus de légitimation d’un putschiste civil, militaire ou électoral ?
L’Union africaine semble désorientée, car si elle a pu intervenir militairement sur l’île d’Anjouan, pouvait-elle le faire en RDC, en Madagascar, au Togo, en Mauritanie, au Gabon ? Peut-elle le faire en Guinée, en Madagascar ?
En Tunisie, après son coup d’Etat médical du 7 novembre 1987, Zine El Abidine Ben Ali va être réélu pour la 5ème fois le 25 octobre prochain, après avoir exclu les candidats gênants par des lois temporaires.
Le dilemme est réel en Afrique et dans le monde et aucune solution ne semble pointer à l’horizon, sinon la sempiternelle condamnation, exclusion puis acceptation !
En guinée c’est ce même processus de condamnation, exclusion puis finalement acceptation qui est en cours. Comment empêcher la légitimation du coup de force de la junte dirigée par le soldat Dadis ? Tel est le dilemme de la Cedeao, de l’Union africaine, de l’Union européenne et des Etats-Unis !
James Black traduit de l’anglais par Marco Passerelle
(1) Directeur du Centre Stratégique Africain, Think Thank africain basé à Johannesburg il est économiste et juriste sénégalais
spécialiste des questions internationales.
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