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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 11:41

 

 

 

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Par Christophe Boisbouvier   RFI mercredi 26 décembre 2012

 

Les rebelles centrafricains de la Séléka se sont emparés de la ville de Kaga Bandoro mardi 25 décembre, à quelque 340 kilomètres au nord de Bangui. Désormais, ils font face aux unités tchadiennes déployées sur les deux axes qui mènent à la capitale, où siège le gouvernement président par le chef de l'Etat, François Bozizé. Réactions du ministre centrafricain de l'Administration du territoire, Josué Binoua.


RFI : Depuis quelques jours, l’armée tchadienne vient à votre rescousse. Quelque 200 hommes à Sibut et quelque 150 hommes à Bossangoa. Mais est-ce que ce n’est pas très inconfortable pour vous de devoir votre salut à une armée étrangère ?


Josué Binoua : Nous sommes dans une dynamique régionale. La Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) est une réalité. Dans les règlements intérieurs, un pays doit voler au secours de l’autre.


Selon plusieurs sources centrafricaines et internationales, les soldats tchadiens rackettent les populations civiles de Sibut et de Bossangoa. Quelle est votre réaction ?


Je n’ai pas de preuves. Mais si ces choses-là se passent, ça n’étonnera personne. Nous devons regretter qu’il y ait ce genre de problèmes avec la Séléka, et que des « dégâts collatéraux » puissent se produire en termes de racket ou de viol. C’est d’abord les rebelles de la Séléka qui le font, au vu et au su de tout le monde.


Je suis ministre de l’Administration du territoire. Aujourd’hui, mes préfets, mes sous-préfets, sont dans la brousse. Les rebelles de la Séléka ont saccagé toutes les municipalités. Il n’y a plus d’actes de naissance. Ils ont pris tous les matériels. C’est un génocide qui se prépare dans mon pays, et je fais appel à toute la communauté internationale pour voler à son secours.


Depuis plusieurs années, quelque 200 soldats français stationnent à l’aéroport de Bangui, au titre de la coopération militaire. Qu’est-ce que vous attendez d’eux ?


Nous attendons de la République française un secours ! Nous demandons à la communauté internationale, dont la France, naturellement, et au président Hollande en particulier, de voler au secours du peuple centrafricain.


A Bangui, l’état-major des FACAS (Forces armées centrafricaines) est conseillé notamment par quelques officiers français à la retraite, comme le général Pérez. Est-ce le signe que les officiers supérieurs centrafricains ne sont pas suffisamment expérimentés pour faire face à la menace rebelle ?


L’information selon laquelle c’est le général Pérez qui conseillerait les états-majors ne m’est pas parvenue ou n’a pas été rendue publique. Mais vous savez qu’il y a eu un divorce entre l’armée du pays et la population à cause des problèmes de mutinerie.


D’où la présence de ces conseillers militaires français ?


On a toujours eu des conseillers militaires français. Et il faudrait en avoir davantage pour renforcer les capacités de cette armée, qui est brave, mais qui souffre de tous ces problèmes.


José Binoua, êtes-vous prêt à signer un cessez-le-feu avec les rebelles ?


Le gouvernement est prêt, non seulement à signer un cessez-le-feu, mais à aller dialoguer avec les rebelles, avec l’opposition, pour l’avenir de notre pays.


Mais les rebelles refusent ce cessez-le-feu, car en échange vous leur demandez de se retirer sur leur position de départ.


Ce n’est pas nous qui demandons quoi que ce soit, c’est la décision de la CEEAC ! Lorsque nous étions à Ndjamena c’est ainsi que les chefs d’Etat ont décidé le dialogue éventuel à Libreville, avec cette condition-là. Le gouvernement centrafricain n’a posé aucune condition.


Ce qui veut dire que demain vous êtes prêt à proposer aux rebelles un cessez-le-feu, sans la condition d’un retrait sur leur position de départ ?


Les problèmes centrafricains actuels sont « managés » par le président Sassou Nguesso, qui est le président du comité de suivi, qui a été désigné à Ndjamena. C’est à lui de décider. Nous, nous ne ferons qu’appliquer la décision.


Mais comme vous êtes les premiers concernés, vous avez certainement un avis. Que conseillez-vous au président Sassou Nguesso ?


Nous conseillons au chef d’Etat trois choses. De constater le non-respect des décisions de CEEAC par la partie rebelle, de nous informer de leur position par rapport à ce non-respect et de nous aviser quant au dialogue à Libreville.


Voulez-vous dire que les accords de Ndjamena de vendredi 21 décembre sont déjà dépassés et qu’il faut refaire un sommet extraordinaire dans les jours qui viennent ?


L’évaluation de toute l’application des accords de Ndjamena va se faire vendredi à partir de minuit.


Ce ne sera pas déjà trop tard ?


Je ne le souhaite pas, pour l’intérêt de mon pays. Ce sont les chefs d’Etat qui ont décidé ce délai d’une semaine. C’est sûr qu’ils sont en train de s’y pencher. Nous sommes tous suspendus à leurs lèvres.


Si les rebelles réclament la mise en place d’un régime de transition, qu’est-ce que vous répondrez ?


Nous en discuterons. Tout ce qui va dans le sens de l’émergence de notre pays, aucun Centrafricain ne peut aller contre.


On prête au président Bozizé l’intention de vouloir se représenter à la prochaine élection présidentielle, malgré la Constitution actuelle qui l’en empêche. Si les rebelles vous demandent de ne pas toucher à cette Constitution, qu’est-ce que vous répondrez ?


Qu’aujourd’hui, ni le président de la République, ni son gouvernement, n’ont saisi l’Assemblée nationale pour une quelconque modification. Tout autre procédé relève d’un procès d’intention. Quelles sont les assises de monsieur Ndoutingaï et de tous ceux qui font partie de la Séléka ? Il est un dissident de l'Union des forces démocratiques pour le rassemblement, UFDR. Monsieur Dhaffane vient de créer un mouvement, ils n’ont qu’à le faire connaître, d’être, eux, candidats à l’élection présidentielle, et le peuple choisira !


Le porte-parole des rebelles, Eric Massi, est le fils de l’ancien opposant Charles Massi, que le Tchad a livré à la Centrafrique il y a trois ans. Depuis, il a disparu. Est-ce que vous ne craignez pas que le fils vous demande des comptes sur la mort de son père ?

Monsieur Massi, à ma connaissance, est porté disparu. Je ne sais pas qui l’a tué. Vous posez une question qui me dépasse. Mais enfin, nous ne pouvons pas bâtir notre pays avec un esprit de revanche.

 

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