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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 07:00

 

 

 

Bozizé dépassé

 

 

Avec sa mise en scène de la pièce de théâtre qu’il a fait jouer au Palais de la Renaissance jeudi dernier à Bangui, Bozizé a montré qu’il n’a toujours rien compris de ce à quoi il a momentanément échappé. Instrumentaliser entre autres des bouffons et malades mentaux comme Augustin Boukanga et Bengué Bossin pour une inadmissible opération de dénigrement et d’insultes contre celui-là même dont il devait signer quelques instants seulement après le décret officialisant sa nomination comme Premier Ministre est d’un ridicule dont seul Bozizé a le secret.


Ensuite on est encore plus atterré  vers la fin de cette séance de grand guignol, d’entendre Bozizé se permettre de mettre en garde le nouveau Premier Ministre contre l’idée de ne pas faire entrer au gouvernement des personnes qui viendraient uniquement pour se remplir les poches et non travailler dans l’intérêt du pays ! De tels avertissements, même sous forme de conseils gratuits de la part de quelqu’un qui depuis bientôt dix ans, a passé le plus clair de son temps à s’en mettre plein les poches, à piller et mettre à sac sans scrupule les maigres ressources du pays en plaçant ici et là ses parents, sa famille, ses amis et autres, ceux de son parti, au gouvernement, dans différents postes de l’appareil d’état, sont irrecevables.

 

Il y a effectivement quelque chose de très indécent et d’inadmissible dont Bozizé n’a manifestement pas la moindre conscience, à ce qu’il se permette de formuler publiquement quelques exigences concernant la taille du gouvernement d’union nationale de transition, le nombre des portefeuilles qui doivent obligatoirement revenir à sa prétendue majorité présidentielle et ce qui doit aller aux autres. Pour quelqu’un qui a lamentablement échoué dans quasiment tous les domaines de gestion du pays, Bozizé devrait bien être un peu plus modeste et bien se garder de revendiquer tel ou tel portefeuille au gouvernement.


Il s’est autoproclamé président du comité de trésorerie et a géré sans résultats probants les finances publiques depuis des années. A la fin, il a dû créer le tristement conseil spécial de contrôle et de gestion des sociétés d’état et offices publics afin de mieux mettre la main sur les fonds des entreprises. Il a placé son ami Guillaume Lapo qui a longtemps sévi à la direction générale du trésor pour mieux en piller les caisses. Avec son beau-frère Emmanuel Bizot qu’il a aussi imposé durablement comme ministre des finances, ils ont monté dans la plus grande opacité des opérations financières pour s’en mettre plein les poches et frauder aux élections comme la ténébreuse affaire du prêt indien ou encore le scandaleux contrat de douane privée parallèle avec la SODIF de son ami, le mercenaire corse Armand Ianarelli autre complice du dernier et également obligé ministre des finances Albert Besse.


Bozizé s’autorise encore à réclamer pour lui le ministère des finances pour continuer à piocher à sa guise dans les caisses de l’état pour acheter des armes, toujours des armes, on ne sait trop pour quoi faire, recruter les mercenaires étrangers pour sa guerre, payer ses systèmes de table d’écoute téléphonique, assurer la maintenance de son « Air Bézambé » et verser les salaires de l’équipage. Le profil du prochain ministre des finances sera un précieux indicateur de ce que compte réellement faire le Premier Ministre de son gouvernement. Il est clair que si à dieu ne plaise, Bozizé réussissait à conserver ce ministère et y nommer un de ses suppôts alors que l’action de ce département va être décisive pour le gouvernement, l’échec de celui-ci n’en sera que plus évident car l’appui des bailleurs de fonds fera naturellement défaut.


S’agissant du ministère des mines, la seule façon de mettre fin à l’inadmissible opacité avec laquelle Bozizé et Ndoutingaï ont géré à leur profit personnel ce ministère et de l’éloigner également d’une nouvelle mainmise. Après s’être immensément enrichi avec les dessous de table et autres bonus avec l’uranium de Bakouma, Bozizé rêve de faire jaillir le pétrole centrafricain pour refaire la même chose à une plus grande échelle. Il en est de même des mines d’or et de fer de Ndassima au sujet desquels il se pourlèche les babines. Il faut absolument le priver.  

 

Il feint d’oublier ce qui a failli lui arriver il y a quinze jours à peine. Il feint d’ignorer qu’il est en sursis, lui dont tout le monde a demandé le départ et la traduction à la Cour Pénale Internationale à Libreville. Il a visiblement déjà oublié les humiliations qu’on lui a infligées à Libreville, même de la part de certains de ses pairs, pour quelqu’un qui se dit chef d’état. Le voilà revenu à Bangui et tout de suite remis à ses manœuvres habituelles de roublardise et de manipulation dont presque tout le monde connaît maintenant le répertoire.


L’armée d’exclus de tout genre et surtout au sein de la classe politique, que son régime a fabriquée, guette les moindres rencontres avec lui au Palais pour lui venir lui cirer les pompes et lui quémander quelques miettes ou se faire remarquer comme potentiel ministrable en vue des prochains remaniements éventuels. En bientôt dix ans de pouvoir, Bozizé a réduit plusieurs compatriotes intellectuels et cadres du pays à niveau tel d’indigence et de misère qui a contraint certains à créer, soit des partis politiques généralement confinés à leur modeste personne et une poignée d’amis et de parents pour tenter d’exister, soit souvent en se rapprochant de la fameuse majorité présidentielle ou en se prostituant ou vendant son âme au KNK.


Cette désastreuse situation où pullulent des partis politiques inconsistants et pauvres en cadres compétents, rejaillit négativement sur le niveau des débats au sein de la classe politique nationale. A telle enseigne que lorsque l’on se retrouve comme maintenant dans la situation de devoir former un véritable gouvernement d’union nationale en tablant sur les états-majors des partis politiques aussi bien de la majorité dite présidentielle que de l’opposition appelée démocratique, de réelles difficultés existent pour trouver les meilleurs à envoyer au gouvernement.


Bozizé on se souvient, a insulté et dénigré gratuitement les Faca dans son message du 31 décembre 2012. Son catastrophique bilan avec son fils Francis au ministère et à l’état-major de la défense est d’une telle ampleur que cela disqualifie notre prétendu général d’armée dans ses prétentions à continuer à diriger ce département. A Libreville, le président tchadien aurait aussi enfoncé le clou pour l’en dissuader définitivement.  Il est évident que si ce portefeuille doit échoir à Séléka avec Michel Djotodia, une des premières mesures à prendre par celui-ci doit être de limoger le général d’opérette Jules Bernard Ouandé que Bozizé vient de mettre à la tête de l’état-major des Faca. Le minimum de cohérence voudrait également que le portefeuille de la sécurité publique revienne aussi à Séléka pour une plus grande efficacité. C’est donc à ce prix et à ces conditions qu’on commencera réellement à tourner progressivement la page Bozizé, en attendant de le voir définitivement débarrasser le plancher un de ces quatre matins, bien avant 2016 comme tout le monde le souhaite. Croisons les doigts… !


La rédaction 

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