Le parcours quasi parfait des Fauves de Bazoubangui lors des éliminatoires de la CAN 2013 vient de confirmer les potentialités hors norme des jeunes centrafricains. Si dans les pays dits « normaux » on vote un budget conséquent pour les activités sportives, on construit des stades ou des aires de jeux pour promouvoir les disciplines sportives, en Centrafrique le gouvernement a visiblement d'autres priorités.
Les téléspectateurs du monde entier qui ont assisté aux exploits des footballeurs centrafricains, les fanatiques du ballon rond qui ont été informés des victoires centrafricaines grâce aux médias et l'internet ne croiront pas s'ils étaient édifiés sur la situation des sportifs et des jeunes de ce pays.
Car avant d'arriver à Ouagadougou pour ce match décisif, les partisans du coachLoungoundji ont éliminé l'Égypte qui est de loin le pays le plus titré en Afrique en coupe des Nations.
Ces fauves sont tout simplement des miraculés vu les improvisations du gouvernement et la Fédération centrafricaine de football à l'approche des matches. On évoque souvent un problème de moyens pour justifier l'absence des matches amicaux.
On peut également parler de l'image dégradée du pays qui est en partie responsable du niveau des clubs dans lesquels évoluent les joueurs centrafricains qui mériteraient d'être dans des clubs huppés comme Barcelone, le Réal de Madrid ou l'Olympique de Marseille.
D'après une source en provenance de Ouagadougou le gouvernement et la Fédération centrafricaine de football sont les responsables de la défaite des Fauves.
La RCA était à 90 minutes d'une première qualification de la coupe d'Afrique des nations de football. Voilà un enjeu qui aurait pu pousser le gouvernement à proposer une manne importante aux joueurs pour les booster en cas de qualification. Son homologue Burkinabé réaliste a proposé 9millions de FCFA en cas de victoire des Étalons, ce qui les a d'ailleurs très motivés à se battre jusqu'à la dernière seconde.
Le staff de la fédération et du gouvernement qui a séjourné à Ouagadougou 10 jours avant le match n'ont pas su apprécier l'enjeu à sa juste valeur.
Ils se préoccupaient à boire à longueur de journée du vin et du Whisky chez la nommée Mimie ou bien faisaient du tourisme dans les belles rues et les avenues de ce pays qui est aussi enclavé que la Centrafrique.
Les responsables centrafricains n'ont même pas songé à rencontrer la fédération du Faso encore moins la communauté centrafricaine, très motivée et disponible pour l'organisation de ce match. Conséquences: Absence d'un terrain de choix pour l'entraînement du coup, les joueurs n'ont bénéficié que d'une heure d'entraînement en moyenne durant les deux premiers jours. A cela il faut ajouter le problème de sécurité et des bus qui n'ont pas été réglés en avance.
Faute de moyens conséquents ou par souci d'économies, les Fauves parcouraient tous les midis et les soirs 40km pour aller manger.
Le pire c'est que le célèbre restaurant chez Mimie où ils ont dîné durant le séjour ouagalais se trouve dans un quartier non loti et très populaire, un endroit où les conditions de sécurité et de salubrité ne sont pas garanties pour accueillir des joueurs déterminés à relever l'étendard de leur patrie.
On note aussi que le comité de soutien des fauves de Ouagadougou renforcés par environ 200 centrafricains venus du Bénin, Togo, du Ghana, ou du Sénégal pour participer à cette fête ont été abandonnés à leur triste sort.
C'est seulement le dimanche à midi à quelques heures du coup d'envoi qu'ils ont reçu une enveloppe de 150.000 F CFA (225eme) de la part du ministre en charge des Sports M. Serge Bokassa. Ce geste était tardif et insignifiant par rapport au budget prévu pour la circonstance.
Ce comité constitué en partie des étudiants et de quelques salariés n'a pas lésiné sur ses maigres moyens en imprimant les tee-shirts, en assurant l'achat des tickets d'entrée au stade ou en louant des bus pour les supporteurs.
En gros le gouvernement centrafricain n'a remis que 150,000FCFA au club des supporteurs même si on ne manque pas de signaler que ces derniers l'ont alerté sur les préparatifs de ce grand événement quelques semaines auparavant.
Autre élément à apporter au dossier pour éviter une prochaine défaite des Fauves, la proposition du professeur Gaston Mandata Nguerekata président du Conseil pour la Renaissance Centrafricaine.
Dans sa missive de remerciements aux Fauves, il propose la création d'un Fonds spécial de Soutien aux Compétitions Sportives Internationales (FSCSI).
Visionnaire, il propose que le gouvernement impose: une taxe spéciale aux entreprises de téléphonie mobile, un prélèvement d'un pourcentage sur les recettes issues des entrées dans les stades et enfin, une contribution des grosses fortunes ayant un revenu de plus d'un million par mois.
Ces fonds seront destinés au soutien des fauves et de leurs encadreurs pour préparer les rencontres internationales.
Prudent, il souhaite la mise en place d'un comité de gestion composé des personnalités qui maîtrisent le milieu sportif et dotées d'une probité avérée.
Une proposition de ce genre ne peut être que salutaire pour un pays qui a besoin de toutes les filles et de tous ses fils pour son développement.
Wilfried Maurice Sebiro