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20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 23:46

 

 

 

Saragba F

 

 

Audits ciblés, Gardes à vue ,  démission, brimades et sanctions en tout genre sont autant de mesures coercitives qui ont été mis en application ces derniers jours d’une manière plus ou moins inattendue à l’encontre de quelques hauts fonctionnaires, personnalités politiques atypiques réputées « proches » du pouvoir,  griots et autres fous du roi. Nul ne peut nier le caractère combien  salutaire et nécessaire de la démarche pour notre pays, tant l’environnement économique et social est pollué pour ne pas dire gangrené par la corruption, l’impunité, l’immoralité au point que l’air y est devenu irrespirable. La notion de la gestion de la chose publique n’a plus de sens d’autant plus que la communauté internationale jusque-là tolérante vis-à vis du régime s’est sentie flouée et abusée à plusieurs reprises. Désormais, elle a décidé de demander des comptes aux autorités centrafricaines.

Au-delà d’une démarche plutôt sensationnelle et rocambolesque qui est à l’image des principaux acteurs hauts en couleur, on peut se poser la question de la sincérité des mesures requises et de son efficacité. La récréation est-elle vraiment terminée ou s’agit-il simplement d’une diversion politicienne pour plaire  aux centrafricains et surtout à la communauté internationale  envers laquelle le régime espère encore recevoir d’une manière fortuite des aides financières.  À moins que le régime du général-président a décidé de mettre en place la stratégie du « sacrifice des seconds couteaux ». Gageons que cette fois-ci le baratin ne marchera pas. Il faudrait plus que des effets d’annonce pour convaincre. Unanimement, les centrafricains ont besoin de vrais coupables  pour de vraies sanctions et non de « faire-valoir » pour des simulacres de procès. La communauté internationale exige des explications avant de déverser des aides. Désormais, il faudrait aller jusqu’au bout de la logique en sacrifiant également quelques princes et grosses pointures de son régime qui sont aussi coupables. Si le risque de donner un coup fatal à son régime déjà agonisant demeure, il existe également celui de sortir par la grande porte en offrant aux centrafricains un autre visage. 

Le sacrifice des « seconds couteaux «  pour épargner les princes du pouvoir.

Face à l’obligation de rendre des comptes et à l’exigence de montrer des signes clairs et nets de bonne gouvernance  qui  lui sont imposées par la communauté internationale. Face à l’impatience de nos concitoyens qui n’attendaient plus grand-chose d’une récréation annoncée avec grand fracas par le général-président, tant le désordre, la corruption, l’impunité  semblaient ne plus s’arrêtés, le régime du général-président a cru bon d’adopter la stratégie du sacrifice des « seconds couteaux ». S’il est vrai qu’il n’est jamais trop tard pour mieux faire, il n’en demeure pas moins qu’un certain nombre d’interrogation en somme toute légitime demeure.

À peine des mesures de rétorsions sont prises  contre certaines personnes lourdement incriminées avec des preuves à l’appui que ces mêmes personnes continuent à occuper toujours leur fonction ou à vaguer tranquillement à leurs occupations quotidiennes comme si de rien n’était. Après avoir été placées en garde a vue pour la forme, elles sont aussitôt libérées et reviennent narguer les centrafricains médusés. Au point que nos concitoyens s’interrogent et doutent de la sincérité de la démarche. Ils  se demandent pourquoi n’avoir sifflé que maintenant cette fin de récréation qui a empoissonné la vie publique depuis pratiquement neuf longues années ? Pourquoi ne sanctionner que ceux-ci et pourquoi pas ceux-là ?  Pourquoi les audits ne se sont-ils pas généralisés à d’autres ministères, à la primature et à la présidence ?  Jusqu’où le général-président est-il prêt à aller pour assainir son régime et démontrer aux centrafricains et à la communauté internationale sa bonne foi ?  Au nom de quoi doit-on sacrifier quelques uns pour en sauver quelques autres. Doit-on continuellement sacrifier toujours ceux que l’on appelle dans le jargon populaire les « seconds couteaux » alors que les princes du pouvoir  qui sont les véritables fossoyeurs de notre pays demeurent épargnés ? En quoi ceux-ci sont-ils plus coupables que ceux-là dans le délabrement de notre pays ? En soustrayant frauduleusement de l’argent public, ils sont aussi coupables les uns que les autres. Ces personnes incriminées n’ont aucune excuse et doivent rendre des comptent, qu’elles soient princes du régime ou seconds couteaux. Que représentent alors les quelques millions de franc CFA qu’on leur a reproché d’avoir détourné en comparaison des 58 milliards de franc CFA qui manquent dans la caisse du trésor public selon le rapport du FMI ?  Et les 8 autres milliards de la CEMAC ?  etc…

Les raisons inavouées pour justifier la mise à l’écart des « second couteaux »

Le pillage organisé à grande échelle au préjudice du trésor public n’est que la conséquence d’une gestion planifiée et organisée par le régime.

Rappelons-nous qu’au lendemain de son accession au pouvoir et dans un enthousiasme euphorique et infantile, le nouveau président centrafricain a suggéré à ces compagnons « libérateurs » de profiter de la situation pour construire leur maison pour ceux qui ne l’ont pas encore fait sinon tant pis pour vous avait-il triomphalement claironné. Autrement dit : voler, piller, enrichissez-vous. Hélas ! Ces recommandations ne sont pas tombées dans les oreilles d’un sourd selon la formule consacrée. Dès lors, le mot d’ordre est lancé. Ce ne sera pendant pratiquement ces neufs années de  règne que : vol, corruption, impunité …

Par ailleurs, il ressort que la table ronde organisée récemment à Bruxelles s’est révélée être un échec malgré les tentatives confuses des autorités centrafricaines qui s’appuient sur des promesses pour en faire un succès. Doit-on établir un programme  politique sérieux d’un pays sur la base des promesses ? Pourtant, la réponse de monsieur Andris Piebalgs, membre de la Commission européenne au premier ministre centrafricain a été sans équivoque au sujet de cette table ronde selon laquelle son organisation était inopportune et que le  gouvernement centrafricain  n’a pas donné un signal fort, crédible qui permette de retrouver la stabilité afin d’offrir à tous les Centrafricains les perspectives d’un développement durable. Nous savons tous que de la réussite de cette table ronde dépendra de la suite des investissements et autres aides que pourraient bénéficier notre pays. Or, cela fût un échec.

Récemment, le dernier rapport du fond monétaire international (FMI) a  fait état de la disparition de 58 milliard de franc CFA dans les caisses du trésor public. Une preuve accablante pour le régime. Il est révélateur de la gravité de la situation que nous dénoncions alors et que certains compatriotes pensaient que nous étions de mauvaise foi et contre le développement de notre pays. En sachant que le président de la république est et reste à ce jour le seul ordonnateur et comptable des dépenses de l’état. Aussi, il nous semble que c’est à lui et à lui seul qu’il faudra demander des comptes.

Enfin, Les dernières campagnes électorales sont en parti révélatrices du gaspillage de l’argent public. Le candidat à l’élection présidentielle ainsi que les différents candidats du parti KNK  ont fait chacun une campagne électorale comme on en connait nulle part au monde, en tout cas dans un pays aussi pauvre que le nôtre. Ils ont acheté des véhicules neuves 4X4 , distribué des billets de banque qui sont flambants et neufs à tour de bras pour acheter les consciences… D’où vient cet argent  qu’ils n’ont pas gagné à la sueur de leur front, alors que nos  compatriotes meurent de faim, alors que nos concitoyens manquent  de l’eau potable, alors que l’électricité fait défaut et offre le pays à l’insécurité, alors que les hôpitaux manquent de médicaments et les médecins travaillent dans le dénuement total, alors que le retraités des forces armées centrafricaines n’ont pas encore été payé, alors que les étudiants manquent de tables et de chaises, alors que…

Indiscutablement l’heure du bilan et des comptes rendus a sonné, il faudrait aller jusqu’au bout de la logique car les centrafricains veulent les vrais coupables et non des « seconds couteaux » qui sont livrés à la vindicte populaire pour faire diversion et protéger les vrais fossoyeurs de notre pays. C’est à ce prix et seulement à ce prix-là que le véritable salut pour le régime viendra. 

 Franck SARAGBA

 

20/07/11

 

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