Bozizé sait-t-il que c’est par sa faute que tout ce qui arrive actuellement se produit. Sait-t-il que si nous en sommes arrivés là, il en porte une large sinon l’écrasante part de responsabilité. A cause de lui, beaucoup de compatriotes jettent aujourd’hui la pierre à l’opposition, en particulier à ses principaux leaders traités de tous les noms d’oiseau, essentiellement parce que ceux-ci n’ont jamais voulu mettre les gens dans la rue pour engager une épreuve de force qui pourrait très vite dégénérer en bain de sang avec le pouvoir dictatorial de Bozizé et meurtrir encore davantage des familles centrafricaines qui n’en ont plus besoin.
Jusqu’ici Bozizé croyait qu’il était plus malin que tout le monde dans la classe politique nationale et qu’il avait une capacité de roublardise hors pair. Il est vrai qu’il a roulé dans la farine tous ceux qui avaient misé sur lui en 2002 et 2003, notamment sa prétendue technicité militaire, pour pouvoir comploter et renverser le pouvoir d’Ange-Félix Patassé. En montrant par la suite son vrai visage et sa conception du pouvoir et sa manière de gérer les affaires du pays, beaucoup de ses anciens compagnons ont été ses victimes les uns après les autres au fur et à mesure des purges qu’il n’a cessé de réaliser.
A l’heure actuelle, il n’y a presque plus personne dans son cabinet présidentiel. Non seulement les différents membres ont progressivement baissé les bras sans ouvertement et formellement démissionner mais certains ont même quitté le pays sous divers prétextes et se trouvent présentement qui en France, qui en Belgique, laissant Bozizé seul à son triste sort. Il n’est quasiment plus entouré que des gourous de sa secte du christianisme céleste et de ses enfants dont certains comme Socrate, sont devenus ses conseillers de stratégie dans la gestion de la crise aigüe actuelle à laquelle ils sont tous confrontés et qui risque de les emporter.
Remontons au Dialogue Politique Inclusif de décembre 2008. Ce forum, quoique certains en disent, a été une réussite de par son caractère vraiment inclusif et le consensus qui s’était dégagé autour des nombreuses questions qui fâchent mais qui ont été assez bien surmontées collectivement. Le DPI s’est achevé avec une feuille de route qu’il fallait seulement dérouler. Même cela, Bozizé a été incapable de mettre en œuvre, pour l’importante part qui lui incombait. Force a été de constater qu’il lui manquait cruellement la volonté politique d’entrer dans l’histoire de notre pays par la grande porte en saisissant l’opportunité qui lui a été offerte de repartir d’un nouveau pied. Il a préféré se laisser prendre en otage par la bande de prédateurs et de nuls qui l’entourent en choisissant la continuité afin de mieux préparer sa réélection. Où sont aujourd’hui les Ngouandjika, Maléyombo, Ndoutingaï et autre Findiro ?
Résultat : Le pays qui ne se portait déjà pas bien a encore terriblement reculé. Tous les secteurs que le DPI a recensés et fortement demandé que des efforts de changement y soient apportés, se sont plutôt aggravés mais Bozizé et sa clique se berçaient toujours d’illusion qu’ils géraient bien le pays et que seuls des gens de mauvaise foi voyaient dans leur gestion de la mauvaise gouvernance. Puis arrivent les élections. Confronté à une grande impopularité, seule la tricherie et des fraudes massives pouvaient lui permettre de les gagner. Mais même voler intelligemment pour ne pas se faire piquer, Bozizé n’est pas capable de le faire. Avec le concours d’une nullité du genre, l’escroc et vrai faux pasteur qu’il a cru devoir s’attacher à cette fin, leur prétendue victoire électorale ne pouvait que déboucher sur une forte contestation et entraîner un blocage du pays en raison de leur forte volonté d’exclure tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec eux.
Si aujourd’hui, tout le monde demande à Bozizé de dissoudre l’assemblée nationale et le gouvernement issu de ces élections qui n’en étaient pas, ce n’est pas pour rien. C’est bien parce que tout le monde, y compris la communauté internationale et même ses pairs chefs d’état des pays voisins, ont bien pris conscience que Bozizé a fait un passage en force électoral consistant à barrer arbitrairement la route de l’assemblée nationale à l’opposition au profit de sa famille que c’est par là que les difficultés pour lui viendront. Nous y sommes à l’heure actuelle.
Bozizé a cru que c’est en distribuant en permanence des galons et étoiles de général aux militaires qu’il aura la paix et que personne ne le prendra à défaut par un coup d’état. Il se croit à présent obligé de couvrir les mêmes galonnés et étoilés d’insultes et d’humiliations comme si c’était la meilleure solution dans la crise où il se trouve. Il fait croire à certains naïfs de son parti que ce serait à cause des permis d’exploration du pétrole qu’il a octroyé aux Chinois que les Français lui en voudraient au point de chercher à le renverser, d’où le piteux spectacle que les suppôts de son parti donnent avec le recrutement de quelques jeunes pour déchirer publiquement le drapeau français par vengeance. Il n’en sera pas ainsi un héros national sauf s’il choisit de jeter l’éponge en quittant le pouvoir afin d’épargner au pays et surtout à la capitale, un bain de sang et des pillages inutiles comme cela fut déjà le cas au 15 mars 2005 où il prit le pouvoir.
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La rédaction