Bozizé et à ses côtés, Sylvain Ndoutingaï
Le président en sursis François Bozizé a reçu en audience au palais de la Renaissance ce samedi quelques personnalités telles que Mme Margaret Vogt, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations du Bureau Intégré des Nations Unies en Centrafrique (BINUCA), puis Mme la Représentante résidente de l’Union Africaine à Bangui et Mgr Dieudonné Nzapalainga Archevêque de Bangui.
François Bozizé a dû sans doute aborder avec ses interlocuteurs la grave crise que vit actuellement le pays avec une rébellion arrivée aux portes de la capitale et qui menace d’y faire son entrée pour le chasser de force du pouvoir. La venue à Bangui ce dimanche du président en exercice de l’Union Africaine le président du Bénin Thomas Yayi Boni ne pouvait pas non plus être laissée de côté bien au contraire.
Déjà plusieurs observateurs se répandent en conjecture sur l’objet de l’entretien en Yayi et Bozizé qui doit avoir lieu d’aucun se risquant même à penser que le président viendrait pour proposer à Bozizé des conditions de sortie honorable de la scène auquel cas il pourrait embarquer dans l’avion du président béninois avec sa marmaille et ses proches pour l’exil. C’est dans le cas où il s’entêterait à s’agripper au pouvoir que tout pourrait arriver. Les hommes de Seleka entreront dans la capitale pour tenter de le capturer et un carnage serait à redouter. Dans ces conditions les discussions de Libreville sont dès lors sans objet.
Il est évident qu’après le discours incendiaire de xénophobie et de haine délivré avant-hier par Bozizé juché sur une estrade place de la République du PK 0, même le dernier carré de chefs d’état qui pouvaient encore soutenir Bozizé l’ont lâché, selon nos informations. Dans ce discours de haine où Bozizé feignait de jouer au grand nationaliste, certains chefs d’état des pays voisins se sont directement sentis visés et n’auraient plus d’état d’âme quant à son départ pur et simple en exil dont Yayi Boni vient pour lui en proposer le casting, selon certaines indiscrétions.
Ce samedi soir, Bozizé passe donc la nuit dans un climat de panique reclus au palais avec tous ses grands enfants terribles et délinquants dont les noms n’ont cessé de défrayer la chronique ces temps derniers. Des témoins auraient aperçu Djodjo et Kévin Bozizé en tenue combat en train de circuler en ville. Bozizé a rappelé le général d’opérette Jules Bernard Ouandé pour lui confier l’état-major des Faca, Guillaume Lapo ayant été viré sans ménagement par Bozizé. C’est donc Ouandé qui aurait piloté la fouille au domicile du ministre Joseph Kalité ainsi que l’arrestation de ce dernier et celle de ses épouses et quelques-uns de ses proches.
Par ailleurs, la plupart des diplomates de la CEMAC et de la CEEAC ont été évacués ce soir de la RCA après que les rebelles de SELEKA eussent refusé de rencontrer la délégation venue de Libreville prenant prétexte sur l’attaque de Bambari que Bozizé a ordonnée contre eux. Ceux-ci sont déterminés dès lors à entrer dans Bangui pour tenter de prendre Bozizé coûte que coûte. Militairement réduit à sa plus simple expression et diplomatiquement isolé, Bozizé n’a plus aucun moyen pour les empêcher d’entrer dans la capitale. En cela la décision du couvre-feu de 19 à 5 h du matin est vraiment dérisoire.
L’isolement diplomatique du régime bozizéen est une réalité. Même le ministre des affaires étrangères de Bozizé, le général de corps d’armée Antoine Gambi ne prend presque plus les ambassadeurs en poste à l’étranger au téléphone. Il ne sait trop quoi leur dire et quelle consigne leur donner. Le chargé d’affaire de Paris et l’ambassadeur de Centrafrique à Washington notamment, ont eu à être sermonnés aux ministères des affaires étrangères américain et français et Bozizé le sait.
De même, avant de se rendre à Bangui ce dimanche, le président Yayi Boni s’est entretenu avec Laurent Fabius ministre français des affaires étrangères au siège de l’Union Africaine à Addis-Abeba entre autre sur la crise centrafricaine et la meilleure façon de la résoudre sans trop de casse, toujours selon nos informations. Autre signe des temps, il n’y aurait plus que trois clients au Ledger Plazza de Bangui, pourtant très prisé, en raison de l’évacuation de nombreux étrangers et personnels expatriés et diplomates.
La rédaction