DECLARATION SOLENNELLE RELATIVE AU DIALOGUE INTER-CENTRAFRICAIN
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Une semaine après le séjour à Bangui du 5 au 6 mai 2012 du Président de la République du Tchad et Président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), Son Excellence Monsieur Idriss DEBY ITNO et de l’émissaire de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), l’ancien Président burundais Pierre BUYOYA, qui ont bien voulu recevoir le FARE-2011 pour un entretien au cours duquel la question d’un véritable dialogue inter-centrafricain a été notamment abordée, le Général François BOZIZE comme à son habitude, a convié à la hussarde le 15 mai 2012 et sans ordre du jour au Palais de la Renaissance, l’opposition ainsi que les forces vives de la Nation pour une « communication non suivie de débats » et pour affirmer sa disponibilité à l’égard de ceux des « opposants qui aimeraient dialoguer avec lui individuellement ou collectivement ».
Comme l’a déjà affirmé le FARE-2011 dans sa récente déclaration sur la rencontre au Palais de la Renaissance du 15 mai dernier, « aucune perspective de sortie de crise ne peut se concevoir en dehors d’un dialogue franc, sincère et direct ». C’est bien le refus de concertation, le manque d’un véritable dialogue ainsi que la politique de l’autruche du Général François BOZIZE qui ont plongé le pays dans l’impasse et la situation de blocage qu’il connaît depuis les élections frauduleuses de janvier 2011.
Depuis le 15 Mai 2012, l’opposition est fondée à émettre les plus sérieux doutes et réserves sur la réelle volonté politique du Général BOZIZE de prendre part à un dialogue sincère, honnête et direct avec l’opposition démocratique, notamment avec le FARE-2011. En dépit de la série de rencontres avec les partis politiques organisées depuis le 31 Mai 2012 par le Général François BOZIZE, le FARE 2011 reste perplexe quant à la volonté réelle de ce dernier d’aller vers un dialogue. Les démarches secrètes déjà entreprises par les émissaires du Général François BOZIZE en vue de débaucher certains membres de l’opposition pour qu’ils fassent partie d’un futur gouvernement témoignent à suffisance de ce manque de volonté.
Faisant acte de bonne foi, face à l’espérance que suscite toujours pour le Peuple centrafricain toute perspective de sortie durable de crise et de restauration de la paix, conscient de ses responsabilités et tirant les leçons des expériences négatives du passé, le FARE-2011 dit clairement OUI à la tenue d’un vrai dialogue inter-centrafricain mais pose néanmoins certaines conditions.
Pour que ce dialogue soit une réussite et puisse déboucher effectivement sur un dénouement réel de la crise centrafricaine qui n’a que trop duré, il exige qu’il se déroule sous la médiation d’une personnalité de l’Afrique Centrale reconnue pour sa parfaite connaissance de la situation politique et sécuritaire centrafricaine et pour son attachement à notre pays, et sous les auspices de la Communauté internationale, particulièrement des Nations Unies, de l’Union Européenne, de l’Organisation Internationale de la Francophonie et de l’Union Africaine, à qui il lance d’ores et déjà un appel solennel afin qu’elle puisse s’impliquer au plus haut niveau.
Le FARE 2011 estime que la réussite de ce dialogue nécessite que soient remplies quatre conditions:
1/ La première condition est la définition de la nature et des objectifs du dialogue
Le FARE- 2011 tirant les leçons d’un passé récent et de la crise que traverse notre pays estime que ce dialogue est de nature politique.
La crise engendrée par le simulacre d’élections de 2011 ajoutée à l’insécurité désormais endémique et à la mauvaise gouvernance ont divisé les centrafricains, détruit la cohésion sociale et gravement entamé la paix. Pour le FARE-2011, ce dialogue doit permettre de jeter les bases :
-du rééquilibrage des institutions ;
-de la mise en place effective des cadres de concertations politique et sociale ;
-de l’instauration des mécanismes pour la bonne gouvernance politique et économique ainsi que pour la lutte sans merci contre la corruption ;
-de la restauration de l’Etat de droit, d’une administration impartiale et efficace ;
-du retour à une paix durable, à la concorde et à l’unité nationales ;
2/ La deuxième condition est l’identification des acteurs
Le dialogue étant de nature politique, le FARE- 2011 d’une part estime que ses acteurs sont d’abord les partis politiques qui y délégueront leurs membres nantis d’une expertise avérée et d’autre part propose une participation paritaire entre la majorité présidentielle et l’opposition démocratique.
3/ La troisième condition est la détermination des thèmes d’intérêt national
La situation actuelle de notre pays, le temps que nous souhaitons bref pour ce dialogue et les défis à relever nous imposent de répartir les thèmes à débattre en deux groupes :
-Les problèmes politiques, institutionnels et sécuritaires
-Les problèmes économiques, sociaux et environnementaux
4/ La quatrième condition est l’Accord Politique Global
Tirant leçon des expériences passées, les résultats des travaux de ce dialogue doivent être sanctionnés par un Accord Politique Global signé par tous les acteurs et contresigné par le MEDIATEUR qui, en cas de difficulté dans la mise en œuvre des clauses de cet Accord, procède à l’arbitrage.
Fait à Bangui le 11 juin 2012
Pour le FARE-2O11