DECLARATION
relative au recrutement dans les Forces Armées Centrafricaines
et à l’organisation des concours et examens nationaux
Le Bureau Politique du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), conformément aux dispositions de l’Ordonnance n°005.007du 02 Juin 2005 relative aux Partis politiques et au Statut de l’Opposition a l’honneur de déclarer ce qui suit :
la restructuration des forces de défense et de sécurité dont le renforcement des effectifs constitue un volet donne lieu, depuis le 15 mars 2003, à une volonté manifeste du Général François Bozizé et de son fils Francis, les seuls en charge de la sécurité en Centrafrique, de privatiser ces forces tout en s’enrichissant de façon éhontée au passage.
C’est ainsi qu’après les recrutements dans la Police et la Gendarmerie en 2010 et 2011, ceux au profit de l’Armée pour cette année 2012 ont permis non seulement de mettre à nu l’incapacité de ces deux hauts responsables de l’Etat – dont l’un agit sous serment constitutionnel – à conduire de façon sincère, neutre et désintéressée une telle réforme mais surtout leur incurie et leur collusion avec les caciques du parti KNK, du régime, du clan et de l’ethnie du général François Bozizé.
Peut-on expliquer autrement que par l’incurie que pour seulement environ Huit cent (800) recrutements à faire, plus de Neuf mille (9.000) dossiers et leurs frais afférents fixés à 5.000 Fcfa aient été acceptés ? A ces frais officiels, il faut rajouter ceux plus officieux d’un montant élastique variant entre 50.000 à 200.000 Fcfa perçus par celles et ceux qui se sont engagés à garantir le recrutement de certains poulains.
A l’arrivée, c’est donc très logiquement que cette opération qui s’est révélée être une arnaque d’une ampleur sans précédent a débouché sur les manifestations qui ont atteint leur point d’orgue le jeudi 2 août 2012, d’abord à l’Ecole de la gendarmerie à Kolongo dans le 6ème arrondissement de Bangui, puis au Jardin du Cinquantenaire dans le 4ème arrondissement où le buste du Général François Bozizé a été déboulonné et enfin dans le 7ème arrondissement où la maison d’arrêt a été ouverte et pillée, permettant l’évasion de tous ses pensionnaires.
Ces événements pourtant prévisibles vont surprendre les tenants du pouvoir et plus particulièrement le Ministre Délégué à la Défense dont la montée en première et la déclaration irresponsable le soir même des événements apparaît à bien des égards comme un aveu de culpabilité et l’offre de sortie de crise qu’il a fait comme un marché de dupes.
Il n’en fallait pas tant pour que sa maman, depuis Paris, lui emboîte le pas à travers une déclaration relayée par la Ministre des Affaires Sociales. Cette déclaration prie les manifestants d’arrêter les casses et enjoint le gouvernement d’ouvrir immédiatement un dialogue avec ces derniers en vue de rétablir la paix.
Cette auto-intrusion de la Première Dame dans la gestion des affaires de l’Etat confirme d’une part la méconnaissance de son rôle et met en évidence sa vision maternelle et donc familiale au sommet de l’Etat d’autre part.
Toutefois, il importe de noter que tout cela se passe devant un silence coupable et gêné du Chef Suprême des Armées et Ministre de la Défense le Général François Bozizé dont le fils Francis Bozizé donne, à travers cette crise qu’il a engendrée, toute la mesure de son incapacité à diriger ce secteur.
Cette affaire de recrutement dans l’armée et des incidents qu’elle a engendrés a au moins le mérite de mettre sur la place publique la gestion clanique que le régime du Général Bozizé fait des concours et examens nationaux depuis le 15 mars 2003.
Il est à craindre que prochainement l’organisation des concours et examens à venir, notamment le baccalauréat, et les nombreux mécontents qu’elle fait débouche sur des manifestations similaires sur l’ensemble du territoire national si un terme n’est pas immédiatement mis aux pratiques mafieuses et iniques tendant à ne favoriser que les ressortissants de l’ethnie du Président François Bozizé et pour leurs auteurs à s’enrichir.
Le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) qui se bat aux côtés des couches populaires et laborieuses pour l’amélioration de leurs conditions de vie, leur sécurité et la paix fait de la justice et de l’égalité des chances son crédo.
Pour le MLPC donc, la mission première des forces de défense et de sécurité en général, celle de l’Armée nationale en particulier – dans le contexte qui est celui de la République Centrafricaine aujourd’hui – est une question tellement sérieuse et sensible pour être traitée uniquement par papa, maman et le fils qui, par leur comportement, font des Centrafricains leurs otages et de l’Armée nationale leur propriété.
En conséquence de tout ce qui précède, le Bureau Politique du MLPC :
- dénonce l’arnaque en bande organisée conduite par le Ministre Délégué à la Défense contre la Jeunesse centrafricain à travers une opération pompeusement appelée « recrutement dans l’armée nationale » ;
- demande l’annulation pure et simple de ce recrutement véritable source de menace à la paix et à la cohésion sociale ;
- exige la mise en place d’une véritable politique de l’emploi au lieu de faire du recrutement dans l’armée une alternative à cette politique ;
- dénonce l’intrusion intempestive de la Première Dame dans cette crise ;
- condamne l’attitude coupable du Président de la République, Chef Suprême des Armées qui par ce fait viole son serment et se rend passible d’une traduction devant la Haute Cour de Justice qu’il renonce à mettre en place depuis 2005 ;
- exige l’ouverture d’une enquête parlementaire sur cette affaire ;
- exige la mise en place d’une Commission Nationale de Recrutement ;
- exige le remboursement intégral et immédiat à tous les candidats des frais de dossier et frais annexes officieux versés par ceux-ci ;
- apporte tout son soutien à cette frange de la jeunesse centrafricaine désespérée par le chômage et dont le Général François Bozizé, son fils et son épouse abuse.
Fait à Bangui, le 6 Août 2012