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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 03:43

 

 

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Chaque fois que la République Centrafricaine rencontre une difficulté ou un échec, le doute s’installe. On ne questionne plus ce qu’il fait, on dispute de ce qu’il devait être. C’est pourquoi dès le lendemain des attaques lancées par la rébellion Séléka, les experts de pacotille et les pseudo-spécialistes ont arpenté les plateaux télé pour vouer les Centrafricains à une crise existentielle dont le symptôme serait leur résistance à entrer enfin dans l’ère de la modernité.


Il est vrai qu’aujourd’hui, le manque de moyens de l’État, l’effondrement des structures sociales et le bas niveau d’instruction de la majorité des « cadres » du pays n’autorisent pas à rêver. Néanmoins, gouverner la Centrafrique pour la moderniser dans l’équité et la transformer dans l’harmonie devait rester pour les Centrafricains au mieux une aspiration, en tout cas, un objectif réaliste.


Notre pays ne peut être privé de toute perspective de progrès social à cause de notre désinvolture et il faut bien s’interroger sur les moyens de parvenir collectivement. Faisons preuve de lucidité à l’égard du passé, comme de l’avenir, à l’égard de nos échecs comme de nos réussites, aussi maigres soient-elles. Constatons que les divisons, la haine tribale et les intérêts égoïstes n’ont jamais favorisé la construction d’un État respectable et respecté.


Face aux réalités contemporaines, nous devons nous efforcer de conjuguer liberté et solidarité, individualisme et identité collective, efficacité économique et justice sociale, initiative et régulation, besoin de stabilité et désir de changement.


La question est donc de savoir si la politique vise à servir les intérêts d’une minorité de privilégiés voraces et insatiables ou si elle doit s’inspirer d’une exigence humaniste et universaliste pour agir.


La République Centrafricaine ne sortira pas de sa crise actuelle en s’interrogeant sans fin sur les causes du problème qui sont d’une manière ou d’une autre connues. Mais la question qui lui est posée est moins celle, statique, liée aux origines de son effondrement que celle, dynamique, de son rapport à l’Afrique et au monde.


Il est urgent, me semble-t-il, de reprendre un travail de réflexion et de proposition sur les grandes questions de l’heure. Il appartient naturellement au prochain gouvernement qui devait être rapidement formé de concevoir une politique économique qui muscle notre appareil productif inexistant tout en répartissant plus équitablement revenus et richesses ; définir les valeurs autour desquelles rassembler la communauté nationale ; refaire de la Centrafrique une nation phare en matière de formation ; moderniser nos services publics et inventer une protection sociale digne de ce nom ; résoudre définitivement la question de l’insécurité en restructurant  les forces de sureté et de défense, les dotant de moyens adéquats ; convaincre et détourner notre voisin Tchadien de sa tentation hégémonique et ses visées expansionnistes sur nos richesses du sous sol ; inciter la France, l’ex-puissance coloniale à se poser les bonnes questions sur nos rapport avec elle qui ne sauraient être guidés par le seul paternalisme.


C’est en revenant au débat de fond que les Centrafricains construiront la République dont le peuple a besoin.


La vraie façon de créer cette nouvelle dynamique, pour changer la donne en épargnant au pays l’oscillation entre l’instabilité permanente provoquée par la violence et les remèdes de prestidigitateurs extérieurs qui ont montré leur limite, serait de rassembler dans un même élan patriotique toutes les forces qui travaillent réellement à la construction d’une société post-Séléka. Cette société transversale respectueuse de la dignité humaine et où les intérêts égoïstes, les profits personnels ne pourraient être ni instrument d’épanouissement personnel encore moins une fin.


Ce rassemblement de talents ne saurait emprunter la forme d’un mouvement populiste hâtivement érigé tels les collectifs-quelque-chose que l’on voit actuellement pousser comme des champignons autour de certaines personnes conjoncturellement médiatisées.


Il doit plutôt répondre à la double exigence de réinventer  un pays où il fait bon vivre et de s’ouvrir à la modernité. Il lui faut vite sortir de l’impasse actuelle, et, pour enclencher sa marche, opérer d’abord un retour vers ce qui est la mission fondamentale d’une élite nationale : construire ensemble la Nation.


La nouvelle génération des Centrafricains doit être au centre de cette rénovation, de ce retour au politique, comme dirait quelqu’un. On l’entend ces temps-ci s’exprimer, souvent pour se plaindre. Pourquoi devrait-elle se vivre comme une cohorte frustrée et impatiente ? Si elle ne se borne pas à critiquer le passé, si elle ne reproduit pas les défauts qu’elle impute à ses aînés, si elle sait faire surgir des idées nouvelles sans courir derrière la dernière mode et les ambitions titanesques, si elle ne se morcèle pas – chacun croyant pouvoir être le premier -, si elle prend le temps nécessaire de l’apprentissage, si elle travaille, propose et construit, naturellement, l’avenir lui appartiendra.


Cette génération devra ouvrir un nouveau cycle. Ce n’est que comme cela qu’au sortir de la crise actuelle, pourra s’envisager pour elle et la République Centrafricaine, une renaissance ayant pour socle une exigence fondamentale : faire ensemble et sans animosité de la politique.


Adrien Poussou   

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