COMMUNIQUE DE PRESSE
Nous, Partis Politiques
membres de l’opposition démocratique réunis au sein du FARE -2011 adressons nos meilleurs vœux de nouvel an au peuple centrafricain et à l’ensemble de la communauté étrangère qui a
choisi notre pays comme pays d’accueil et de travail.
La fin de
l’année est la période traditionnelle de vœux mais c’est aussi la période des bilans que tous, nous devons tirer par rapport à la vie de notre pays.
A cet
effet, le FARE 2011 a suivi avec une attention particulière les discours à la Nation du Général François BOZIZE, en français et en sango, et a constaté avec regret que ces deux allocutions,
ne tracent aucune perspective d’espérance pour le peuple centrafricain. Bien au contraire, nous avons vu un Président de la République résigné, impuissant et démissionnaire, qui énumérait
les graves manquements de ses propres collaborateurs, de son gouvernement et des personnalités nommées par lui-même, ainsi que des graves défis sécuritaires et socio-économiques
auxquels fait face notre pays, en prenant bien soin de se placer dans une posture de spectateur passif alors qu’il est à la tête de notre pays depuis bientôt neuf
ans.
AU PLAN POLITIQUE
Le FARE -2011 tient à
rappeler que depuis le coup d’Etat du 15 Mars 2003 qui a interrompu brutalement le processus démocratique mis en place depuis les élections démocratiques de 1993, la République
centrafricaine a régressé de plusieurs décennies sur tous les plans.
Conscient de
l’échec du Général François BOZIZE, le peuple centrafricain s’était massivement mobilisé le 23 janvier 2011 pour obtenir l’alternance par les urnes, mais
malheureusement ses suffrages ont été purement et simplement détournés par des usurpateurs sans aucune légitimité de l’onction populaire. Le peuple centrafricain ne s’est reconnu ni
dans les résultats « soviétiques » de l’élection présidentielle, et encore moins dans ceux des législatives qui ont accouché d’une Assemblée dite Nationale mais en réalité monopartisane et
familiale, avec des « députés » en fait cooptés par le parti au pouvoir pour former une majorité mécanique.
C’est dans sa farouche
volonté de velléité hégémonique et de monopolisation de tout l’espace politique que le KNK s’était accaparé de la présidence des 07 commissions de l’Assemblée en oubliant allègrement ses «
alliés » devenus les dindons de la farce bozizéenne.
Les faits donnent raison
à l’opposition qui a toujours affirmé que le régime actuel est fondé sur l’exclusion, le tribalisme, l’arrogance, l’intolérance, les violations des droits humains, le tout sur fond
d’illégitimité.
D’où la crise politique
actuelle de notre pays, qui tire donc exclusivement son origine du refus du peuple centrafricain de reconnaître la légitimité de ce régime qui s’est imposé à lui par la force.
C’est pourquoi le
FARE 2011 tient à rappeler, en symbiose avec le peuple centrafricain, que la question de la légitimité de ce régime se pose chaque jour avec acuité et tant qu’elle ne sera pas résolue, notre pays
ne pourra qu’enfiler des perles de crises graves, les unes après les autres.
La première
conséquence de cette absence de légitimité se vit sur le plan économique, car force est de constater que sous le règne de François BOZIZE, notre pays est systématiquement classé au bas de
l’échelle planétaire dans tous les indicateurs socio-économiques publiés par les organisations internationales:
AU PLAN ECONOMIQUE
Déjà en 2009, alors même que la RCA venait d’engranger six années successives d’appuis financiers extérieurs multiformes aux
montants jamais atteints depuis notre indépendance en 1960, le Rapport de Suivi des Objectifs du Millénaire pour le Développement publié par le PNUD en mai 2010 annonçait
que la RCA occupe le 179ème rang sur 182 pays en ce qui concerne l’Indice de Développement Humain (IDH) c'est-à-dire parmi les 4 derniers au monde. Ce classement s’est maintenu
en 2010 et en 2011. Ce classement d’une source impartiale illustre les conditions de vie difficiles de la population et la faiblesse de l’accès aux services sociaux de base,
puisque environ 86% de la population n’a pas accès aux services de santé et 41% des adultes sont analphabètes. Selon le même rapport, environ 62% de la population de notre pays vit en
dessous du seuil de pauvreté cette moyenne nationale cachant d’importantes disparités, avec une pauvreté particulièrement répandue en milieu rural (69,4%) qui renferme également 62% de la
population.
L’espérance de vie à la naissance est retombée à 45,1 ans, environ dix ans de moins que la moyenne africaine..
Malgré toutes les aides reçues par notre pays jusqu’en 2011 inclus, la croissance moyenne annuelle du PIB (2006-2009) par
tête n’a été que de 0,93%, niveau très inférieur au taux d’accroissement démographique estimé à 2,5% au cours de la même période. Ce qui n’a que peu ou pas d’impact sur la pauvreté dont
l’incidence nationale reste trop élevée (62%).
Par contre, la situation humanitaire continue d’être difficile dans certaines parties du pays, avec des centaines de
milliers de personnes affectées par les violences.
Ce qui est grave, c’est que rien ne permet d’espérer
l’amélioration de la situation économique à court terme de notre pays qui, selon ceux-là même qui l’ont pillé et saigné à blanc, « n’exporte rien, et ne vend rien », contredisant ainsi un autre
membre du même gouvernement qui affirme sans rire que les centrafricains mangent trois fois par jour et que toutes les filières agricoles d’exportation sont relancées.
Le dur constat de la gestion économique et financière de ce régime est celui d’un échec cuisant, qu’il ne cherche même
plus à dissimuler comme dans un passé récent.
L’écran de fumée dressé sur la fameuse Table Ronde de Bruxelles d’où sortiraient 400 milliards de francs CFA pour notre pays,
l’atteinte en fanfare du point d’achèvement de l’Initiative PPTE qui devrait débloquer des milliards de francs CFA, toutes ces opérations de communication destinées à tromper notre peuple se sont
brisées aux pieds des institutions financières internationales qui ont décidé de fermer leur robinet pour une seule et unique raison : la mauvaise gestion des finances publiques
caractérisée par le pillage organisé des maigres ressources budgétaires qui reste impuni, même lorsqu’il est débusqué par les institutions de contrôle.
Selon la célèbre Fondation MO IBRAHIM du
milliardaire anglo-soudanais, la RCA occupe depuis le 10 Octobre 2011 la 49ème place sur 53 en matière d’indice de la Gouvernance Africaine, c'est-à-dire parmi les 5 derniers du
Continent.
Le rapport Doing Business 2012 de la Banque mondiale classe la RCA au 182ème rang mondial sur 183 en
matière de climat des affaires c'est-à-dire avant dernier de la planète.
Qu’attendre d’un régime qui protège obstinément des prédateurs « tout-puissants et intouchables » et consacre moins de 10%
de ses propres ressources pour les investissements publics ?
Qu’attendre d’un gouvernement dont l’activité principale se résume à des voyages de par le monde pour rechercher des subsides
afin de ne payer que des maigres salaires, laissant de côté les investissements productifs dans l’économie réelle et les infrastructures de base?
Qu’attendre d’un pouvoir qui pressurise les banques commerciales pour payer les salaires au risque d’un endettement massif
compromettant à terme la santé d’un secteur financier qui vient à peine de se restructurer ?
Quels sont les signaux concrets que lance le gouvernement pour mériter un changement de position de la communauté financière
internationale afin que pointe l’espoir d’un allègement des souffrances du peuple qui n’a ni eau, ni électricité, ni soins médicaux, ni emplois et qui vit dans l’insécurité
généralisée et la peur du lendemain ?
AU PLAN SECURITAIRE :
Près de la moitié des budgets annuels de la RCA sont absorbés par la défense et la sécurité, mais les
centrafricains au vu de l’état actuel de l’insécurité de notre pays, se demandent à quoi ont servi et servent ces sacrifices budgétaires. Les services attendus sur le plan de la sécurité ne
sont manifestement pas à la hauteur des sacrifices financiers consentis chaque année par le peuple sur le plan financier. Un audit des dépenses de ce secteur s’impose, pour faire l’état des
lieux de notre défense.
Aujourd’hui, le Peuple Centrafricain
tout entier est pris en otage. Il est impossible de circuler du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest sans risque de se faire assassiner par des forces non conventionnelles stationnées en République
Centrafricaine.
A ce propos, les lamentations
du Général Bozizé à l’endroit des rebelles étrangers, tels que BABA LADE (le Tchadien) et Joseph KONY (l’Ougandais) sont un aveu d’échec et d’impuissance face aux hordes de bandits
qui se livrent quotidiennement aux massacres des populations civiles sans défense, aux pillages et aux viols sans compter les incendies de villages entiers obligeant des milliers de nos
compatriotes à se cacher dans la brousse tels des bêtes sauvages.
François BOZIZE est aujourd’hui
le seul Chef d’Etat au monde de surcroit Officier Général, qui assiste aux massacres de sa population civile sur son propre territoire par des bandits étrangers sans daigner engager son Armée
pour sa défense.
Alors que sur cette question,
il ya un consensus national pour bouter hors de notre territoire ces bandits de grand chemin, le Général BOZIZE brille par des atermoiements incompatibles avec sa mission de protection de
la population et de la défense de l’intégrité du territoire national dont il est le garant constitutionnel.
Il s’agit-là d’un acte d’abandon de la
souveraineté nationale constitutif de haute trahison.
La promptitude de BOZIZE à invectiver
l’opposition démocratique qui joue légalement son rôle est inversement proportionnelle à son incapacité à défendre notre peuple jetant ainsi l’opprobre sur notre vaillante Armée dont l’honneur
est entamé.
Doit-on attendre que le salut
vienne exclusivement du Gouvernement Américain qui a pris la décision de venir au secours de ce peuple meurtri? Que le Président Américain, Son Excellence BARACK OBAMA, trouve ici
l’expression de la gratitude du Peuple Centrafricain.
La position du FARE 2011 est claire :
la défense de l’intégrité du territoire national et la protection de la population civile massacrée par des bandits ne sont pas négociables.
AU PLAN SOCIAL :
La pauvreté s’est installée durablement en République Centrafricaine, dans chaque famille. Le FARE -2011 note
également une augmentation exagérée des prix des denrées alimentaires de première nécessité, ainsi que de celle du carburant à la pompe, y compris le pétrole lampant, principal produit de
consommation des ménages.
Pendant que les prix des produits vivriers, pétroliers, etc…sont en hausse, les salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat
sont restés bloqués, et le chômage est endémique.
A ce propos, le FARE-2011 signale au passage que plus de 450
Professeurs formés à l’Ecole Normale Supérieure de Bangui sont restés sur le carreau depuis 2003. Les intégrations dans la Fonction Publique sont filtrées en faveur des militants du
parti KNK.
Cette situation générale de paupérisation, fait le lit
de la malnutrition, du paludisme, du choléra, du VIH/SIDA, de la tuberculose.
Selon un récent rapport de Médecins Sans Frontières (MSF) : «
La République centrafricaine se trouve aujourd’hui dans un état d’urgence médicale chronique. Au cours des 18 derniers mois, cinq enquêtes distinctes de mortalité rétrospective ont été conduites
en République centrafricaine dans les préfectures hébergeant la majorité de la population. Conduites par Médecins Sans Frontières (MSF) et d’autres organismes de recherche, ces études
révèlent un taux de mortalité supérieur au « seuil d’urgence1 ».
Les Centrafricains sont confrontés à des taux extrêmement élevés de mortalité. La RCA détient la deuxième espérance de vie la
plus faible du monde. Le taux de mortalité du pays est globalement supérieur au « seuil d’urgence », preuve d’une situation nécessitant une intervention médicale immédiate.
Les taux bruts de mortalité sont au moins trois fois
plus élevés que le seuil d’urgence et indiquent une situation normalement considérée comme « incontrôlable», bien qu’aucune de ces sous-préfectures ne soit en proie à des conflits ou n’accueille
un grand nombre de déplacés.
La RCA possède le taux de prévalence du VIH le
plus élevé d’Afrique centrale.
L’ONUSIDA estime à 110 000 adultes et 17 000
enfants le nombre de personnes vivant avec le VIH dans le pays, et à 11 000 le nombre de personnes mourant chaque année de complications liées au VIH. Le Comité National de Lutte contre le Sida
(CNLS) estime que 45 000 personnes, dont 14 000 enfants, doivent être mises dès maintenant sous traitement ARV. Cependant, seuls 15 000 patients sont aujourd’hui sous traitement ARV, soit
seulement 33,3 % du nombre recommandé.19
Le système de santé de la République centrafricaine a
toujours été très faible. Dans de nombreuses régions du pays, il est à tous égards, inexistant. Les six piliers fondamentaux d’un système de santé, tels que définis par l’OMS, font
défaut.43
En outre, de nombreuses tentatives d’aide au pays ont été
durement entravées, sinon empêchées par la corruption et le manque de capacité.
Observés à différents niveaux, des dysfonctionnements empêchent toute forme de service médical, y compris la distribution de
médicaments, la qualité des soins et l’obligation de rendre des comptes pour le système, et rendent difficile toute aide internationale. Cependant, face à des taux de mortalité aussi élevés, ces
difficultés doivent être surmontées pour enclencher une action immédiate. »
CONCLUSION
C’est face à cette gestion familiale et
clanique, non orthodoxe, c'est-à-dire non conforme aux principes de gestion républicaine, que les institutions financières internationales à savoir, le FMI, la Banque Mondiale, la BAD, et
les principaux bailleurs tels que l’Union Européenne ainsi que les pays amis viennent de suspendre leurs aides à la République Centrafricaine.
Le FARE-2011 annonce qu’il
poursuivra en 2012 son combat pour l’annulation et la reprise des élections frauduleuses de 2011 par des actions multiformes conformes aux lois de la République. Il lance un vibrant appel au
Peuple Centrafricain en l’invitant à engager à ses côtés, une lutte sans merci afin de sauver notre pays et la démocratie confisquée par la famille BOZIZE et son Parti le KNK.
Sur ce, le FARE- 2011 souhaite au peuple centrafricain et à tous les militants
et sympathisants des Partis Politiques de l’Opposition, une bonne et heureuse année 2012.
Fait à Bangui, le 02 Janvier 2012
Pour le FARE – 2011
Le Coordonnateur
Maître Nicolas TIANGAYE