L'histoire ne fait pas les hommes, ce sont les hommes qui font l'histoire. Et de cette histoire, naissent les grands hommes. Le CENTRAFRIQUE est un pays dont le passé historique n'a pas été matérialisé par des érections de monuments en tous genres pour marquer les faits saillants de son histoire.
Depuis sa naissance en tant que pays indépendant en 1960, le CENTRAFRIQUE n'a érigé pour son histoire récente que le monument représentant son père fondateur, le PRESIDENT B. BOGANDA. Cette manifestation de la reconnaissance du peuple centrafricain à l'égard de celui qui a versé son sang pour le défendre au plus profond de sa chair, trouve sa justification authentique et méritée.
Dans les pays dont l'histoire et la culture sont souvent représentées à travers la construction de moments symboliques, aucun personnage important de ces pays n'a vu son monument érigé de son vivant. Nous en avons au passage les exemples de DE GAULLE, CHURCHILL, KENNEDY, et autres GANDHI, MARTIN LUTHER KING.
C'est dire que la vraie reconnaissance de l'importance d'un homme pour l'œuvre qu'il a accomplie pour son peuple ne peut venir que du peuple lui-même, reconnaissance qu'il ne peut manifester qu'après la disparition de son héros.
Déboulonner le monument d'un personnage quelconque est la preuve de la haine et de la non reconnaissance qu'on peut porter à l'égard de ce personnage. Déboulonner le buste du Président de la République et le traîner à terre, c'est signifier à ce Président le manque de considération et de confiance qu'on a pour lui, en quelque sorte lui faire savoir qu'il ne mérite pas d'être là où il se trouve. L'on se souvient de cette fameuse phrase au sortir de la colonisation, à l'adresse des colons et résumée presque dans ces termes :
« Qu'ils partent, et nos femmes et nos enfants jetteront derrière eux le tison ardent de la « haine ».
La gouvernance de la République CENTRAFRICAINE laisse tant à désirer et il est invraisemblable que cela se passe dans ce pays qui a une avenue baptisée « AVENUE DES MARTYRS », exactement aux noms de tous ces enfants qui ont perdu leurs vies à cause d'une mesure injuste qu'ils n'ont jamais voulu subir, à savoir le refus d'acheter des tenues, tout simplement parce que leurs parents n'avaient pas perçu leurs salaires pour leur permettre de se procurer ces tenues imposées par le pouvoir de l'époque. Et comme ce sont les hommes qui font l'histoire, l'histoire demeure têtue.
On avait demandé aux « futurs »martyrs de payer des tenues, ils ont refusé et ils avaient raison. Et pour avoir eu raison, ils ont aussi eu raison du pouvoir : l'empire s'était effondré.
Aujourd'hui, on demande encore aux jeunes centrafricains de payer des droits pour pouvoir se mettre au service de leur pays. Mais dans quel pays sommes-nous ? Des bandes rebelles étrangères sillonnent le CENTRAFRIQUE en semant l'insécurité, la panique et la misère au sein des populations, le pouvoir en place n'est pas capable de sécuriser les régions touchées par les actions rebelles.
Les jeunes centrafricains acceptent de se mettre au service de leur pays pour le défendre, on leur demande de payer pour cela, on prend leur argent, on ne les recrute pas mais on se contente de listes « bidon » pour faire croire que ce sont les résultats du concours qu'ils ont subi. Ceux qui sont au pouvoir aujourd'hui ont été à l'école et ont passé tous leurs examens sans payer des frais du genre qu'on demande aujourd'hui aux candidats au recrutement dans l'armée.
Comment peuvent-ils justifier le fait de faire subir à leurs frères si ce ne sont leurs fils, un sort qu'eux-mêmes n'ont jamais subi et qu'ils n'accepteront certainement pas de faire subir à leurs propres rejetons ?
Quels diplômes et quels concours ont eus et subis les fils du Président aujourd'hui pour occuper les postes et les fonctions qui sont les leurs ?
Aucun des Présidents que le CENTRAFRIQUE a eus avant celui qui aujourd'hui se fiche éperdument de ce pays, n'a eu l'outrecuidance d'insulter ainsi le pays et son peuple. Insulter le pays et son peuple, c'est insulter l'avenir, c'est cracher sur la jeunesse.
La jeunesse de 1979, parmi laquelle les martyrs, n'était pas divisée. La jeunesse d'aujourd'hui doit comprendre que la division les mènera à la ruine. Ceux parmi ces jeunes qui pensent bénéficier de quelques miettes du pouvoir actuel, en oubliant leurs camarades qui souffrent et ont du mal à trouver deux bouchées de manioc par jour, doivent s'interroger et se mettre à la place de ceux-là qui tirent le diable par la queue. Le CENTRAFRIQUE est riche et chacun y a sa place. Une place où il peut manger à sa faim pour peu qu'il y ait de la justice pour tous.
LE COMBAT POUR LA JUSTICE EST UN COMBAT NOBLE. JEUNESSE CENTRAFRICAINE, NE BAISSE PAS LES BRAS.
KODRO SO AYEKE TI I KOUE.