Centrafrique : imbroglio autour du passeport d’un opposant
BANGUI, 15 juin 2010 16h22 (AFP) - L'opposant centrafricain Me Nicolas Tiangaye a affirmé mardi à l'AFP que son passeport avait été saisi le 10 juin par les autorités, mais celles-ci soutiennent qu'il a manqué "de patience" devant des formalités et a abandonné son document de voyage à l'aéroport.
De retour d'un séjour en France jeudi 10 juin, "j'ai été conduit au salon d'honneur de l'aéroport de Bangui, comme toutes les autres personnalités. Après avoir attendu pendant plus d'une heure (pour récupérer le passeport), je suis rentré chez moi", a expliqué à l'AFP Me Tiangaye, porte-parole du Collectif des forces du changement, coalition de l'opposition et d'ex-rébellions dont est membre son parti, la Convention républicaine pour le progrès social (CRPS).
"Je suis revenu à deux reprises, vendredi et samedi, rencontrer le commissaire de l'aéroport qui m'a confirmé que mon passeport était confisqué par le directeur général de l'Immigration", a-t-il ajouté, rejetant les allégations d'"impatience" du porte-parole du gouvernement, Fidèle Gouandjika.
Selon le ministre Gouandjika, interrogé par l'AFP, "il s'est agi d'une simple formalité policière" au retour de l'opposant à Bangui. "Mais Me Nicolas Tiangaye a été impatient et il est rentré chez lui".
"Tout le monde doit respecter les dispositions sécuritaires et se soumettre aux formalités", a martelé le ministre.
Me Tiangaye, ex-président du parlement de président du parlement de transition (2003-2005), a indiqué que son passeport ne lui avait pas toujours été remis mardi.
"Je me demande si nous sommes bien dans un Etat dit de droit et de liberté. Aux dernières nouvelles, mon passeport serait au Parquet, mais je ne suis pas un délinquant pour avoir à chercher mon passeport au Parquet", a-t-il commenté.
Fin mai, Cyriaque Gonda, limogé en avril de son poste de ministre de la Communication, avait été empêché de quitter la Centrafrique pour la France où il devait se rendre pour raisons de famille et de santé.
Début mai, l'opposant et ex-Premier ministre Martin Ziguélé, candidat à la présidentielle reportée à une date non fixée, s'est lui, vu, empêché de prendre son avion de Bangui pour Cotonou.
Bangui 15 juin Ai-Rca - Selon un communiqué de la Convention Républicaine pour le Progrès Social, (CRPS, parti d’opposition), le passeport de son président Me Nicolas TIANGAYE, porte-parole du Collectif des Forces du Changement en Centrafrique, (CFC) lui a été retiré de son retour de Paris en France où il s’était rendu le 5 juin pour animer une conférence débat sur la situation politique en RCA.
Selon le même communiqué, la CRPS rappelle que les différents actes posés ces derniers temps par le Général Bozizé en violation répétée de la Constitution, notamment les libertés d’aller et venir, de résidence et d’établissement sur toute l’étendue du territoire, sont aux antipodes des pratiques politiques dans un Etat de droit.
«Considérant le caractère arbitraire et dictatorial de la confiscation du passeport de Me TIANGAYE,
Considérant que Me TIANGAYE n’a posé aucun acte illégal et répréhensif vis-à-vis des lois centrafricaines, la Fédération CRPS de France :
- Exige la restitution pure et simple et sans délai du passeport de maître
TIANGAYE
- Demande à la ligue centrafricaine et aux défenseurs des droits de l’homme, aux partenaires bilatéraux et à tous les démocrates, de veiller au respect des droits fondamentaux du peuple
centrafricain », a poursuivi ce communiqué.
Il est à noter qu’après le retrait du passeport de Martin Ziguélé du Mouvement de Libération du peuple centrafricain (MLPC), puis celui du Ministre d’Etat sortant à la Communication, président du Parti National pour un Centrafrique Nouveau (Pcnc), c’est au tour de Me Tiangaye d’être traqué par le pouvoir.
Kabongo, Ai Bangui
NDLR : Comme à son accoutumée, le porte parole du gouvernement a donné une version totalement fantaisiste et mensongère des faits tels qu’ils se sont produits à l’aéroport lors de l’arrivée de Me Tiangaye qu’il a paradoxalement accusé d’avoir fait preuve d’impatience et d’être rentré chez lui sans attendre la restitution de son passeport. Ce que ce porte parole oublie à dessein de mentionner est que le lendemain de son arrivée à savoir le jeudi 10 juin, pourquoi ne lui-t-on pas restitué ce passeport, ainsi que le surlendemain vendredi ? Les mensonges de ce porte parole ne font que couvrir de ridicule aussi bien lui-même que son patron Bozizé dont c’est un secret de polichinelle que c’est lui-même qui tire dans l’ombre les ficelles de ces affaires de passeport d’opposants comme s’il n’avait rien d’autre de plus important à faire, lui qui se prend pour un président de la République alors qu'il n'est plus qu'un hors-la loi.