Comme tout suzerain qui se respecte, Idriss Déby s’est rendu à Bangui, toutes affaires cessantes pour donner des leçons de survie politique à son vassal Bozizé. On devine facilement qu’il lui a intimé l’ordre de mettre de l’eau dans son vin, c’est-à-dire de faire le ménage autour de lui, de réserver une petite place à l’opposition pour « duper » les socialistes qui viennent d’accéder au pouvoir à Paris. Déby a peur que Bozizé ne l’entraîne dans sa chute.
Aujourd’hui, force est donc de constater :
-1 . Que c’est Déby qui donne le LA en Centrafrique. Il connaît et contrôle mieux notre pays que ce pauvre Bozizé et il n’est nullement exagéré de dire que c’est le président tchadien qui détient les dossiers-clés de la RCA ( hommes dangereux à écarter, comploteurs, hommes véreux de la police et de la gendarmerie et surtout du gouvernement …) . C’est à N’djaména que Bozizé doit se rendre pour présenter ses hommages et non à Paris !
-2 . Tous les hommes de l’exécutif et ceux qui gravitent autour sont redevables à Bozizé à un titre ou à un autre ( famille, clan, région, même promotion etc ) si bien que nous assistons tous les jours à cette bizarrerie en Bozizie qui consiste à démettre des ministres, renvoyer des fonctionnaires sans dire pourquoi pour l’édification du peuple centrafricain . Au lieu d’élever le peuple centrafricain, Bozizé et les siens l’insultent en lui mentant quotidiennement. A quand la justice pour tous en RCA ?
-3 . Le changement attendu en Centrafrique ne doit pas être un simple replâtrage qui débauche des hommes d’un camp pour l’autre : koudoufarisme ou nomadisme politique, la pauvreté et la cupidité rapprochent les hommes politiques peu convaincus de la mangeoire. L’actuelle opposition portera une lourde responsabilité en fournissant un contingent de ministres « KLEENEX » à un Bozizé aux abois. Elle a le devoir d’exiger et d’obtenir de Bozizé une feuille de route claire pour la sortie de crise multiforme qui frappe notre pays . Parmi les conditions non négociables : la non-modification de la Loi fondamentale, une commission électorale paritaire pour des listes électorales informatisées . Bozizé est un chef de bande qui ne respectera que le rapport de force imposé par une opposition unie et décidée.
-4 . Notre pays a-t-il un budget voté annuellement comme ailleurs ? Si oui, à quoi sert-il quand on voit les écoles bondées sans tables ni bancs , des ponts emportés par des intempéries depuis des années, des routes, pardon des sentiers qui sont une cause de mortalité importante ? Faut-il rappeler qu’une bonne partie de la RCA est couverte de forêt ? Que dans certaines régions on se sert de planches pour faire la cuisine ? Qu’en pensent l’assemblée monocolore et son ectoplasme de président Gaombalet ?
Autre question qui me taraude : à quoi sert le premier ministre et surtout qu’attend-il pour démissionner depuis qu’il se ridiculise en avalant couleuvres sur couleuvres ? Voilà un Monsieur qui ne dit jamais rien , qui ne proteste pas quand tout va mal . Sa caution à la dictature de Bozizé est une énigme pour moi . Après réflexion, j’ai compris que comme tous les dictateurs, Bozizé a cru naïvement qu’un professeur de mathématiques allait l’aider à résoudre la difficile équation financière de la RCA . Seulement il est tombé sur une bonne pâte aphone, sourde et muette qui ne retrouve la voix qu’à l’extérieur du pays pour ânonner des discours écrits par d’autres. Alors, il le garde pour le malheur de la RCA.
Quant aux raisons qui ont emmené Bozizé à Paris, elles sont plus prosaïques que tout ce qui a été dit jusque-là :
a/ Ecouler ses diamants ainsi que ceux volés, entreposés et retrouvés ( probablement ) chez son neveu Ndoutingaï . Les vrais hommes d’affaires français capables d’aider un pays comme le nôtre sont en vacances sur leurs bateaux de luxe. Anvers n’est pas loin. Cependant, il faut néanmoins expliquer à Bozizé l’importance de la période estivale dans la zone tempérée !
b/ Se rapprocher par tous les moyens des socialistes pour sonder leurs intentions et solliciter de l’aide financière,
c/ Boycotter éventuellement la conférence de Nguérékata,
d/Enfin montrer que ce qui se passe en RCA ne le préoccupe guère. Cet homme n’aime pas notre pays : c’est pourquoi il le violente tous les jours. Son départ du pouvoir apporterait un peu de sérénité et de paix pour la longue convalescence de la RCA.
Bozizé et ses sbires se sont présentés comme des libérateurs. Je lui réponds que Pol Pot et ses Khmers rouges aussi. Il a beau bâtir son trône avec des baïonnettes, il ne restera pas longtemps assis dessus ! A certains de mes compatriotes qui continuent à l’appeler « l’homme fort » de Bangui, je les exhorte à se remémorer le fameux discours d’OBAMA au Ghana « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, elle a besoin d’institutions fortes » . Peu d’hommes politiques africains méritent cette appellation car ce qu’ils considèrent comme une force est en réalité une faiblesse qui mine leur propre pays et donc notre continent. Pour moi, Nelson MANDELA est un homme fort. Puisse la RCA trouver un jour cette espèce d’homme en voie de disparition et tout le peuple s’accordera pour reconnaître sa force.
KaDé ( France )