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24 juillet 2009 5 24 /07 /juillet /2009 18:35




Officiellement investi le 19 juillet dernier par le Parti démocratique gabonais (PDG) comme candidat à la présidentielle du 30 août prochain, Ali Bongo Ondimba se retrouve aujourd'hui en lice avec des barons du parti qui ont claqué la porte du parti en dénonçant la procédure de désignation du candidat. Dans une interview accordée à RFI dont nous publions des morceaux choisis, le candidat du PDG se prête aux questions sans ambages des journalistes africains sur son investiture, la solidité du parti, ses origines, la corruption ou encore l'alternance politique.

Les observateurs du monde entier de la scène politique gabonaise prédisaient à demi mots un coup d'Etat orchestré par vous au lendemain du décès de votre père Omar Bongo Ondimba. Il n'en est rien finalement, du moins dans sa conception classique, comme il nous a été donné d'assister au Togo ou en RDC, il semblerait que vous ayez été plus subtil dans l'approche, puisque le coup de force s'est opéré au sein même du parti de votre père, le PDG. Qu'est-ce que vous répondez à cette observation ?

 «Je pense tout simplement ceux qui me connaissent vraiment n'avaient aucun doute et aucune inquiétude sur la manière dont les choses allaient se passer ici au Gabon. Je suis profondément légaliste et pour moi il n'a jamais été question de faire, comme vous l'avez suggéré, ce que l'on appelle vulgairement un coup d'Etat.

 Cela ne vous a jamais tenté ? Vous ne vous êtes jamais dit que vous vous trouviez en position de force avec l'armée et que vous pouviez le faire sans attendre ?

 On l'a vu ailleurs et nous estimons que cela n'a jamais été la bonne méthode. Le président Bongo nous a légué des institutions fortes, donc il n'était nullement question pour nous de pouvoir même envisager cette solution là. De plus, je tiens à faire remarquer que mes états de service plaident pour moi. Cela fait pas mal d'années que j'ai été associé au processus de démocratisation du pays et je ne vois pas pourquoi, après avoir lutté en tant que compatriote pour que nous puissions avoir une plus grande démocratie, que je sois, moi, le premier à venir lui porter un coup fatal.

Par rapport au «passage au forceps» au sein du PDG, votre parti dans lequel vous êtes vice-président. Est-ce un «passage au forceps» ? Est-ce que les règles démocratiques ont été respectées ?

Comment peut-on parler de forceps alors que nous avons enregistré 10 candidatures et que nous avons suivi un processus de sélection qui était une première dans notre pays. Je peux dire que les choses se sont passées le plus démocratiquement possible. Nous avons tous été auditionnés et c'est à la suite de nos auditions que les dirigeants du parti, notamment le comité de concertation et le comité permanent du bureau politique, ont pris la décision qui est la leur.

Et comment expliquer que des membres influents du parti, qui ont souvent fait route avec vous, puisque vous étiez avec un des nouveaux candidats dans le courant des Rénovateurs, contestent aujourd'hui ce système, se mettent en marge et soient candidats à leur tour ?

 C'est très difficile pour moi de répondre à cette question. La seule question qu'on pourrait se poser est de savoir quelle aurait été leur réaction si c'est eux qui avaient été sélectionnés ? Je crois que lorsqu'on s'engage à jouer une partie de football, on ne s'engage pas à jouer au rugby. On connaît les règles avant, donc on n'attend pas la fin du match, le coup de sifflet final, pour dire que, finalement, on n'était pas d'accord avec les règles du football et puis qu'on aurait préféré jouer au rugby ou au handball. Je crois qu'au départ tout le monde connaissait les règles, tout le monde savait comment cela allait se passer.

Toutes les règles ont été respectées jusqu'au bout ? Il n'y a pas eu d'arrangements souterrains qui feraient que ce soit vous qui bénéficiez des amitiés de votre papa ?

Je pense que c'est faire injure aux dirigeants du parti qui sont des gens sérieux et qui ont tout simplement appliqué les statuts de notre parti, statuts qui ont été acceptés par tous lors du Congrès de septembre 2008. A partir de ce moment là tout le monde connaissait la règle du jeu. Je pense que tout ceci s'est passé normalement. Le processus a été même plus long dans la mesure où la concertation nous demandait que des contacts soient pris, que les membres du comité permanent du bureau politique prennent leur temps ; ce qu'ils ont fait. Encore une fois les choses se sont bien passées et je pense que le parti en est sorti renforcé et encore plus fort.

Le PDG ne vit-il pas le début de sa fin ?

 C'est une question qui nous fait un peu sourire. On a tellement prophétisé la fin du PDG. Je peux vous dire que le congrès que nous avons tenu hier a été une bonne réponse à tous ceux qui étaient dans le doute.

 Mais cela n'a empêché qu'il y en ait d'autres qui présentent des candidatures indépendantes alors qu'ils étaient membres du PDG.

C'est plutôt un signe de vitalité au niveau du discours, du débat. Et tous les observateurs auraient été plus sceptiques s'il n'y avait eu qu'un seul candidat.

 Il se trame des rumeurs sur vos origines. Est-ce un handicap ou craignez-vous un spectre à l'ivoirienne ?

 (Rires) Ceux qui affirment cela sont des très mauvais connaisseurs de l'histoire.
Mais d'où vient la rumeur ?

Certainement parce qu'à l'époque de la guerre du Biafra, un certain nombre d'enfants du Biafra se sont réfugiés au Gabon, certains sont restés, certains sont partis.

 Mais pourquoi cela tombe sur vous ?

 Allez le demandez à ceux qui affirment ce genre de rumeurs. (…) Ceux qui font cela ne me font pas injure à moi, ils font injure à mes parents. Je crois que les mêmes gens qui ont fait confiance à Omar Bongo pendant 40 ans, pensent qu'il allait leur mentir sur un sujet comme celui là. C'est ridicule. (…) Je suis un des rares Gabonais qui ont grandi devant les yeux de la Nation.

N'avez-vous pas peur que les affaires familiales se retournent contre vous ? On a cité votre nom dans l'affaire des biens mal acquis...

Ceux qui ont cité mon nom sont très mal informés.

 Vous voulez dire que vous ne possédez rien à Paris de ces appartements ou ces véhicules de luxe dont on parle souvent ?

 Ne soyez pas ridicule. Je dis encore une fois que ceux qui prétendent connaître un certain nombre de choses sur moi ne savent rien. Je ne redoute rien et je ne crains rien.

Le jour du décès du président Bongo Ondimba, il y a eu fermeture des frontières et déploiement d'auto-mitrailleuses devant le siège de l'UPG, le principal parti de l'opposition. Est-ce que vous n'utilisez pas vos fonctions et vos positions pour maintenir la pression et faire peur à vos adversaires ?

Je crois simplement que vous avez été très mal informés. Certes les frontières ont été fermées 24 heures. Simple mesure conservatoire. A ce moment là le chef de l'Etat vient de décéder, le vice-président, le Premier ministre et le président de l'Assemblée nationale étaient hors du territoire national et donc les frontières ont été fermées 24 heures en attendant le retour de ces personnalités là, c'est tout. Ensuite, concernant le déploiement de chars devant le siège de l'UPG, cela ne s'est pas du tout passé comme ça et nous n'avons jamais déployé de chars devant la demeure de celui-ci.

 (…) Ce qui est clair c'est qu'un officier général est allé rencontrer le président de l'UPG pour lui signaler que l'armée était prête à assurer sa sécurité si tel était son désir. Si cela avait été son désir, la chose aurait été faite. Mais il ne l'a pas souhaité et le général est rentré chez lui. Il n'y a jamais eu de char garé devant chez lui.

 «Chaque vache lèche son veau» dit un proverbe africain et on sait qu'au Gabon on ne gouverne qu'avec la France. Alors, monsieur Ali Bongo, quel rapports avez vous avec Paris ? Avez-vous été bien introduit ?

 Personnellement j'ai de bons rapports avec les autorités françaises, ne serait-ce que dans les fonctions qui sont les miennes. J'ai connu plusieurs ministres de la Défense. La France est notre premier partenaire en matière de coopération militaire et pour l'instant cela se passe très bien.

Vous avez récemment rencontré le président Sarkozy.

Oui quand il est venu à Libreville.

Pas avant ?

Je l'avais rencontré il y a déjà plus d'un an à Paris, oui.

Donc vous étiez déjà en préparation.

Je l'ai rencontré dans le cadre de mes fonctions puisqu'il s'agissait aussi de parler avec lui de coopération militaire entre le Gabon et la France et de la révision des accords de défense.

Le corbeau ne comprend rien du langage du rossignol. Monsieur Ali Bongo, la mauvaise maîtrise des langues locales gabonaises n'est-elle pas un réel handicap pour votre campagne ?

 Qui est le corbeau et qui est le rossignol ? C'est un mauvais procès d'intentions que l'on me fait. Nous avons une cinquantaine de dialectes au Gabon. A supposer que j'en parle un, il y en aurait 49 que je ne parle pas. Alors quelqu'un peut il être élu simplement parce qu'il parle un dialecte alors qu'il ne va pas parler les 49 autres ?

Peut-t-on faire une campagne dans l'arrière pays sans parler les dialectes lorsque l'on rencontre les électeurs ?

 Ceux qui avancent certaines choses sont très mal renseignés. Je comprends mon dialecte et le parle peu, tout simplement par coquetterie parce que je n'ai pas un bon accent et pour éviter de déclencher l'hilarité je m'abstiens de le parler alors que je le comprends bien.

 On a beaucoup parlé des rivalités de famille avec votre soeur Pascaline. Les choses se sont elles arrangées en famille et le beau-frère Toungui a-t-il renoncé à ses ambitions à votre profit ?

Là encore je dirais qu'il ne s'agissait que de fantasmes de certaines plumes. Curieusement c'est toujours à l'extérieur de votre famille que les gens pensent mieux vous connaître. Apparemment il y a des spécialistes de Pascaline, d'Ali Bongo et autres, et qui connaissent mieux que nous-mêmes ce qui se passe dans notre propre famille. Les choses sont très simples. Pascaline c'est ma soeur et je pense un peu mieux la connaître que d'autres. Il n'a jamais été question que nous puissions être divisés.

Même si son mari avait eu des ambitions d'occuper le fauteuil que vous voulez occuper aujourd'hui ?

 Au Gabon, chaque citoyen est libre.

 Vous voulez dire que votre beau-frère n'a jamais essayé d'être candidat à la présidentielle et que cela aurait pu apporter des dissensions dans la famille ?

 Est-ce qu'il vous l'a dit ? Je voudrais savoir à qui l'a-t-il dit ? Apparemment nous avons des spécialistes qui savent lire et décoder les affaires familiales. Et apparemment ils ont une meilleure méthode de lecture que moi, alors j'aimerais bien qu'ils puissent m'en faire profiter de temps en temps.

 Monsieur le ministre, dans votre discours de dimanche, vous avez lancé un appel sous forme de promesses pour une meilleure répartition des richesses nationales et surtout pour une lutte acharnée contre la corruption. Pourquoi faudrait-t-il vous croire quand on sait que vous êtes un pur produit de cette corruption au Gabon ? Avez vous conscience du fait que lutter contre la corruption reviendrait à vous attaquer inévitablement à des dignitaires du système Bongo, des dignitaires qui vous ont certainement aidé ?

 Je vous remercie pour cette question, encore que je ne sais pas d'où sort cette affirmation de dire que je suis un pur produit de la corruption. Au Gabon, nous connaissons notre pays, nous connaissons ce qui va bien, nous connaissons ce qui ne va pas bien. Sur cette question du partage, c'est une question essentielle. Cette notion de partage va devenir pour nous une vraie religion. Si je suis cette affirmation qui a été faite que je suis un pur produit de la corruption, pourquoi diable me mettrais-je dans les difficultés en venant parler de quelque chose comme cela. Je continuerais à profiter du système, pourquoi viendrais-je dire moi qu'il faut arrêter cela.

Cela peut-être une promesse électorale ?

C'est très dangereux de venir faire des promesses électorales de ce genre. Je ne suis pas quelqu'un qui avance des choses simplement comme cela. Ceux qui me connaissent savent très bien que je dis ce que je fais et je ferais ce que j'ai dis. J'ai un bilan dans le ministère qui est le mien, où il y a le plus de sanctions. Un, nous allons veiller à une meilleure répartition des fruits de la croissance ; deux, que nous récompenserons l'effort et le travail bien fait ; trois, que nous sanctionnerons là où il faudra sanctionner, sans exagération mais sans faiblesses non plus. (…)

Est ce un avantage ou un handicap de s'appeler Bongo ?

 Tout le monde semble dire que c'est un handicap. Du point de vue marketing c'est déjà un avantage parce que mon nom est connu. La question est toujours la même lorsqu'on a un nom connu, c'est de se faire un prénom. Je me suis fait un prénom au Gabon, de là ne vient pas le problème. Mon problème vient du fait que les gabonais m'ont vu grandir, ma silhouette est connue, mais ils ne me connaissent pas.

 Pourquoi ?

 Pour une raison très simple. Dans nos traditions, le père est devant, l'enfant est derrière. Il est quand même difficile que de penser que j'aurais pu venir me hisser à son niveau et me mettre devant. Les mêmes qui me disent qu'ils ne me connaissent pas auraient été les premiers à me pourfendre.

 Le reproche qui a été fait à votre père c'est la longévité au pouvoir, d'avoir fait 41 ans. Aujourd'hui vous aspirez à occuper le même fauteuil, peut on avoir la certitude que vous n'allez pas rester aussi 41 ans aux affaires ? Est ce qu'il peut y avoir une chance d'alternance au pouvoir ? Est ce que vous y pensez, à vous éterniser vous aussi au pouvoir pour faire 2 générations de Bongo à la tête du Gabon ?

 Etant donné que j'en ai déjà 50 ans, plus 40 ce sera difficile. Ce n'est pas du tout l'objectif qui est le mien. Je suis pour l'alternance, mais cette alternance, c'est le peuple qui en décide.

Est ce que vous vous êtes pour un nombre limité de mandats ?

Je crois que c'est une question qu'il faut regarder calmement et sereinement, plutôt que de vous répondre tout de suite ce que les gens veulent entendre. Je ne veux pas être comme ces gens qui se précipitent à répondre parce que c'est dans l'ère du temps d'être pour les limitations de mandats et puis demain ils vont commencer à se gratter la tête pour savoir comment tripatouiller la Constitution pour changer cela. Je crois que c'est un problème très sérieux et qui doit être regardé en profondeur pour voir quels sont les axes de réflexion. Si on parle de limiter les mandats, c'est peut être tous les mandats qu'il faut limiter, pourquoi seulement certains et pas d'autres.

 Mais vous personnellement, vous aspirez à rester aux affaires combien de temps si vous y arrivez ?

Dieu seul sait. Mais encore une fois je peux vous dire que je ne vais pas m'éterniser au pouvoir pour la plaisir de m'éterniser au pouvoir».

Source : RFI 24-07-2009   

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