par RFI le 04/06/2009 à 13:19 TU
Le colonel Charles Massi a été arrêté il y a deux semaines près de la frontière entre le Tchad et la Centrafrique. Selon le ministère tchadien de l'Intérieur, l’ancien ministre centrafricain des Mines s'apprêtait à rejoindre les rebelles centrafricains de la Convention des patriotes pour la justice et la paix, un mouvement qu'il dirige et qui n'adhère pas au processus de paix en cours.
Avant son arrestation dans le sud du Tchad non loin de la frontière avec la
République centrafricaine, son pays, Charles Massi serait parti de la capitale tchadienne.
Selon le ministre tchadien de l’Intérieur, Ahmat Mahamat Bachir,
l’ancien ministre centrafricain des Mines est passé par Moundou et Sahr. Il a été interpellé alors
qu’il se rendait, comme passager à moto, de Sahr à Gonde près de la frontière. Il a été rapidement transféré dans une prison de Ndjamena.
Toujours selon le ministre tchadien de l’Intérieur, Charles Massi a été arrêté pour tentative de subversion d'un pays voisin à partir du Tchad, ayant avoué qu'il voulait rejoindre ses rebelles.
Un membre du gouvernement centrafricain a confirmé l’arrestation et
l’incarcération de Charles Massi au Tchad, affirmant que les autorités centrafricaines n'ont pas demandé à leur voisin tchadien d'arrêter Charles Massi. Il n’a pas indiqué si Bangui souhaite demander l’extradition du dirigeant de la Convention des patriotes pour la justice et la paix, une
rébellion qui conteste l’accord conclu l’année dernière par le dialogue politique inclusif.
Centrafrique Massi sera jugé au Tchad pour "tentative de déstabilisation"
N'DJAMENA (AFP) - jeudi 04 juin 2009 - 19h46 — L'ex-ministre centrafricain de la Défense et dirigeant d'un
mouvement rebelle, le colonel Charles Massi, sera jugé au Tchad pour "tentative de déstabilisation" après son arrestation dans ce pays au moment où il tentait d'aller en Centrafrique, selon une source officielle
jeudi.
"M. Charles Massi sera jugé pour infiltration frauduleuse dans notre pays et pour tentative de déstabilisation d'un pays voisin", a affirmé à l'AFP le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, Ahmat Mahamat Bachir.
"Le Tchad ne servira jamais de tête de pont à qui que ce soit pour mener des actions subversives contre un autre pays", a ajouté le ministre, "tout comme nous ne permettrons à aucun pays de fabriquer des mercenaires pour déstabiliser le Tchad".
Emprisonné à N'Djamena, Charles Massi a été arrêté il y a une dizaine de jours dans le sud du Tchad "alors qu'il tentait de traverser la frontière comme passager d'une moto +clando+ (taxi clandestin)", avait affirmé mercredi à l'AFP une source policière.
Ancien ministre sous le régime d'Ange-Félix Patassé renversé en 2003 par l'actuel président François Bozizé, Charles Massi est le principal dirigeant de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP).
Ce mouvement rebelle, qui n'a pas adhéré au processus de paix en cours en Centrafrique, s'est accroché avec l'armée centrafricaine à plusieurs reprises cette année dans le secteur de Ndélé (nord-ouest).
Ces attaques ont conduit à des mouvements de population et notamment à la création d'un camp de quelque 6.000 réfugiés à Daha, au Tchad, à la frontière centrafricaine.
Président-fondateur du Forum démocratique pour la modernité (Fodem), Charles Massi avait ensuite intégré en mai 2008 la rébellion de l'Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), qui a, depuis, signé les accords de paix avec le gouvernement dans le cadre du Dialogue politique inclusif (DPI), forum de sortie de crise.
M. Massi avait quitté le mouvement pour intégrer la CPJP.
Ce groupe armé qualifie le DPI "d'échec" et demande notamment "la dissolution du gouvernement formé le 19 janvier" sur recommandation de ce forum, en l'accusant d'être une équipe "de campagne" pour François Bozizé en vue de l'élection présidentielle de 2010.
"Le ralliement volontaire d'un officier supérieur à une rébellion constitue un acte de haute trahison",
avait indiqué le ministère de la Défense lors du ralliement de Massi à l'UFDR en 2008.
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NDLR : Il faut croire que les temps changent vraiment. Les mêmes autorités tchadiennes qui veulent aujourd'hui juger Charles Massi pour "tentative de déstabilisation d'un pays
voisin"à partir de leur territoire, auraient dû à l'époque inculper un certain François Bozizé qui se trouvait justement sur leur territoire tout
en se livrant à une grande entreprise de déstabilisation de la RCA naguère dirigée par un certain Ange Félix Patassé. En tout cas, on a beaucoup de mal à croire que ce que faisait Bozizé depuis
N'djaména, Sahr, Moissala et autres localités tchadiennes, soit autre chose que de la déstabilisation. "Qui veut noyer son chien l'accuse de rage"dit un
adage bien connu. Massi semble faire les frais d'un deal entre Idriss Déby et son vassal Bozizé, cela ne fait visiblement aucun doute.