Cameroon Tribune (Yaoundé) 26 Juin 2008
Raphaël Mvogo
Le chef de l'Etat centrafricain, nouveau président en exercice de la CEMAC, a défini hier son action face à la presse à Yaoundé.
Sécurité dans l'espace commun, libre circulation des personnes et des biens, problèmes de la vie chère liés à la crise alimentaire et ceux relatifs à la flambée des prix du pétrole. Voilà les chantiers auxquels François Bozizé entend consacrer son énergie « dans l'immédiat », dans le cadre de son mandat à la présidence en exercice de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC).
Le chef de l'Etat centrafricain a défini son action lors d'un échange avec la presse hier après-midi à l'hôtel Hilton de Yaoundé, au terme de la clôture de la neuvième conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'organisation sous-régionale. « Au moment où je prends cette haute fonction, c'est d'abord l'occasion pour moi de féliciter mon prédécesseur et en second lieu, de dire que je mettrai tout en oeuvre pour faire en sorte que la nouvelle mission qui m'est confiée soit conduite dans de bonnes conditions », a-t-il déclaré.
Effectivement, François Bozizé situe sa vision de la CEMAC dans « le prolongement » de l'oeuvre menée par son prédécesseur camerounais Paul Biya. La CEMAC, a-t-il rappelé, est la première institution sous-régionale africaine après l'OUA (Organisation de l'unité africaine), ancêtre de l'Union africaine (UA). « Beaucoup de sous-régions, a-t-il commenté, s'en sont inspirées, pour créer notamment la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), la SADC (Organisation économique des Etats de l'Afrique australe). »
Répondant aux critiques selon lesquelles l'organisation sous-régionale de l'Afrique centrale avance lentement, le président centrafricain a affirmé que la CEMAC fonctionne normalement, avec plusieurs réalisations à son actif. Il a par exemple cité le cas de la force multinationale, la FOMUC, déployée notamment en République centrafricaine, qu'il a qualifiée de pionnière sur le continent. « Est-ce qu'il y a d'autres forces qui ont déjà mis en oeuvre leur capacité sur le terrain comme la FOMUC ? Je ne crois pas », s'est-il vanté. Selon lui, l'organisation n'a pas une évolution lente, mais « prudente ».
Interrogé sur la situation politique dans son pays, François Bozizé a reconnu que la République centrafricaine « est un pays à soubresauts permanents, mais quelquefois des politiciens habiles utilisent la presse. Nous avons eu un premier dialogue politique et voilà qu'il nous faut un deuxième ». « Notre politique est une politique de réconciliation nationale, d'ouverture et de développement avec tous les fils du pays ( ) Le dialogue politique inclusif se fera avec tout le monde », a-t-il indiqué.
Question de journaliste : y compris l'ex-chef de l'Etat Ange-Félix Patassé, qui vit en exil au Togo? « Je l'ai toujours dit, depuis le changement (du 15 mars 2003) jusqu'à ce jour, qu'il est libre de venir en République centrafricaine, son pays ». Mais, François Bozizé a rappelé que son prédécesseur « a des dossiers à Bangui, à la justice centrafricaine comme au TPI ».
Au plan économique, il a confié que les négociations avec les institutions de Bretton Woods évoluent de manière satisfaisante en vue de l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE (pays pauvres très endettés).