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12 juin 2008 4 12 /06 /juin /2008 23:03

 

Par Finbarr O'Reilly

 

GOZ-BEIDA, Tchad 12 juin 08 (Reuters) - Des rebelles tchadiens annoncent le lancement d'une nouvelle offensive dans l'est du pays pour renverser le "régime décadent" du président Idriss Déby et invitent la France et l'Union européenne à s'"impliquer" dans le règlement de cette nouvelle crise.

 

Abderaman Koulamallah, porte-parole de l'Alliance nationale, a déclaré à Reuters que quatre colonnes rebelles avaient avancé "profondément" en territoire tchadien, dans la région de Dar Sila, avec pour objectif de fondre sur N'Djamena. "Notre objectif est de renverser Déby", a-t-il précisé.

 

Koulamallah, membre de l'Union démocratique pour le changement (UDC), l'une des composantes de l'Alliance, a affirmé que les rebelles avaient essuyé le feu d'hélicoptères de l'armée régulière tchadienne et avaient abattu l'un des appareils.

"Nous pensons transporter la guerre à l'intérieur du pays", a-t-il ajouté par téléphone de Paris, où il assure être en contact avec les chefs militaires rebelles.

 

Le gouvernement tchadien, qui accuse les rebelles d'être soutenus par le Soudan, n'a pas réagi immédiatement à l'annonce de cette nouvelle offensive dans un secteur où est basée l'Eurfor, la force européenne charge de la protection des civils, des réfugiés et des employés humanitaires menacés par le débordement du conflit du Darfour voisin.

 



"PRETS A NE PAS FAIRE LA GUERRE"

 

Le contingent irlandais de l'Eufor, basé à Goz-Beïda, a déclaré avoir reçu des informations sur un engagement à Modeïna, 70 km plus au nord-est, entre des rebelles de l'Union des forces pour la démocratie et le développement, membre de l'Alliance nationale, et l'aviation gouvernementale.

 

"Mais nous n'avons aucune précision sur les pertes ou les destructions. Nous n'avons nous-mêmes aucun dispositif dans ce secteur et nous ne pouvons donc pas confirmer ces informations", a déclaré à Reuters le commandant Stephen Morgan, porte-parole du 97e bataillon irlandais d'infanterie.

 

Koulamallah a déclaré que les rebelles seraient prêts à suspendre leur offensive si la France et l'Union européenne contraignaient Déby à accepter des pourparlers de paix avec tous ses opposants politiques ou armés.

"Si la France et l'Union européenne s'impliquent pour garantir un accord, nous sommes prêts à ne pas faire la guerre", a affirmé le porte-parole de la guérilla, qui tente depuis plus de deux ans de chasser Déby du pouvoir.

En février dernier, les rebelles avaient réussi à atteindre N'Djamena et à assiéger le président tchadien dans son palais avant de battre retraite lorsque la France, qui dispose de troupes et d'avions au Tchad, lui avait témoigné son soutien. Les affrontements avaient fait des centaines de morts.

Dans un communiqué, les rebelles de l'Alliance nationale adjurent la France, qui dispose aussi sur place de moyens de renseignement et de logistique, de ne pas intervenir cette fois pour soutenir le président tchadien et l'exhortent à agir en médiateur.

On s'attendait généralement à une nouvelle offensive rebelle contre Déby - lui même parvenu au pouvoir par la force en 1990 - depuis l'attaque de Khartoum par des rebelles darfouris le mois dernier. Le Soudan et le Tchad s'accusent en effet chacun de soutenir l'insurrection contre l'autre.

 

Version française Marc Delteil

 


Mais à quoi servent les services secrets français au Tchad ?

 

Bakchich jeudi 12 juin

 

Le général français Jean-Philippe Ganascia, patron au Tchad de la force européenne de l’Eufor, dispose de services de renseignement bien aveugles. Le 2 juin dernier, dans les salons climatisés de l’Hotel Méridien-Chari, à N’Djamena, il annonçait devant les journalistes sur un ton péremptoire : « Actuellement, nous n’avons aucune information qui puisse nous laisser penser raisonnablement qu’il puisse y avoir un raid rebelle comparable à celui de février ni même à celui qui s’est produit le 1er avril (…). Selon moi, il n’y a pas d’attaque imminente et on peut s’interroger sur le potentiel militaire résiduel de ces groupes ».

 

Mais ce jeudi 12, on apprend que les rebelles tchadiens sont repassés à l’attaque dans le Dar Sila, dans l’est tchadien. En guise de hors d’œuvre, ils ont même touché un gros hélicoptère d’attaque russe de l’armée du dictateur Idriss Déby, qui a atterri d’urgence près du camp de l’Eufor, à Abéché. Avant de nouveaux combats qui ne s’annoncent pas comme une partie de plaisir, l’un des porte-parole de la rébellion tchadienne a lancé un ultime appel à la France. Il lui demande « d’être une puissance médiatrice pour garantir un véritable accord entre toutes les parties et aboutir à la paix dans le pays ».

 

 

Silence radio, au quai d’Orsay et à l’Elysée. Notre vibrionnant ministre Bernard Kouchner sillonne le monde - du Liban à la Palestine ou la Colombie - pour jouer les bons offices. Mais soucieux de ne pas froisser son vieil ami Déby, il se refuse, jusqu’à présent, à tendre la main à l’opposition tchadienne. Et à engager un processus de paix au Tchad, où l’armée française est quand même en première ligne.

 

 

 

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