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10 juin 2008 2 10 /06 /juin /2008 21:53


(Les Afriques 10/06/2008)

 

Areva, leader mondial de l’énergie nucléaire, compte doubler sa production d’uranium d’ici à 5 ans avec des investissements de € 3 milliards. L’Afrique en sera largement bénéficiaire. Les cours élevés de l’uranium et la réduction des CO2 portent le groupe.


       Poudre d'uranium ou "yellow cake"

Le groupe français Areva compte doubler sa production annuelle d’uranium dans les cinq ans pour la porter à plus de 12 000 tonnes. Des investissements de € 3 milliards seront engagés, particulièrement en Afrique. Areva est présent sur le continent depuis plus de 40 ans à travers la Somair et la Cominak au Niger. Avec le rachat de la canadienne Uramin en juillet 2007, Areva a diversifié ses sources d’approvisionnement en Afrique avec des projets, plus ou moins avancés en Namibie, en Afrique du Sud et en République centrafricaine (RCA).

Le gisement d’Imouraren


Le gain de production proviendra essentiellement du Niger, troisième producteur mondial, avec la mise en exploitation du gisement d’Imouraren au Niger. Gisement à faible teneur (0,8 kg d’uranium pour 1000 kg de roches minéralisées), Imouraren « sera le plus grand projet d’exploitation d’uranium au Niger, la plus grande mine à ciel ouvert de l’Afrique de l’Ouest » affirme Yves Dufour, porte-parole de la mine d’Areva et directeur des activités sociétales. La première étape est l’obtention du permis d’exploitation en cours : l’étude de faisabilité a été déposée en avril, et celle environnementale et sociétale en mai. Si la réponse est positive, « le projet pourrait être au plut tôt obtenu au cours de l’été » précise Yves Dufour.

 
Les investissements, environ € 1 milliard, pourront alors être lancés. « Mais ce qui est le plus délicat, et qui touche tout le monde minier à travers la planète, c’est la disponibilité en engins miniers car la demande en ressources minérales est très importante et les fabricants ne suffisent plus à la tâche. Il y a donc des attentes énormes. Mais on espère, et compte tenu de notre connaissance du marché d’approvisionnement, une mise en production en 2012/13 ». Une mise en production qui sera progressive avec au départ 1 000 à 1 500 tonnes par an, puis rapidement 3 000 t avec des phases supérieures ensuite pour monter jusqu’à 4 000-5 000 t. La durée d’exploitation est prévue sur 40 ans.


Climat apaisé


Le climat s’est apaisé entre le Niger et Areva, qui a perdu son monopole de fait, le pays ayant accordé plusieurs permis d’exploration à des sociétés étrangères. Mais, souligne Yves Dufour, « nous sommes aujourd’hui les seuls à travailler au Niger. Les Chinois sont partis, les Canadiens ne sont pas là, il n’y a pas d’Australiens, il y a plus d’une centaine de sociétés qui ont déposé au Niger mais aucune ne travaille ». Des tensions très fortes étaient apparues début 2007 avec la relance de la rébellion armée des Touaregs du Mouvement des nigériens pour la justice (MNJ), allant jusqu’à l’expulsion du représentant d’Areva. Quelques mois plus tard, le gouvernement nigérien a négocié et obtenu d’Areva, le relèvement à FCFA 40 000 le prix du kilo d’uranium. Parallèlement, plusieurs associations, Sherpa, MDM et le CRIIRAD, ont dénoncé les conditions d’exploitation de l’uranium au Niger en accusant Areva de mettre en danger les salariés et les riverains de ses mines. En réponse, Areva a décidé de créer un observatoire de la santé et une veille sanitaire autour des sites miniers, non seulement au Niger en cours de finalisation, mais aussi sur tous ses sites miniers à travers le monde.

La diversification par l’acquisition d’Uranim


Outre le Niger, Areva détient plusieurs projets à différents stades d’avancement en Afrique obtenus grâce au rachat de la canadienne Uramin, en juillet 2007. Le projet le plus immédiat est la mine de Thekkopije en Namibie, dont la production devrait démarrer en 2009 pour atteindre environ 2 000 t par an.


Un autre gisement minier, connu lui aussi depuis longtemps, comme celui d’Imouraren, mais resté dans les cartons faute d’un prix de l’uranium attractif, le gisement de Bakouma en République centrafricaine (RCA). Toutefois, l’opération est plus délicate. D’une part, le gouvernement centrafricain a contesté les droits acquis par Areva à la suite du rachat d’Uramin et, d’autre part, le gisement est complexe car, dans la roche, se trouve aussi du phosphate, donc le traitement du minerai est plus compliqué. Sur le premier point, les négociations ont toujours lieu entre le gouvernement et Areva. « Ce que nous proposons au gouvernement centrafricain, c’est de développer encore davantage la connaissance du gisement et de trouver si possible des ressources supplémentaires. On a actuellement environ 9 000 tonnes en ressources. Ce gisement est éloigné de tout avec des infrastructures à construire. Si on tombe d’accord, ce sera une grande aventure industrielle et minière », souligne Yves Dufour. Sur les associations uranium-phosphates, Areva a d’ailleurs conclu un accord en 2007 avec l’Office chérifien des phosphates (OCP, Maroc) afin de mettre en place une recherche-développement pour valoriser l’uranium, présent avec une basse teneur dans les gisements marocains de phosphates.


« Les Chinois sont partis, les Canadiens ne sont pas là, il n’y a pas d’Australiens, il y a plus d’une centaine de sociétés qui ont déposé au Niger mais aucune ne travaille ».


Enfin, toujours en Afrique, Uranim avait identifié des ressources dans le site de Ryst Kuil au Nord du Cap. Areva est dans l’attente des résultats des sondages.


Dans les années à venir, l’Afrique sera le cœur de l’activité d’Areva, avec un rééquilibrage sur le long terme. Aujourd’hui, la production d’uranium d’Areva est de 6 046 tonnes (2007), dont 41% provient de l’Afrique. Avec les développements envisagés, la part de l’Afrique devrait monter à environ 50% dans un premier temps. Dans un premier temps car, affirme Yves Dufour, « parallèlement nous développons une exploration très intense au Canada, qui ne donnera pas des résultats immédiats, mais dans les 15-20 ans, le Canada rééquilibrera donc la production, voir le Kazakhstan et l’Asie ».

 
Les juniors prennent pied en Afrique


A la question de savoir si avec l’intense mouvement de fusions&acquisitions dans les mines, la concurrence s’était exacerbée aussi dans l’uranium, Yves Dufour répond : « Sur les permis d’exploration, dans la fin des années 70 et du début 80, il y avait une concurrence énorme sur la planète sur l’uranium. Ce qui est nouveau aujourd’hui en Afrique, c’est que l’on voit les juniors, -on dénombre entre 700 et 800 juniors, principalement nord-américaines, au niveau mondial-, investir l’Afrique. La finalité d’une junior n’est pas obligatoirement l’exploitation, c’est surtout de faire des leviers financiers en bourse, cela paraît toujours délicat, pour de pas dire autre chose, de les voir s’investir en Afrique parce que la bonne finalité d’une exploration en Afrique, c‘est de mettre en exploitation. C’est vrai qu’il y a énormément de juniors internationales qui viennent s’investir en Afrique. Certaines ont plus d’éthique et vise l’exploitation. Ce n’est pas facile de passer du stade junior au stade major. Les grandes juniors qui se lancent dans l’exploitation, ont pas mal de déboires car c’est un métier, on n’exploite pas l’uranium comme de l’or ou du nickel ».


Par Anne-Guillaume Gentil, Paris. 10-06-2008

 

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