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Au Cameroun la tension baisse après le discours musclé du président Biya
YAOUNDÉ (AFP) - jeudi 28 février 2008 - 17h12 - L'armée a pris position jeudi dans les rues de Yaoundé au lendemain d'un discours musclé du président Paul Biya promettant de mettre fin aux
plus graves violences urbaines depuis le début des années 1990.
La situation semblait toutefois se normaliser lentement dans la capitale, d'ordinaire tranquille mais secouée mardi et mercredi par des incidents. Même retour au calme à Douala, le poumon
économique du pays, ville réputée frondeuse où les premières étincelles de samedi avaient dégénéré lundi en embrasement généralisé, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Après de nouveaux incidents pendant la nuit à la cité universitaire de Yaoundé, où les forces de l'ordre ont fait une "expédition" selon des témoins, la circulation a repris timidement dans le
centre-ville, et certains commerces ont rouvert leurs portes.
A Douala, quelques tirs sporadiques ont été signalés, mais la tension est retombée et les rues commençaient progressivement à s'animer.
Le calme prévalait aussi à Bamenda, chef-lieu de la province du Nord-Ouest et fief du principal parti d'opposition, le Social Democratic Front (SDF), ont rapporté des habitants joints par l'AFP.
Les affrontements entre des bandes de jeunes très mobiles et les forces de l'ordre ont fait au moins 17 morts depuis samedi à Douala et dans d'autres villes de l'ouest, selon un bilan établi par
l'AFP. Mais le nombre de victimes pourrait être plus élevé, d'après des témoignages difficiles à vérifier.
"Notre pays est en train de vivre des événements qui nous rappellent de mauvais souvenirs d'une époque que nous croyions révolue", a déploré mercredi soir le président Biya, évoquant les
opérations "ville morte" organisées en 1991 par l'opposition, qui réclamait une vraie démocratisation du régime.
A l'époque, le pays avait été longuement paralysé, mais l'opposition n'avait pas réellement obtenu gain de cause.
Face à la grogne sociale actuelle, liée à l'augmentation du prix de l'essence et des produits de première nécessité et au projet de révision de la Constitution visant à autoriser le chef de
l'Etat, au pouvoir depuis 1982, à briguer un nouveau mandat, Paul Biya n'a fait aucune concession.
Il a en revanche dénoncé, dans une allusion à peine voilée à l'opposition, "les apprentis sorciers qui dans l'ombre ont manipulé ces jeunes" afin "d'obtenir par la violence ce qu'ils n'ont pas eu
par la voie des urnes".
En conclusion de son allocution radiotélévisée, le président, 75 ans, a promis d'utiliser "tous les moyens légaux" pour faire cesser les violences. L'armée a pris position dans la foulée, dans
plusieurs zones de Yaoundé.
Qualifiant ce discours de "déclaration de guerre aux Camerounais", l'opposant Adamou Ndam Njoya a rejeté les accusations présidentielles.
"Cela montre qu'il ne maîtrise pas les problèmes des jeunes et les difficultés auxquelles sont confrontés les Camerounais et qui peuvent amener à des situations de désespoir comme nous en avons
vues ces jours-ci", a estimé M. Ndam Njoya, président de l'Union démocratique camerounaise (UDC).
"Ce qui est grave, c'est qu'on a l'impression que le président prend la situation à la légère", a renchéri le vice-président du SDF, Joshua Osih.
La France, "très préoccupée" par ces violences "inacceptables", a souhaité que le projet de réforme constitutionnelle "donne lieu à un débat large et ouvert avec toutes les composantes de la
société camerounaise".
Mais dans l'un des rares troquets ouverts jeudi à Douala, les commentaires allaient tous dans le même sens.
"Biya a gagné", a expliqué à l'AFP un quadragénaire qui a requis l'anonymat: "il va faire passer la révision de la Constitution sans problème maintenant. Il a le champ libre".
Centrafrique-Presse.com
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