Cameroun: mort d’un journaliste dans des circonstances troubles
Par AFP Publié 22 Janvier 2023 à 20h16
Un journaliste porté disparu dans des circonstances floues depuis plusieurs jours au Cameroun a été retrouvé mort dimanche, ont annoncé son média et une source policière, l’opposition et des organisations de défense de la presse dénonçant un « assassinat ».
Martinez Zogo, 51 ans, était le directeur général de la radio privée Amplitude FM, basée à Yaoundé, et l’animateur vedette d’une émission quotidienne, « Embouteillage », diffusée du lundi au vendredi et très écoutée dans la capitale camerounaise.
A l’antenne, il abordait régulièrement des affaires de corruption, n’hésitant pas à mettre en cause nommément des personnalités importantes.
Il avait disparu mardi dans des circonstances troubles.
Son corps a été découvert tôt dimanche matin à 15 kilomètres au nord de Yaoundé, a affirmé Charly Tchouemou, rédacteur en chef de la radio Amplitude FM. Ce dernier a assuré avoir reconnu sa dépouille, ajoutant que son corps était nu et entré en état de décomposition. Le décès a été confirmé par une source policière sous couvert de l’anonymat. Sollicitées, les autorités et la famille n’avaient pas donné suite dans l’immédiat.
« Assassinat odieux »
Le Syndicat national des journalistes du Cameroun a dit dans un communiqué sa « consternation », dénonçant un «assassinat odieux» et appelant les travailleurs des médias à se vêtir de noir le 25 janvier pour marquer leur deuil.
L’International Press Institute, organisation de défense de la liberté de la presse basée à Vienne, a exhorté les autorités camerounaises à «enquêter rapidement sur le meurtre horrible du journaliste Martinez Zogo et de veiller à ce que les coupables soient traduits en justice».
L’opposition politique s’est également indignée, à l’image du député de l’opposition du Social Democratic Front (SDF), Jean-Michel Nintcheu, qui a dénoncé dans un communiqué un «crime» qui «ne saurait rester impuni».
Sa disparition avait été confirmée par le gouvernement dans un communiqué samedi, et une enquête avait été ouverte quatre jours plus tôt pour faire la lumière sur les circonstances de sa disparition, avait appris l’AFP de source policière sous couvert de l’anonymat.
L’ONG Reporters sans frontières (RSF) affirmait vendredi que M. Zogo avait été «enlevé» le 17 janvier aux alentours de 20h devant un commissariat de la périphérie de Yaoundé. Il a bien été vu pour la dernière fois devant un poste de gendarmerie, avait confirmé la source policière précitée, qui précisait ne «pas disposer d’indices pour affirmer qu’il s’agit d’un enlèvement».
Son corps été acheminé dans la matinée à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé, selon M. Tchouemou. Une foule importante y était réunie ainsi que de nombreux éléments des forces de l’ordre. Une autopsie devait être réalisée sur place, a indiqué une membre de la famille de la victime.
Sous couvert d’anonymat, elle précisait ne pas avoir pu reconnaître personnellement la M. Zogo.
« A qui le tour ? »
«Il y a de nombreuses zones d’ombres concernant les circonstances de son enlèvement brutal. Les autorités doivent lancer une enquête rigoureuse, approfondie et indépendante pour établir toute la chaîne de responsabilité et les circonstances qui ont conduit à ce triste événement», a déclaré Sadibou Marong, responsable du bureau Afrique subsaharienne pour RSF.
Dimanche, plusieurs chaînes de télévision camerounaises avaient dédié leurs programmes à cet événement. Interrogée sur la chaîne Info TV, la célèbre romancière Calixthe Beyala s’est notamment dite «abattue, attristée. Je savais qu’il était mort dès qu’on a annoncé qu’il était enlevé. On peut se poser la question : à qui le tour ? Chacun de nous peut se retrouver dans cette situation pour quelque chose qu’il aurait peut-être dit».
Cameroun : un journaliste enlevé après avoir révélé des scandales financiers
SUD OUEST
Le journaliste radio Martinez Zogo a disparu depuis plusieurs jours. L’opposition et l’ONG Reporters sans Frontières dénoncent un enlèvement de celui qui révélait les scandales financiers de son pays
Le journaliste camerounais Martinez Zogo, qui dénonçait les scandales financiers de son pays a disparu. « Le public a été informé de la disparition depuis quelques jours, de Monsieur Zogo Martinez, chef de chaîne de la radio urbaine dénommée Amplitude FM », précise René Emmanuel Sadi, porte-parole du gouvernement, sur Twitter. Une enquête a été ouverte mardi, mais les recherches demeurent « infructueuses », a déclaré une source policière.
Le journaliste radio Martinez Zogo a disparu depuis plusieurs jours. L’opposition et l’ONG Reporters sans Frontières dénoncent un enlèvement de celui qui révélait les scandales financiers de son paysLe journaliste camerounais Martinez Zogo, qui dénonçait les scandales financiers de son pays a disparu. « Le public a été informé de la disparition depuis quelques jours, de Monsieur Zogo Martinez, chef de chaîne de la radio urbaine dénommée Amplitude FM », précise René Emmanuel Sadi, porte-parole du gouvernement, sur Twitter. Une enquête a été ouverte mardi, mais les recherches demeurent « infructueuses », a déclaré une source policière.
La nouvelle de la disparition du journaliste est abondamment commentée sur les réseaux sociaux, plusieurs voix s’élevant pour demander des comptes sur ses circonstances.
Dans un communiqué vendredi, l’ONG Reporters sans frontières a « condamné l’enlèvement brutal d’un journaliste », exhortant les autorités à « tout mettre en œuvre pour retrouver Martinez Zogo et amener les responsables devant la justice ». Selon RSF, « aux alentours de 20 heures le 17 janvier, des gendarmes de Nkol-Nkondi, en périphérie de Yaoundé, entendent un bruit fort provenant de l’entrée de leur poste. Ils y découvrent la voiture de Martinez Zogo amochée, le conducteur avait visiblement tenté d’enfoncer le portail ».
Tous les quatre jours, un journaliste se fait tuer dans le monde selon l’Unesco
Selon l’organisation de l’ONU, les trois pays les plus sanglants pour la profession sont le Mexique, Haïti et l’Ukraine. Dans ces pays-là : « il n’existe aucun lieu sûr pour les journalistes » affirme l’Unesco
Il abordait « des affaires de détournement de fonds »
« Les gendarmes constatent qu’un véhicule noir s’éloigne. Ils comprendront, un peu tard, qu’il s’agissait d’un enlèvement », poursuit RSF. « La dernière fois qu’on l’a vu c’était devant le poste de gendarmerie, mais nous ne disposons pas encore d’indices pour affirmer qu’il s’agit d’un enlèvement », a précisé la source policière.
Martinez Zogo abordait encore récemment à l’antenne « des affaires de détournements de fonds supposés », pointe RSF. « Il disparaît au moment où son émission se focalise sur des scandales financiers en citant des noms et des montants, en accusant certaines personnes haut placées d’avoir volé l’argent de l’État camerounais. C’est inquiétant de le voir disparaître dans ce contexte », a déclaré la militante d’opposition et présidente du Cameroon People’s Party (CPP), Kah Walla.