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2 novembre 2022 3 02 /11 /novembre /2022 22:08
Le Nil, plus grand fleuve d’Afrique, est-il en voie d’assèchement ?

 

 

https://www.sudouest.fr/ Par sudouest.fr avec AFP  Publié le 02/11/2022 à 17h38

De l’Ouganda à l’Égypte en passant par le Soudan, le plus grand fleuve du continent, qui assure la survie de millions de personnes, voit son débit baisser. En cause, le réchauffement climatique et l’exploitation humaine

Pour les Pharaons, il était la vie. Aujourd’hui, le Nil assure la survie de millions d’Africains. Mais avec le changement climatique, conjugué à son exploitation par l’homme, le compte à rebours a commencé pour le deuxième fleuve le plus long du monde.

L’image du fleuve long de plus de 6,500 km, célébré comme un dieu aux temps pharaoniques avec ses felouques, ses papyrus et ses mythes, n’a déjà plus rien d’idyllique.

La transformation est en cours. En 50 ans son débit est passé de 3 000 m³ par seconde à 2,830 m³ - 100 fois moins que l’Amazone. Avec la baisse des précipitations et la multiplication des sécheresses, il pourrait diminuer de 70 %, selon les pires prévisions de l’ONU.

Dans le delta, la Méditerranée a grignoté chaque année entre 35 et 75 mètres de terre depuis les années 60. Si elle monte d’un mètre seulement, elle engloutira 34 % de cette région du nord de l’Égypte et neuf millions de personnes devront se déplacer.

Le lac Victoria, plus gros pourvoyeur d’eau du Nil, est menacé par le manque de pluie, l’évaporation et les lents changements d’inclinaison de l’axe de la Terre. Ces prévisions aiguisent les appétits et les barrages construits au fil des années n’ont fait qu’accélérer une catastrophe annoncée.

De la mer à la source, de l’Égypte à l’Ouganda, le dépérissement du Nil, dont le bassin couvre 10 % de la superficie de l’Afrique et constitue une ressource essentielle pour quelque 500 millions de personnes, est visible.

Engloutie par la mer

Dans le delta du Nil, la terre a été engloutie sur 3 km entre 1968 et 2009. Le débit affaibli du fleuve ne peut plus repousser la Méditerranée, dont le niveau s’élève avec le réchauffement climatique (environ 15 cm au XXe siècle). Et le limon, qui consolidait le terrain et faisait barrage naturel, n’arrive plus jusqu’à la mer.

Ces sédiments de terre et de débris organiques restent bloqués dans le sud de l’Égypte depuis la construction du barrage d’Assouan pour réguler les crues, dans les années 60. Si les températures augmentent encore, la Méditerranée avancera chaque année de 100 mètres dans le delta.

À 15 km de la côte à vol d’oiseau, le bourg de Kafr Dawar. Sayed Mohammed, 73 ans y cultive maïs et riz au milieu de ses champs irrigués par des canaux de pierres. Mais le sel de la Méditerranée y a déjà pollué de nombreux hectares, affaiblissant les plants ou les tuant. Dans certains coins du delta, des champs ou des cultures ont été abandonnés.

À terme, la Méditerranée pourrait avaler 100 000 hectares de terres agricoles. Une catastrophe pour le nord de l’Égypte, d’où provient 30 à 40 % de la production agricole nationale.

Coupures de courant

En Égypte, 97 % des 104 millions d’habitants vivent le long du fleuve sur moins de 8 % du territoire. La moitié des 45 millions de Soudanais vivent sur 15 % du territoire le long du Nil qui assure 67 % des ressources en eau du pays.

En 2050, la population de ces deux pays aura doublé. Ils auront aussi tous deux gagné deux à trois degrés. Les projections du groupe des experts climat de l’ONU (Giec) anticipent qu’avec le réchauffement, l’évaporation réduira son débit de 70 % et la quantité d’eau disponible par habitant de 75 % en 2 100.

Or, dans les 10 pays qu’il traverse, le Nil assure aussi énergie. Le Soudan, par exemple, tire plus de la moitié de son électricité de l’énergie hydroélectrique. En Ouganda, c’est 80 %.

Mais cette électricité qui a radicalement changé la vie des locaux pourrait ne pas durer. Si les pluies se raréfient, le niveau du lac Victoria et donc du Nil va baisser. D’autant que selon une étude se basant sur des données historiques et géologiques des 100 000 dernières années, le lac Victoria pourrait avoir disparu d’ici 500 ans.

Capturer le débit

La vie sans électricité, c’est toujours le quotidien pour la moitié des 110 millions d’Éthiopiens, malgré une des croissances les plus rapides d’Afrique, et Addis Abeba compte sur son méga-barrage pour y remédier. Quitte à se brouiller avec ses voisins.

Le Grand barrage de la renaissance (Gerd), dont la construction a été lancée en 2011 sur le Nil Bleu, a un objectif de 13 turbines pour 5,000 MW. Depuis août, son réservoir contient 22 milliards de m³ d’eau sur 74 milliards.

Pour Le Caire, c’est une source de tension qui remet en question un accord conclu en 1959 avec Khartoum, mais sans l’Éthiopie, qui accorde 66 % du débit annuel du Nil à l’Égypte et en concède 22 % au Soudan. Pour protéger cet acquis, en 2013, des conseillers du président égyptien de l’époque, Mohamed Morsi, proposaient à la télévision le bombardement du barrage éthiopien.

Dans leurs plantations, les agriculteurs égyptiens, eux, ont déjà vu les effets du super-barrage d’Assouan qui, comme les barrages hydroélectriques construits en Éthiopie, en Ouganda ou au Soudan, retient le limon, précieux engrais naturel.

Privé de limon

Dans les luxuriants champs verdoyants d’al-Jazira où il cultive concombres, aubergines et pommes de terre grâce à des canaux sortis du Nil qui crachent l’eau à gros bouillons, Omar Abdelhay en sait quelque chose.

Au fil des ans, le travail est devenu de plus en plus dur pour cet agriculteur. Il y a huit ans, quand ce père de famille a commencé à cultiver les terres familiales, « il y avait du bon limon et le Nil nourrissait nos cultures ». Mais peu à peu, avec les barrages qui ne cessent de pousser, « l’eau s’est éclaircie, elle n’a plus de limon, même lors des crues », poursuit l’homme.

 

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