reuters.com | 02/10/2022, 18:52 par Mahamat Ramadane
N'DJAMENA (Reuters) - Le Tchad a adopté plusieurs dispositions repoussant de deux ans la tenue d'élections et autorisant le dirigeant intérimaire Mahamat Idriss Deby à rester au pouvoir jusqu'au scrutin auquel il lui sera permis d'être candidat.
Ces décisions ont consterné une partie de l'opposition et elles vont à l'encontre des préconisations de l'Union africaine, des États-Unis et d'autres puissances étrangères selon lesquels la junte ne doit pas monopoliser le pouvoir en prolongeant la transition ou en présentant des candidats à la présidence.
Les autorités militaires avaient initialement promis une transition de 18 mois lorsque Mahamat Deby a pris le pouvoir en avril 2021 dans la foulée de la mort de son, Idriss Deby, tué sur le champ de bataille lors d'un conflit avec des insurgés.
Selon le nouveau projet, approuvé samedi, la transition qui devait se s'achever en octobre a été prolongée de deux ans, ce qui signifie que les élections auraient lieu, au plus tôt, vers octobre 2024.
Il permet également à Mahamat Deby de demeurer au pouvoir jusqu'au scrutin.
Le Mali, le Burkina Faso et la Guinée ont également connu des coups d'État depuis 2020, faisant craindre un retour au régime militaire dans une région qui avait fait des progrès démocratiques au cours de la dernière décennie.
Affaibli par les conflits et la sécheresse, le Tchad est l'un des pays les plus pauvres du monde et connaît également des niveaux de malnutrition parmi les plus élevés. Selon le Programme alimentaire mondial, environ 2 millions de personnes y sont confrontées à de graves pénuries alimentaires cette année.
Le leader de l'opposition, Brice Mbaimon Guedmbaye, a dénoncé les nouvelles dispositions imposées pendant les pourparlers nationaux en cours.
"Il y a des lobbies qui font tout pour maintenir la junte au pouvoir contre la volonté du peuple", a déclaré Brice Mbaimon Guedmbaye, qui est président du parti Mouvement des patriotes tchadiens pour la République.
(Rédigé par Alessandra Prentice; version française Nicolas Delame)
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Tchad : le FACT dénonce une "dérive dynastique de transmission du pouvoir"
Alwihda Info | Par Info Alwihda - 3 Octobre 2022
Le président du mouvement politico-militaire FACT, Mahamat Mahdi Ali, dénonce une "dérive dynastique de transmission du pouvoir" dans un entretien à RFI, en réaction aux résolutions du dialogue national.
"On ne peut pas admettre, en 2022, transmettre le pouvoir de cette manière là. (...) Aujourd'hui, le sens de notre lutte trouve toute sa noblesse", réagit-il.
Le FACT s'était engagé à déposer les armes à la condition que les résolutions du dialogue national soient "conformes aux aspirations du peuple". Le mouvement est non signataire de l'accord de Doha et absent aux assises nationales.