CPS : le parquet requiert la perpétuité pour les trois principaux accusés des crimes de Koundjili et Lemouna
https://www.radiondekeluka.org/ jeudi 11 août 2022 10:37
Suspendues, le 22 juin 2022, les audiences de la Cour pénale spéciale dans le procès des crimes de Koundjili et Lemouna ont repris ce mardi 09 août 2022. Le parquet spécial, dans son réquisitoire, a demandé aux juges de condamner les accusés à la prison à perpétuité. En plus de la prison à vie, les procureurs ont recommandé la restriction des droits civiques, notamment le droit au vote ainsi que l’assistance des parents.
Le parquet spécial a présenté, cas par cas, la responsabilité pénale de chaque accusé. En ce qui concerne Issa Sallet Adoum alias Bozizé, il est désigné commandant des opérations ayant abouti aux massacres de Koundjili et Lemouna. Selon l’accusation, c’est ce dernier qui avait sollicité auprès de Abbas Sidiki, chef du mouvement armé 3R, un renfort pour cette mission.
Des incohérences dans les déclarations
Le parquet a relevé une incohérence dans les déclarations de Issa Sallet Adoum alias Bozizé et démontré sa responsabilité en tant que chef de mission, dans la commission du viol de six femmes parmi lesquelles deux mineures.
De son côté, Yaouba Ousmane, l’adjoint au chef de la mission, avait la responsabilité de la mission de Lemouna. Selon les pièces du dossier, ce dernier a intégré le groupe 3R en 2016 pour venger le meurtre de ses parents. Le parquet a relevé l’existence de déclarations mensongères, en ce qui concerne son implication dans les tirs à Lemouna. Mahamat Tahir, commandant au sein du groupe 3R depuis 2013 est, selon le parquet, celui qui a instruit Issa Sallet d’exterminer des populations civiles. Les procureurs ont également relevé de l’incohérence dans ses déclarations en ce qui concerne les tirs à Lemouna.
L’accusation, se focalisant sur les articles 157 à 160 du Code pénal centrafricain, a fait savoir qu’il y a des éléments constitutifs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité durant le massacre de Koundjili et Lemouna. Elle a également noté une réelle volonté de nuire, avec des faits organisés et généralisés à l’endroit des populations civiles non-armées. Pour ces faits, le parquet spécial a demandé à la cour de condamner à perpétuité les trois accusés et de les priver de leurs droits civiques. L’intervention de la défense est prévue pour ce mercredi, 10 août 2022. Issa Sallet Adoum, Mahamat Tahir et Yaouba Ousmane, tous éléments du mouvement 3R, sont poursuivis pour le massacre en mai 2019, de près de 40 civils à Koundjili et Lemouna dans la préfecture de Lim-Pendé dans le Nord-ouest de la République centrafricaine.
Centrafrique : certaines banques, complices du gonflement de la masse salariale de l’Etat ?
https://www.radiondekeluka.org/ jeudi 11 août 2022 10:41
Un mois après le lancement du contrôle physique des fonctionnaires et agents de l’Etat, certaines personnes ont vu leurs salaires augmenter d’une manière illégale alors qu’elles n’ont pas été promues. Ces dernières craignent d’être confondues ou accusées de fausseté. Pour sa part, le ministère de la Fonction publique annonce la publication dans les jours à venir des premières données issues de cette opération.
Dans le cadre de l’opération du contrôle physique en cours, le gouvernement indique avoir économisé déjà près d'un milliard de francs CFA sur la masse salariale alors que c'est une infime partie des départements qui procède en ce moment au contrôle. L'exécutif s'interroge sur le rôle de certaines banques de la place qu'il soupçonne d'avoir facilité la fuite des capitaux. Alors qu'une enquête est ouverte, quelques responsables du ministère des Finances et du Budget sont en détention préventive à la Section de recherches et d'investigations (SRI) pour leur rôle présumé dans ces fraudes. Dans un communiqué, l'Office national de l'Informatique (ONI) a dénoncé l'arrestation de ses cadres.
Les banques, de connivence avec le réseau des fraudeurs ?
Le gouvernement se dit surpris de la baisse spectaculaire de la masse salariale alors qu’aucune mesure disciplinaire n’est encore engagée contre les auteurs des fraudes. Il persiste en dénonçant une mauvaise foi de certains de ses fonctionnaires et institutions à travers les fausses données mises à sa disposition. Pour soutenir sa position, le ministre de la Fonction publique, Marcel Djimassé, a mis en avant la baisse surprenante du montant des chèques de couverture que le gouvernement envoie chaque mois à certaines banques de la place. Le ministre soupçonne ainsi ces banques d’être de connivence avec ce réseau qui a causé des préjudices à l'Etat.
C'est dans ce contexte que certains fonctionnaires, clients des banques, protestent contre l'augmentation anormale de leurs salaires. Ces derniers craignent d’être victimes d’un placement frauduleux, sur leurs comptes, de l’argent détourné.
"En juin dernier, je me suis rendue à Ecobank pour percevoir mon salaire. Arrivée là-bas, j’ai constaté une marge de plus de 200.000 francs CFA sur mon salaire. Aussitôt, je me suis rendue à l’ONI pour retirer mon bon de caisse. Là-bas, j’ai découvert la réalité. Je n’ai pas touché cet argent. Je demande à tous ceux qui n’ont pas encore passé le contrôle d’être vigilants" a témoigné Florence Raphaëlla Danhouran, une enseignante.
Un mois seulement après le lancement de l’opération dans certains ministères, plusieurs milliers de fraudeurs seraient déjà démasqués. Une communication officielle du gouvernement sur ce contrôle, qui se poursuit, est attendue dans les prochains jours.