Centrafrique : "Montrons-nous fidèles et dignes de confiance envers notre Nation", affirme Faustin Archange Touadéra
https://www.radiondekeluka.org/ mardi 16 août 2022 10:14
A l’occasion de la célébration du 62ème anniversaire de l’accession de la République centrafricaine à l’indépendance et comme le veut la tradition, le Chef de l’Etat centrafricain s’est adressé à la Nation. Occasion pour Faustin-Archange Touadéra de passer en revue les grandes questions de l’heure tout en appelant les filles et fils du pays à la vigilance.
S’adressant à la Nation à la veille de cette célébration, le président de la République a tout d’abord rappelé aux centrafricains, les valeurs fondamentales qui ont guidé la lutte menée par ses devanciers. Lutte qui a permis, selon lui, de libérer le pays du joug colonial.
« La haine et la destruction, inoculées de l’extérieur »
"La commémoration du 62ème anniversaire de notre pays me donne l’occasion de vous rappeler les vertus cardinales qui ont guidé la lutte émancipatrice de nos ancêtres. Notamment l’unité, la dignité et le travail auxquels j’ajouterai l’amour de la patrie et le courage qui leur ont fallu pour nous libérer du joug colonial… Notre pays, a une époque de son histoire, était sur la voie de devenir un pays émergent et était cité comme un modèle de paix et de concorde nationale. Hélas, les virus de la division, de la haine, de la méchanceté, de la destruction qui nous ont été inoculés par l’extérieur ont détruit notre unité nationale, notre dignité et l’esprit de travail et, par extension, notre souveraineté nationale… Les conflits militaro-politiques nous ont ramenés à l’avant dernier rang des pays du monde" a fait savoir Faustin-Archange Touadéra.
Face à ce qu’il qualifie de menaces graves, le locataire du palais de la Renaissance a appelé les Centrafricains à la vigilance et au patriotisme.
« Que nos actes quotidiens affluent vers le patriotisme »
"J’ai le devoir de vous dire que de graves menaces pèsent toujours sur notre souveraineté nationale. Face à la persistance des menaces, nous devons opposer notre patriotisme, notre génie, notre énergie, notre courage et notre confiance en l’avenir de notre pays. C’est le prix à payer pour la liberté, la sécurité, la paix et le développement. Montrons-nous fidèles et dignes de confiance envers notre Nation et que nos actes quotidiens convergent vers le patriotisme et l’indépendance de notre pays" a poursuivi le chef de l’Etat.
Profitant de l’occasion et brossant les questions de l’heure, singulièrement les débats autour du référendum constitutionnel, le chef de l’Etat se dit dévoué à la volonté du peuple souverain.
« Je ne ferai rien sans la volonté du peuple »
"La Représentation nationale, sensible aux aspirations profondes du peuple manifestée à travers des pétitions et marches de soutien à la réforme constitutionnelle, organisées sur l’ensemble du territoire, le 06 août 2022, par l’ensemble des forces vives de la Nation, vient de demander au gouvernement de déclencher la procédure du référendum constitutionnel… En ce jour historique, je voudrais réaffirmer ma volonté de respecter la Constitution et la volonté du peuple souverain. Je ne ferai rien sans la volonté du peuple, détenteur de la souveraineté nationale" a ajouté le numéro 1 centrafricain.
Concluant, Faustin-Archange Touadéra affirme avoir pris acte de la demande du peuple, réclamant une nouvelle constitution. Toutefois, selon lui, il appartient au gouvernement de donner une suite.
« Je demeure attaché à mon second mandat »
"Cependant, je ne saurai demeurer indifférent aux cris de cœurs de mon peuple. Je vous ai écouté. Je prends acte de vos sollicitations pressantes qui me sont parvenues de partout réclamant une nouvelle Constitution… Il appartiendra donc au gouvernement d’en aviser et de donner suite à la demande de l’Assemblée nationale, jeux dire, à votre demande. Pour ma part, je demeure attaché au second mandat que vous m’avez souverainement accordé" a précisé Faustin-Archange Touadéra.
Pour l’opposition démocratique qui dénoncent cette initiative qu’elle qualifie de manipulations, tous les moyens légaux vont être utilisés pour barrer la route à ce projet.
Centrafrique : quel bilan pour la Justice 62 ans après l’indépendance ?
https://www.radiondekeluka.org/ samedi 13 août 2022 16:06
Après 62 ans d’indépendance, la République centrafricaine, jadis prospère dans les années 70, est en pleine régression vis-à-vis des autres pays de la sous-région. Le bilan du secteur de la justice reste mitigé. Certes, des avancées sont constatées par certains acteurs mais, des observateurs parlent de la corruption qui gangrène le milieu judiciaire et de l’ingérence des gouvernants qui se sont succédé pour diriger le pays.
Dans les années 60, la justice centrafricaine avait été marquée par des décisions importantes prises par des juges centrafricains. Juste après l’indépendance, David Dacko a demandé que les droits français soient conservés en RCA. Ce qui a constitué les fondements même de la justice du pays. Selon Pamphile Oradimo, magistrat centrafricain, il y a eu des avancées considérables depuis lors.
De 20 à 300 magistrats
"Il y a eu beaucoup d’amélioration. De moins de 20 magistrats à notre accession à l’indépendance, présentement, nous en avons plus de 300. Nous avons des juridictions dans presque toutes les villes et 3 cours d’appel opérationnelles. Il y a plein de bonnes choses qui font que la justice existe et travaille" constate Pamphile Oradimo, magistrat.
Si l’effectif des acteurs et des services judiciaires est revu à la hausse, la prestation reste, cependant, un souci pour Etienne, fonctionnaire à la retraite.
"La justice est prise en otage par le pouvoir. Tout ce qui se passe en ce moment laisse à désirer. La corruption est active et passive sur tous les plans. Le malheureux perd toujours vis-à-vis de celui qui a de l’argent" s’est indigné le fonctionnaire à la retraite.
Les moyens font défaut
La justice centrafricaine a connu sa lettre de noblesse dans les années 80 avec l’historique procès de l’Empereur Jean Bedel Bokassa. Aujourd’hui, elle est confrontée à d’énormes difficultés pour asseoir son indépendance et sa neutralité. Pour Benoît Narcisse Foukpio, premier avocat général à la Cour d’appel de Bangui, l’Etat doit mettre les moyens à la disposition de la justice pour contourner ces problèmes.
"Quelques bâtiments sont construits et tiennent lieu de palais de justice. Il faut loger le personnel et créer d’autres services. Donner les moyens pour que la justice, chargée de l’application des lois et des peines, soit dans les conditions optimales pour bien faire son travail. Ainsi, on peut l’évaluer sur un certain nombre d’années" a relevé Benoît Narcisse Foukpio.
Malgré ses 3 Cours d’appel et plus de 300 magistrats pour tout le pays, l’accès à la justice reste difficile pour beaucoup de Centrafricains. 62 ans après l’accession du pays à l’indépendance, le défi de la justice centrafricaine reste le jugement des crimes commis par des hommes armés. Ceci, dans un contexte où, le président de la République, Faustin Archange Touadera, affirme faire de la lutte contre l’impunité, la priorité de son second mandat.