Centrafrique de Boganda,
Qu’as-tu fait de ton indépendance
du 13 août 1960 ?
Chers compatriotes,
Il y a quelques années (mai 1980) lors de sa première visite pastorale en France, le Pape Jean-Paul II, s’adressant aux catholiques français leur posa cette question : « Française, Français ! Qu’avez-vous fait de votre baptême ? » Cette question du grand Pasteur de l’Eglise m’inspire en cette fête du 62ème anniversaire de la proclamation de notre indépendance.
Oui, il y a 62 ans, notre pays accédait à son indépendance politique par la voix du Président David Dacko, (paix à son âme). Oui, c’était bien le 13 août 1960. J’étais là dans la foule au Palais de la Renaissance. L’image de deux mâts qui portaient les deux drapeaux (celui du colonisateur et celui du colonisé) m’est restée. Un moment donné, le drapeau du colonisateur descendait tandis que le drapeau de Centrafrique montait. L’émotion, le silence, furent très profonds et beaucoup dans la foule ne purent s’empêcher de verser des larmes; larmes de libération; larmes de liberté ou de regret?
Oui, il y a 62 ans, notre pays a accédé à son indépendance politique. 62 ans, c’est l’âge plus que mûr. C’est l’âge où le travailleur prend sa retraite. C’est dire qu’il a déjà réalisé pas mal de choses dans sa vie. Et je vous entends me répliquer : « qu’est-ce que nous avons réalisé? »
Oui, c’est ici que je vous dirai franchement, qu’en regardant autour de nous, (je veux parler de nos voisins de l’Afrique centrale, avec lesquels nous avons accédé à l’indépendance) je constate que nous sommes les derniers dans le domaine de développement économique, social, éducatif, sanitaire, sécuritaire, etc.
Et pour causes ? Soyons objectifs; force est de constater que la R.C.A notre pays a battu le record des coups d’Etat, des mutineries à répétitions, des rébellions, des groupes armés! Oui « l’argent n’aime pas le bruit des bottes » n’est-ce pas? Sommes-nous maudits? Ou n’étions-nous pas assez préparés pour assumer nos responsabilités des citoyens libres?
La commémoration de notre indépendance nous donne l’occasion de nous interroger, de méditer et de chercher ensemble des solutions adéquates et efficaces pour un développement intégral de notre très cher pays qui ne manque pas de richesses, un pays béni de Dieu! Nous mourrons pauvres sur une terre riche. Il s’agit avant tout, de le débarrasser de tous les bandits (appelés groupes armés) qui l’ont pris en otage en massacrant la pauvre population, en incendiant les villages et les champs. Encourageons nos FACA et leurs alliés et volons à leurs besoins matériels.
Peut-on conclure que la disparition de Boganda a été non seulement un grand deuil mais aussi un grand vide difficile à combler? Absence des vrais leaders démocrates? Patriotiques? Une chose est sûre, comme le souligne un des journaux de la place, je cite : « Depuis l’indépendance de la R.C.A, il ne se passe pas 5 ou 10 ans sans que les Centrafricains assistent à des coups d’Etat, des mutineries, des rebellions ». Voilà le rythme de la vie des Centrafricains. Dès lors, comment s’étonner de son retard, de sa pauvreté endémique. Cherchons tous à tourner la page.
Non aux coups d’Etat. Non aux rébellions. Non aux groupes armés. Non a l’ingérence de certains pays dans les affaires intérieures de la R.C.A. Oui à la paix, oui à la sécurité, oui à la cohésion sociale, oui au développement. Il n’y a pas des supers présidents et des petits présidents.
Serrons le coude, bannissons nos rivalités, nos divisions, nos jalousies, nos tribalismes, nos trahisons pour bâtir un Centrafrique de paix, de sécurité. La R.C.A est un Etat indépendant, libre et souverain. Soyons fidèles à la devise de la R.C.A : « Unité, Dignité, Travail ».
Kangba ti akangba