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22 août 2022 1 22 /08 /août /2022 20:12
L’armée française est-elle prête à une guerre de haute intensité ?

 

Lu pour vous

 

LA DÉPÈCHE

L'essentiel Un rapport d’information parlementaire sur la préparation à des guerres de haute intensité, comme celle qui se déroule entre l’Ukraine et la Russie, puis l’audition par la Commission de la Défense de l’Assemblée des chefs d’états-majors, ont pointé les faiblesses de la France pour faire face à de tels conflits. Il faudra repenser notre modèle et augmenter le budget de l’armée.

Si vis pacem, para bellum. Si tu veux la paix, prépare la guerre. Cette citation attribuée à Végèce, auteur du Ve siècle d’un « Traité de la chose militaire », a été maintes fois reprise, notamment par l’officier prussien Clausewitz. Mais elle était pour le moins tombée en désuétude jusqu’à l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février. C’est-à-dire jusqu’au moment où s’est déclenchée une guerre aux portes de l’Union européenne, cette Europe qui s’est construite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale sur la paix et le « plus jamais ça ». L’irruption d’un tel conflit a rebattu les cartes pour l’ensemble des pays membres de l’UE comme pour ceux de l’Otan. Emmanuel Macron avait jugé l’Organisation en état de « mort cérébrale » en décembre 2019. Trois ans plus tard, l’Alliance atlantique, à laquelle ont récemment adhéré la Suède et la Finlande, n’a jamais autant montré son utilité. En parallèle, l’idée d’une défense européenne, enlisée depuis des années, n’a jamais autant été d’actualité, chaque pays ayant bien conscience des dangers qui peuvent advenir et qu’on n’attendait pas.

Dès lors se pose, pour chaque pays européen, la question de savoir s’ils seraient prêts si une guerre nous menaçait directement ? Notre armée serait-elle prête à faire face à une guerre de haute intensité, c’est-à-dire un conflit où toutes les fonctions opérationnelles de l’armée sont susceptibles d’être activées ? Pour l’heure, la réponse, si elle n’est pas définitive, ne peut être positive.

« Un risque de déclassement stratégique »

En Allemagne, en mai dernier, le lieutenant général Alfons Mais, inspecteur de l’armée, expliquait sans ambages que « La Bundeswehr est plus ou moins nue » ouvrant la voie à un réarmement du pays rompant avec le positionnement historique du pays depuis 1945.

En France, c’est un rapport parlementaire qui a jeté un éclairage cru sur nos capacités à affronter un conflit de haute intensité. Rédigé par les députés LR Jean-Louis Thiériot et LREM Patricia Mirallès – cette dernière étant devenue secrétaire d’État aux Anciens combattants – il pointait « un risque de déclassement stratégique ». S’il qualifiait l’armée française de modèle de cohérence et de crédibilité, avec sa base industrielle et technologique de défense parmi les meilleures au monde, le rapport plaidait pour maintenir l’effort d’une hausse du budget de la défense de 3 milliards d’euros inscrit dans la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, et même au-delà. Les deux députés préconisaient notamment un « effort financier immédiat » pour la reconstitution des stocks de munitions, une augmentation du format de l’aviation de chasse à 215 appareils (contre 185 prévus actuellement), une hausse « dès que possible » du nombre de frégates de premier rang à venir (18 au lieu de 15) et le développement de la robotisation dans les forces terrestres. « Pour gagner la guerre avant la guerre », il est nécessaire de conserver la supériorité informationnelle en renforçant notamment les « moyens de lutte contre la désinformation en opérations », soulignait le rapport.

 « Notre modèle d’armée soi-disant complet est surtout obsolète », résumait crûment dans une tribune le député LR François Cornut-Gentille, rapporteur spécial des crédits de la défense.

Les constats du rapport choc sur les faiblesses de l’armée française, davantage conçue pour envoyer des corps expéditionnaires à travers le monde que pour s’impliquer dans une guerre de type russo-ukrainienne, ont été corroborés par les chefs d’états-majors auditionnés en juillet, à huis clos, par la nouvelle Commission de la Défense de l’Assemblée nationale. « Notre capacité à être une force expéditionnaire ne nous rend pas instantanément aptes à conduire une guerre de haute intensité. Le changement d’échelle et le recouvrement des capacités que nous avons éclipsées sont des défis », a expliqué le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des Armées, ajoutant que « vingt années de conflits asymétriques […] ont conduit à des arbitrages réduisant certaines capacités ». Le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’Armée de terre, l’amiral Vandier – qui a expliqué que « depuis 1990, le format de la marine a été réduit de moitié » – ou le général Stéphane Mille, chef d’état-major de l’Armée de l’air et de l’espace – qui a déploré que depuis 1996 une base aérienne a été fermée chaque année et que ses effectifs aient chuté de 30 % au cours de la LPM 2014-2019 – ont tâché de convaincre les députés d’accroître les moyens de la défense nationale.

Le message, d’évidence, est passé, d’autant qu’en mai, la Cour des comptes avait appelé à réviser la LPM en raison de la guerre en Ukraine. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a ainsi confirmé le 7 juillet que le projet de loi de finances qui sera soumis au Parlement en fin d’année augmenterait le budget des armées d’au moins 3 milliards d’euros à 44 milliards. L’objectif étant d’atteindre 50 milliards en 2050… Ce qui supposera des choix politiques quant au Budget de la Nation.

Mais la France n’a pas le choix face à la nouvelle donne géopolitique mondiale, comme l’avait rappelé Emmanuel Macron lors de l’ouverture du salon de l’armement terrestre EuroSatory, le 13 juin. Le Président, chef des Armées, avait évoqué une « nouvelle planification » et un « investissement dans la durée, clair et fort » pour « consolider notre modèle d’armée complet mais aussi nous positionner encore plus fortement sur l’évolution à la fois de la menace et des réalités que nous sommes en train de vivre aussi bien sur le théâtre sahélien que dans cette guerre de haute intensité revenue sur le sol européen ».

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