https://www.rfi.fr/ 01/11/2021 - 01:08 Avec notre correspondant à Bangui, Carol Valade
Alors que le comité préparatoire dévoilait il y a quelques jours les grandes lignes du dialogue républicain promis par le président Faustin-Archange Touadéra d'ici à la fin de l’année, les principaux représentants de l’opposition ont annoncé, samedi 30 octobre, leur retrait dudit comité. La démarche vise à protester contre une circulaire du président de l’Assemblée nationale qui relance la procédure de levée de l’immunité parlementaire de trois députés centrafricains, figures de l’opposition politique.
La procédure remonte au mois d’avril 2021, lorsque le ministre de la Justice, Arnaud Djoubaye Abazene, demande la levée d’immunitaire parlementaire de quatre opposants, dans le cadre d’une poursuite judiciaire engagée contre l’ex-président François Bozizé, devenu coordonnateur de la rébellion Coalition des patriotes pour le changement (CPC).
Fin mars, les députés Anicet-Georges Dologuélé, Martin Ziguélé, Simplice Aurélien Zingas et Abdul Karim Meckassoua sont interdits de quitter le territoire. Déchu de son siège par la Cour constitutionnelle, ce dernier sort discrètement du pays. Pour les trois autres, l’interdiction est finalement levée, dans un climat de décrispation.
Mais le 27 octobre, une nouvelle note signée du président de l’Assemblée nationale, Simplice Mathieu Sarandji, annonce une commission ad hoc sur le sujet. Les intéressés se disent à nouveau interdits de voyager. Il s'ensuit une cascade de désistements au dialogue républicain.
La coalition COD-2020, le parti Patrie de Crépin Mboli-Goumba et le Mouvement de libération du peuple centrafricain de Martin Ziguélé retirent leurs représentants du comité d’organisation et dénoncent « une volonté de saboter le Dialogue ».
Centrafrique : l’opposition se retire du dialogue national
(Agence Ecofin) 31 octobre 2021 17:03 - L’opposition centrafricaine a affirmé samedi 30 octobre se retirer des tractations en vue d’organiser le dialogue national prôné par le gouvernement. Elle estime que le pouvoir sape les efforts de décrispation et de mise en place d’un climat apaisé.
Déjà un accroc au processus de paix en Centrafrique. Alors qu’un cessez-le-feu avait été accepté mi-octobre par la plupart des groupes d’opposition civile et armée, ces derniers viennent d’annoncer leur retrait anticipé de la table des discussions. Motif : le gouvernement a relancé une procédure pour lever l’immunité parlementaire de Aurélien Simplice Zingas, Martin Ziguelé et Anicet Georges Dologuelé, députés de l’opposition.
Visés par des poursuites judiciaires engagées contre l’ancien président François Bozizé, ces derniers avaient vu la demande de levée d’immunité classée sans suite en mai dernier, peu avant la fin de la 6e législature.
La COD-2020, principale plateforme des partis opposants, affirme que « le régime du président Touadera ne cesse de montrer ses intentions guerrières et antidémocratiques, […] foulant au pied l’exigence de la décrispation politique et de la création d’un climat apaisé pour aller au dialogue ». Elle a annoncé le retrait de ses représentants du comité d’organisation du dialogue républicain, comité déjà très contesté, car jugé favorable au pouvoir en place.
Le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) de Martin Ziguelé a déclaré tenir le gouvernement de Touadéra « responsable de la situation ainsi créée ».
Feriol Bewa
Lu pour vous
Centrafrique : l’opposition claque la porte à Touadera et se retire du dialogue national
https://info241.com/ Publié le 31 octobre 2021 à 13h43min MàJ : La rédaction d’Info241
La principale plateforme des partis de l’opposition centrafricaine, la COD 2020, a décidé, samedi 30 octobre, de ne plus prendre part au dialogue dit « Républicain » que le pouvoir compte organiser dans les prochaines semaines. La coalition de l’opposition a estimé dans un communiqué que : « pendant que le peuple centrafricain recherche par tous les voies et moyens, notamment par l’organisation d’un dialogue le retour de la paix et de la sécurité » en RCA, « le régime du président Touadera ne cesse de montrer ses intentions guerrières et antidémocratiques ».
« En effet, le mercredi 27 octobre 2021, le président de l’Assemblée nationale Simplice Mathieu Sarandji a décidé sur instructions du président Touadera de ressortir et de réactiver la procédure illégale de levée de l’immunité des députés de l’opposition démocratique (Anicet Georges Dologuelé, Martin Ziguelé et Aurélien Simplice Zingas) foulant ainsi au pied l’exigence de la décrispation politique et de la création d’un climat apaisé pour aller au dialogue », a expliqué la COD 2020.
Selon l’opposition, « il en ressort donc que le régime ne veut ni de la paix ni du retour de la sécurité ni de la réconciliation et surtout ni d’un dialogue devant regrouper les fils et les filles du pays ». Par conséquent, la COD-2020 a décidé de son retrait du dialogue, ainsi que du retrait de ses représentants du comité d’organisation et des sous-comités du dialogue républicain.
Dans un communiqué similaire, le parti de l’opposant Martin Ziguélé, le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), a souligné qu’il tient le régime de Touadera « pour responsable de la situation ainsi créée ». Annoncé par le président Touadéra à l’issue de sa réélection, le comité d’organisation mis en place le 30 juin dernier avait déjà suscité une levée de boucliers dans les rangs de l’opposition qui le jugeait alors déséquilibré en faveur du pouvoir.
Le dialogue républicain qui se veut pourtant inclusif fait déjà face à ses premières divisions, avec l’exclusion par le régime des mouvements rebelles, notamment ceux formant la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) rassemblés autour de l’ex président François Bozizé qui multiplient des attaques à travers le pays.
Lu pour vous
L'argent de la paix
https://www.adiac-congo.com/ Samedi 30 Octobre 2021 - 17:45
Les autorités de Bangui projettent de convoquer, d’ici à la fin de cette année, un dialogue « républicain » au cours duquel les Centrafricains échangeront sur la nécessité de rétablir la confiance entre eux et penser à construire leur nation dans un environnement enfin apaisé. Envisagé de longue date, ce conciliabule tarde à se réunir du fait de la persistance de nombreux écueils. Parmi lesquels l’activisme des groupes armés et la difficile mobilisation des moyens financiers nécessaires à la tenue de celui-ci dans les meilleures conditions.
Sur la première question, les violons ne s’accordent toujours pas entre le gouvernement et les rebelles qui rechignent à déposer les armes. Pour l’exécutif centrafricain, tant que les insurgés ne renonceront pas à la violence armée, ils ne seront pas les bienvenus aux retrouvailles dont l’objectif, insiste-t-il, est de montrer aux yeux du monde que toutes les parties prenantes à la crise œuvrent à la réconciliation en dehors de toute pression nuisible au rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. En d’autres termes, l’occupation des régions entières par les groupes armés qui veulent à la fois dialoguer n’est pas admissible.
Le 15 octobre, le président Faustin Archange Touadera avait décrété un cessez-le-feu unilatéral, considéré par les observateurs comme un début de réponse à l’impératif de baliser le chemin du dialogue attendu. La Coalition des patriotes pour le changement – CPC-, la rébellion qui a tenté en vain de prendre la capitale centrafricaine en début d’année et dont le coordonnateur général serait l’ex-président François Bozizé, déclarait prendre acte de cette ouverture du chef de l’Etat avant de dénoncer, du temps après, la violation de la trêve par la partie gouvernementale.
Aguerri pourrait-on dire par les épreuves, le pouvoir centrafricain parvient jusqu’à présent à contenir les assauts des rebelles. Ce résultat qui ne signifie pas la fin du conflit est rendu possible grâce à l’appui des Casques bleus de la Minusca, des unités rwandaises et des instructeurs russes devenus la pomme de discorde entre la Centrafrique et certains de ses partenaires occidentaux. Ce qui est vrai, ces contingents étrangers sont là pour suppléer une armée centrafricaine sevrée par des déchirements que connaît ce pays depuis de longues années par l’embargo sur les armes qui le frappe et contre lequel à son corps défendant Bangui se fait inaudible.
S’agissant du second écueil qui gorge la route du dialogue voulu par les Centrafricains, il est technique et financier. Quelque 450 délégués prendront part à cette rencontre dont la date n’est pas encore fixée. La CPC n’y sera peut-être pas représentée si elle ne consent pas à remplir les préalables évoqués plus haut. D’un certain point de vue, à terme, les autorités banguissoises se rendront compte qu’elles ne seraient pas parvenues à dialoguer avec tout le monde. Dans une certaine mesure aussi, peut-être que le problème de fond n’est pas tant la présence du mouvement armé de l’ancien président Bozizé. Bangui n’a en effet pas encore réuni l’argent qu’il faut pour organiser son forum « républicain ».
Selon diverses sources, il faudra un peu plus d’un demi-milliard FCFA pour organiser le dialogue. A ce jour, cet argent de la paix faisant défaut, les dates glissent. La Centrafrique a lancé des appels aux partenaires multilatéraux et avoue ne pas être capable de tenir ses engagements s’il n’y a pas d’argent. Les amis de Bangui, la communauté internationale devraient peut-être s’engouffrer dans cette brèche de la main tendue pour exiger des autorités centrafricaines un assouplissement en direction des rebelles en guise de contrepartie des sommes d’argent qu’ils seraient prêts à disposer pour la bonne tenue de ces assises dont le pays de Barthelemy Boganda a tant besoin pour redémarrer. Le chemin est encore long, il faut l’avouer.
Gankama N'Siah