GUINEE : Alpha CONDÉ conduit au camp Makombo par les mutins, ce qui s’est réellement passé au palais présidentiel ?
Par ISMAEL AIDARA 5 septembre 2021 (Confidentiel Afrique) Mis à jour 5 septembre, 2021 à 14H03
Tirs à l’arme lourde ce dimanche matin aux environs du palais présidentiel. Selon des sources sécuritaires parvenues à Confidentiel Afrique, des officiers des forces spéciales avaient pris le palais Sékoutoureya pour cible. Aux dernières nouvelles, le Président Alpha Conde est entre les mains des hommes du colonel Mamadi Doumbouya et serait acheminé vers le QG du camp Makombo. Détails exclusifs
Le Colonel Mamadi Doumbya, un ancien légionnaire de l’armée française est le nouvel homme fort de Conakry.
Selon des informations exclusives obtenues par Confidentiel Afrique, c’est lui qui a pris la tête du peloton des opérations de déposer du pouvoir le Président Alpha Condé (83 ans), a la tête du pays depuis 2010. Le chef des mutins avait été arrêté depuis un mois et transféré au camp Dubreka. Son arrestation avait fait grincer des dents au sommet de l’armée guinéenne et braquer certains jeunes officiers contre le ministre de La Défense Mamadi Diané et l’entourage immédiat du clan présidentiel. L’affaire n’avait choqué personne au palais de Conakry.
Selon des informations exclusives parvenues à Confidentiel Afrique, de jeunes officiers qui lui vouent respect et qu’il a formés sont allés le libérer hier soir samedi et ils l’ont mis devant pour nettoyer le reste. Une forte résistance a eu lieu de 11-12 h au camp présidentiel avant que Alpha ne soit lâché par sa garde rapprochée et les tireurs commandos du palais. Les dés sont pipés pour celui qui a dirigé la Guinée avec une main de fer, en embastillant dans classe politique oppositionnelle, sa société civile. L’économie est au trépas et les régies financières de l’État asséchées depuis la réélection du président Alpha Condé, suite au forcing de son troisième mandat, qui a engendré plus d’une cinquante de morts. Alassane Ouattara dès le début de la mutinerie ce matin avait pris l’option d’affréter un hélicoptère sur Conakry pour venir chercher son ami Alpha Conde.
Cette mutinerie intervient quatre jours après le retour du Président Alpha CONDE de ses vacances estivales effectuées sur l’île paradisiaque de la moelle en Italie, un domaine appartenant au milliardaire éthiopien d’origine juive. Confidentiel Afrique avait révélé d’ailleurs ce vendredi dans son édition électronique les destinations favorites de nos Chefs d’État africains durant leurs vacances estivales.
Message du colonel Mamady Doumbouya, commandant des forces spéciales de l'armée guinéenne, à la radio-télévision nationale.
Guinée-Conakry : les forces spéciales revendiquent l'arrestation du président Alpha Condé
Une unité d'élite de l'armée a pris d'assaut le palais présidentiel dimanche matin, où résidait Alpha Condé, 83 ans, président depuis 2010.
Vers 8h ce dimanche matin, des tirs nourris d'armes automatiques ont retenti dans le centre de Conakry, aux alentours du palais présidentiel où se trouvait le chef de l'État, Alpha Condé. En début d'après-midi, le meneur de ce qui se révèle être un coup d'État, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, est apparu sur une vidéo circulant sur les réseaux sociaux. Il y affirme détenir le chef de l'État. «Nous avons décidé, après avoir vu le président qui est avec nous, de dissoudre la constitution en vigueur, dissoudre le gouvernement, et la fermeture des frontières terrestres et aériennes», a déclaré le putschiste, justifiant ce revirement politique par «le dysfonctionnement des institutions républicaines», «l'instrumentalisation de la justice» et «le piétinement des droits des citoyens».
Un peu plus tard, les putschistes sont apparus sur la chaîne publique guinéenne RTG, où le leader du coup d'Etat s'est à nouveau exprimé à l'adresse du «peuple vaillant de Guinée». «Nous n'avons plus besoin de violer la Guinée, nous avons juste besoin de lui faire l'amour», a-t-il clamé dans un discours manifestement improvisé.
Après un long silence des autorités guinéennes, le ministère de la Défense a cherché à démentir le coup d'Etat en début d'après-midi, dans un communiqué affirmant que l'attaque des forces spéciales avait été «repoussée»... Une annonce qui tranche avec les images circulant sur les réseaux sociaux, montrant le chef de l'Etat de 83 ans enfoncé dans son canapé, la mine sombre, entouré des soldats d'élite. «On a touché à un seul de vos cheveux ? On vous a brutalisé ?», interroge l'une des forces spéciales, pour obtenir confirmation du président qui, de son côté, reste muet.
Un civil retrouvé mort
Ancien légionnaire de l'armée française, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya est à la tête du Groupement des forces spéciales (GPS), une unité d'élite de l'armée extrêmement entraînée et équipée. Selon le magazine Jeune Afrique, il aurait tenté, ces derniers mois, de renforcer l'indépendance du GPS vis-à-vis du ministère de la Défense, suscitant de facto la méfiance de l'exécutif. En mai, des rumeurs auraient même fait état, à tort, d'une possible arrestation de Mamady Doumbouya à Conakry.
Des habitants joints ont rapporté à l'AFP avoir vu toute la matinée de nombreux soldats intimant aux résidents de rentrer chez eux et de ne pas en sortir. Certains ont également signalé qu'un civil avait été abattu sur la presqu'île de Kaloum, centre de la capitale guinéenne où siègent la présidence, les institutions et les bureaux d'affaires.
Un troisième mandat décrié
A l'issue de leur prise de parole à la télévision nationale, les putschistes ont pourtant été acclamés en passant par les quartiers populaires de Conakry, où les images témoignent de scènes de liesse.
Depuis des mois, ce pays d'Afrique de l'Ouest parmi les plus pauvres du monde malgré des ressources minières et hydrologiques considérables, est en proie à de profondes crises politique et économique. Alpha Condé, 83 ans, a été définitivement proclamé président pour un troisième mandat le 7 novembre, malgré les recours de son principal challenger, Cellou Dalein Diallo, et de trois autres candidats qui dénonçaient des «bourrages d'urnes» et des irrégularités de toutes sortes.
La candidature du chef de l'État à un troisième mandat, après une réforme de la constitution fortement controversée, avait provoqué avant et après l'élection des mois de tensions qui ont causé des dizaines de morts dans un pays coutumier des confrontations politiques sanglantes. L'élection a été précédée et suivie par l'arrestation de dizaines d'opposants.