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26 octobre 2020 1 26 /10 /octobre /2020 18:34

Lu pour vous

 

Centrafrique : Faustin-Archange Touadera, Anicet-Georges Dologuélé et le spectre des anciens

 

(Agence Ecofin) 23 octobre 2020 16:52 - En Centrafrique, on se prépare pour les élections de décembre prochain. Le scrutin, crucial pour le futur du pays, verra s’affronter deux générations. Faustin- Archange Touadera, devenu président un peu à la surprise générale, et l’ancien Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé représentent une sorte de nouvelle garde. Déjà opposés en 2016, les deux hommes se feront à nouveau face, à partir du 27 décembre prochain. Seulement, cette fois, les choses ne sont pas aussi simples. L’ancien président François Bozizé et celui qui l’avait chassé du pouvoir, Michel Djotodia, devraient également rejoindre la compétition pour prendre la tête d’un pays où leurs affrontements ont jeté le pays dans un chaos qui dure maintenant depuis 7 ans.

En Centrafrique, la population ne sait plus à quel saint se vouer. La violence ambiante a installé un climat de peur, tant les Nations unies (Minusca) et l’armée ont du mal à contrôler un territoire troublé par des milices. Finalement, après une proposition de loi qui a tenté de prolonger le mandat de l’actuel président Faustin-Archange Touadera, tout le pays semble désormais tourné vers les élections. Retrouvailles entre les deux candidats du second tour de 2016, le président Faustin-Archange Touadera et Anicet-Georges Dologuélé, les élections seront également le théâtre d’un affrontement entre François Bozizé et celui qui l’a chassé du pouvoir, Michel Djotodia. La deuxième manche de l’affrontement de la nouvelle garde politique de Bangui est désormais hantée par les deux protagonistes de la crise de 2013.

Les 7 sanglantes

2013, année zéro.  Lorsque François Bozizé est chassé du pouvoir, le pays se retrouve dans l’incertitude la plus totale. Qui aurait pu prévoir que la Séléka, le groupe rebelle formé en 2012 dans le nord-est du pays aurait pu faire chuter celui qui tenait le pouvoir d’une main de fer depuis 2003 ?

Les Anti-balaka étaient soutenus par le président déchu, François Bozizé.

Tout commence par des réclamations. Les Séléka, essentiellement composés de musulmans, reprochent au pouvoir le non-respect de divers accords de paix signés entre le gouvernement et les groupes d’opposition. Les rebelles demandent également la restitution des richesses, notamment des matières premières, accaparées par l’Etat et le partage des revenus de leur exploitation.

Malgré l’accord du 11 janvier 2013, instaurant un gouvernement d’union nationale incluant la Séléka, les rebelles prennent les armes, renversent François Bozizé le 24 mars 2013 et leur chef Michel Djotodia prend le pouvoir. 

Dans les semaines qui suivent, les Séléka multiplient les exactions contre une population qui n’en peut plus. En réaction, une faction armée voit alors le jour, formée en majorité de chrétiens et d'animistes, les Anti-balaka, soutenue par le président déchu, François Bozizé. La contre-attaque menée par les anti-balaka entraine des massacres de populations musulmanes, incluant des personnes n’adhérant pas à l’idéologie Séléka. On est proche du déclenchement d’un génocide lorsque la France intervient aux côtés de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), dans le cadre de l’opération Sangaris.

La contre-attaque menée par les anti-balaka entraine des massacres de populations musulmanes, incluant des personnes n’adhérant pas à l’idéologie Séléka. On est proche du déclenchement d’un génocide.

Alors qu’on pense que la situation va se calmer, des dissensions au sein des Séléka donnent naissance à plusieurs milices dont les attaques déclenchent des réactions sanglantes des Anti-balaka. En janvier 2014, la communauté internationale pousse Michel Djotodia à la démission. Catherine Samba-Panza est nommée présidente par intérim et doit préparer l'élection présidentielle de février 2016. Faustin-Archange Touadéra, ancien Premier ministre de François Bozizé, remporte le scrutin.

Malgré tout, la paix ne reviendra jamais vraiment. Les assises pour les accords de réconciliation nationale et les programmes de Démobilisation, Désarmement et Réinsertion (DDR) échouent. Les accords de paix ne sont pas respectés et les mouvements opposés donnent naissance à plusieurs milices incontrôlables. Elles prennent le contrôle de la grande majorité du pays et ne laissent qu’une petite partie du territoire sous le contrôle du président Faustin-Archange Touadéra. La Centrafrique est déchirée entre les milices qui ne cessent de s’affronter. Et même si la Minusca laisse entendre que le pays a progressé vers la stabilité, presque tous les jours de ces 7 dernières années, les armes ont fait couler le sang sur la terre centrafricaine.

Faustin-Archange Touadera, la surprise de 2016

A Bangui, on soupçonne Faustin-Archange Touadéra de vouloir prolonger son mandat et de repousser les élections. Pourtant, factuellement, le président centrafricain n’a rien fait qui incite à lui attribuer de telles envies. Le parlement, par contre, a proposé de réviser la constitution pour permettre au gouvernement et aux députés de rester en place si les élections étaient repoussées, ce qui était fort probable avec la pandémie de Covid-19.

Un homme d’origine modeste qui s’est élevé dans la société centrafricaine.

Finalement, le scrutin aura lieu et contrairement à 2016, l’actuel président n’est plus un candidat-surprise. Son histoire, celle d’un homme d’origine modeste s’étant élevé dans la société centrafricaine, lui a valu la sympathie de nombreux Centrafricains. En effet, né le 21 avril 1957, Faustin-Archange Touadéra est le fils d'un père chauffeur et d'une mère cultivatrice. Il grandit dans une fratrie de 10 enfants dans le quartier populaire de Boy-Rabe à Bangui.

En effet, né le 21 avril 1957, Faustin-Archange Touadéra est le fils d'un père chauffeur et d'une mère cultivatrice. Il grandit dans une fratrie de 10 enfants dans le quartier populaire de Boy-Rabe à Bangui.

Elève assidu, il décide d’étudier les mathématiques à l’université. Il obtient, en 1986, un doctorat à l'université de Lille. En 1987, il devient professeur assistant de mathématiques à l'université de Bangui, puis vice-doyen de la faculté des sciences de 1989 à 1992. De 2005 à 2008, il est recteur de l'université de Bangui. Il quitte ce poste pour la vie politique lorsqu’il est nommé Premier ministre par le président François Bozizé, à la suite de la démission d'Élie Doté. A la tête du gouvernement, son principal fait d’armes est d’avoir lancé la bancarisation des fonctionnaires et la lutte contre la corruption. Finalement, il démissionne en 2013. Lors de la crise, en 2014, il se réfugie sur la base de l'ONU de Bangui pendant six mois puis à Villeneuve-d'Ascq.

Lorsqu’il se présente aux élections en candidat indépendant, personne ne s’attend à ce que l’ancien universitaire soit élu. Pourtant, Faustin-Archange Touadera crée la surprise en arrivant deuxième au premier tour du scrutin. Au second tour, il arrive à obtenir le soutien de nombreux candidats, dont l’ancien Premier ministre Martin Ziguélé. 4 ans plus tard, à quelques semaines de la fin de son mandat, il assure que son bilan est positif et jalonné « d’efforts enregistrés en faveur de la paix, de la sécurité et de la réconciliation nationale après cette période longue et douloureuse ». La réalité est que les trois quarts du territoire national sont encore contrôlés par des milices. Dans le même temps, l’opposition lui reproche « le détournement de deniers publics, la corruption, le favoritisme, le tribalisme, l'impunité et le copinage, érigés en mode de gestion ». Pour Anicet-Georges Dologuélé, la figure de proue de l’opposition, favori, mais battu en 2016, tous les voyants semblent au vert pour la revanche.

Anicet-Georges Dologuélé, le favori déçu de 2016

En décembre prochain, Anicet-Georges Dologuélé a annoncé vouloir « empêcher Faustin-Archange Touadera de tricher ». Le candidat déçu du 2e tour de 2016 ne s’est jamais remis de sa défaite alors qu’il était ultra favori, après avoir dominé le premier tour. Convaincu de la fraude de son adversaire, il a néanmoins accepté de ronger son frein durant les 4 dernières années. De toutes les manières, il semble se préparer au fauteuil présidentiel centrafricain depuis de nombreuses années.

Le candidat déçu du 2e tour de 2016 ne s’est jamais remis de sa défaite.

Ancien élève du petit séminaire de Berberati et du lycée Jean Bédel Bokassa de Bangui, né le 17 avril 1957 à Bozoum, il étudie successivement à l'Université de Bangui, puis à celle de Bordeaux où il obtient un diplôme d’études approfondies en économie, en 1982. Il passe ensuite le concours de la Banque des Etats d’Afrique centrale (BEAC) et intègre son centre de formation au Cameroun. Il finit par rejoindre les effectifs de la BEAC en septembre 1983. Il enchaîne les fonctions d'Inspecteur et de chef de mission. En 1991 il est nommé délégué du gouverneur et représentant de la BEAC auprès de la France et de l’Union européenne.  Il sera ensuite nommé, en 1994, directeur des relations financières extérieures, puis l’année suivante directeur de l'organisation et de l'informatique. En 1997, il est nommé ministre des Finances par Michel Gbézéra-Bria. Il lui succède au poste de Premier ministre en janvier 1999 sous la présidence d'Ange-Félix Patassé, qui le reconduit à son poste après les élections d’octobre. Mais l’intéressé finit par quitter le gouvernement en avril 2001. Il retourne à la BEAC et se voit confier le poste de directeur national pour la République centrafricaine. En septembre, les chefs d'Etat de la CEMAC le nomment président de la Banque de développement des Etats de l'Afrique centrale (BDEAC). Il y reste jusqu’en 2010.

En septembre, les chefs d'Etat de la CEMAC le nomment président de la Banque de développement des Etats de l'Afrique centrale (BDEAC). Il y reste jusqu’en 2010.

En mai 2012, il crée le cabinet AfriPartners International Consulting basé à Paris. Deux ans plus tard, il fonde l’Union pour le renouveau centrafricain (URCA), dont il prend la tête. Sa défaite en 2016 alors que le palais présidentiel lui semblait promis le marque énormément. Pugnace, il devient la principale figure de l’opposition et met toutes les armes de son côté pour la présidentielle de 2020.

Catherine Samba-Panza, présidente de la transition de 2014 à 2016, jouera aussi sa carte.

Seulement, le spectre des anciens ne tarde pas à planer sur la querelle des nouveaux hommes forts de la politique centrafricaine. Respectivement en 2019 et en 2020, François Bozizé et Michel Djotodia reviennent en Centrafrique. Finalement, le scrutin de décembre pourrait être, avant un affrontement de personnes, un affrontement d’époques où la querelle des anciens François Bozizé et Michel Djotodia pourrait éclipser celle des nouveaux.

Martin Ziguélé, le challenger qui aimerait créer la surprise.

Mais à Bangui, sait-on jamais… les électeurs pourraient être les premiers à décider de définitivement tourner la page de ces 7 dernières années. Sans oublier que Catherine Samba-Panza, présidente de la transition de 2014 à 2016, et Martin Ziguélé, Premier ministre de 2001 à 2003, ont également décidé de se présenter.

Servan Ahougnon

 

Lu pour  vous

 

 

Centrafrique : l’impossible équation de la présidentielle de décembre 2020

 

(Agence Ecofin) 23 oct 2020 - Alors qu’elle se prépare à élire un nouveau président, la Centrafrique a du mal à oublier les fantômes d’un passé violent, toujours aussi présent. Malgré les nombreux efforts de paix et de reconstruction effectués depuis l’arrivée au pouvoir de Faustin-Archange Touadéra, le pays ne semble pas en état de porter sur ses seules épaules les implications d’une échéance électorale, que le contexte socio-économique particulier de la Centrafrique rend encore plus cruciale. Entre insécurité, crise sanitaire et risques de tensions sociopolitiques, voici les grandes inconnues de la présidentielle du 27 décembre 2020, en Centrafrique.

Le retour des « rois » déchus

La première grande inconnue de la prochaine présidentielle centrafricaine est celle de l’implication des anciens dirigeants du pays dans un scrutin qui se veut pacifique. En effet, deux d’entre eux, et pas des moindres, sont revenus d'exil, ces derniers mois. Il s’agit de l’ancien président François Bozizé - revenu à Bangui en décembre 2019 - et de l’ancien putschiste Michel Djotodia, rentré début septembre.

Et pour qui connaît l’histoire de la Centrafrique de ces vingt dernières années, le retour de ces deux anciens chefs d’Etat n’est pas forcément porteur d'une bonne nouvelle.

Et pour qui connaît l’histoire de la Centrafrique de ces vingt dernières années, le retour de ces deux anciens chefs d’Etat n’est pas forcément porteur d'une bonne nouvelle.

Arrivé au pouvoir en 2003 après avoir renversé l’ancien président Ange-Félix Patassé, François Bozizé a dirigé la Centrafrique pendant 10 ans avant d’être à son tour chassé du pouvoir. Son mandat a été marqué par d’incessantes rébellions qui laissaient déjà présager de l’avenir chaotique d’une Centrafrique que la mauvaise gouvernance, la corruption et les divergences ethniques ont contribué à rendre instable.

C’est d’ailleurs sur fond d’ethnocentrisme et de divergences religieuses que Michel Djotodia, ancien rebelle, le renverse avant de prendre le pouvoir le 24 mars 2013. Cependant, incapable de contrôler la Seleka - ce groupe rebelle qui lui a permis de prendre le pouvoir - celui qui est considéré comme le premier président musulman de la Centrafrique fait face à des conflits communautaires à forts relents religieux, qui font selon l’ONU plus de 3000 morts et plus d’un million de déplacés. Cette situation pousse Michel Djotodia à démissionner de ses fonctions le 10 janvier 2014 et à s’exiler au Bénin.

Ainsi, le retour de ces deux protagonistes phares des deux dernières guerres civiles centrafricaines suscite de grandes inquiétudes au sein de la communauté internationale. Lors d’une visite à Bangui, la procureure générale de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a d’ailleurs adressé une mise en garde aux principaux acteurs politiques du pays. « Les élections se décident avec des bulletins et non avec des balles », a-t-elle alors indiqué.

Habitué aux retours d’exil fracassants, François Bozizé a déjà affirmé son intention de participer au prochain scrutin. De son côté, Michel Djotodia lui n’a toujours pas définitivement exclu de se présenter. Reste à savoir, si le pouvoir en place acceptera de laisser ces deux « anciens rois » déchus entrer dans cette course à la magistrature suprême alors que la possibilité de les poursuivre en justice pour les exactions commises sous leurs mandats n’est toujours pas écartée.

Un territoire divisé

Depuis la chute du président Bozizé en 2013, on estime que seulement 20% du territoire centrafricain est effectivement contrôlé par l’Etat. Les 80% restants sont aux mains de groupes armés qui n’hésitent pas à utiliser la violence pour garder leur mainmise sur les ressources du sous-sol centrafricain qu’ils exploitent.

On estime que seulement 20% du territoire centrafricain est effectivement contrôlé par l’Etat. Les 80% restants sont aux mains de groupes armés qui n’hésitent pas à utiliser la violence pour garder leur mainmise sur les ressources du sous-sol centrafricain qu’ils exploitent.

Aujourd’hui, pas moins de 14 groupes armés opèrent sur le territoire centrafricain. Deux d’entre eux, à savoir le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), et l'Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) ont été créés par d’anciens généraux de l’ex-rébellion Séléka qui a été officiellement dissoute en 2013.

Ces groupes qui parfois par un jeu complexe d’alliance s’entendent ou se combattent pour se partager de larges portions du territoire centrafricain rendent difficiles les opérations de maintien de la paix et le processus du retour de l’Etat dans des zones dont la gestion lui revient de droit. Malgré la signature d’un accord de cessation des hostilités, le 23 juillet 2014, à Brazzaville, l’unité territoriale de la Centrafrique sous un Etat central semble être une réalité plus visible sur le papier que sur le terrain.

Dans ce contexte, l’organisation d’élections pacifiques et inclusives semble difficilement réalisable. Malgré la signature d’un accord de paix en février avec les 14 principaux groupes armés qui se disputent le pays, le scrutin du 27 décembre reste sous haute tension.

Malgré la signature d’un accord de paix en février avec les 14 principaux groupes armés qui se disputent le pays, le scrutin du 27 décembre reste sous haute tension.

Dans le nord-ouest du pays, le groupe armé 3R (Retour, réclamation, réhabilitation) a déjà mené plusieurs tentatives de déstabilisation, même si des opérations onusiennes ont contribué à affaiblir ses forces. D’ailleurs, les difficultés évidentes et le retard accusé par l’Autorité nationale des élections (ANE), dans l’enrôlement des électeurs notamment, soulèvent déjà des inquiétudes et entretiennent la suspicion de l’opposition qui accuse le parti au pouvoir de vouloir favoriser la fraude.

Le facteur coronavirus

Avec la pandémie de Covid-19, la Centrafrique doit faire face à un défi sanitaire en plus de ceux sécuritaire et politique. Selon le dernier rapport d’Africa CDC, on compte, pas moins de 4855 cas de coronavirus dans le pays, pour un total de 62 morts et 1924 guérisons. Ce chiffre signifie qu’environ 1 Centrafricain sur 1000 est atteint par la pandémie, soit l’un des ratios les plus élevés de la région.

Dans ce contexte, l’organisation d’élections représente un risque certain. Concentrer des milliers de personnes en un même endroit, en pleine mise en œuvre des mesures de restrictions visant à freiner la propagation de la maladie pourrait être contreproductif et entraîner une flambée de nouveaux cas.

Pour plusieurs observateurs, l’éventualité d’un report de l’échéance électorale n’est pas à exclure. D’ailleurs en avril, plusieurs députés centrafricains ont annoncé leur intention de proposer une pétition pour la prolongation du mandat de Faustin-Archange Touadéra, en cas de report du scrutin, en raison du coronavirus.

« Nous sommes en train de prévoir un cas de figure occasionné par cette pandémie qui s’impose à tout le monde. Nous nous proposons la solution suivante. Que lorsque le processus électoral en cours est arrêté pour cas de force majeure, il faut que le chef de l’Etat reste en place jusqu’à la reprise du processus électoral et jusqu’à l’installation du prochain président de la République. Et c’est la même chose pour l’Assemblée nationale et pour toutes les autres institutions », avait alors déclaré à Rfi, Mathurin Dimbélé deuxième vice-président de l’Assemblée nationale de la Centrafrique.

Bien sûr, même si elle ne reste qu’une éventualité, une telle décision serait difficile à mettre en œuvre. L’opposition centrafricaine a déjà montré qu’elle ne souhaitait en aucun cas voir le président Touadéra se maintenir plus longtemps au pouvoir. De plus, la communauté internationale semble bien décidée à « faire en sorte que les élections se tiennent, dans les meilleures conditions possibles, dans les délais, avec un premier tour fixé au 27 décembre », comme l’a rappelé au journal Le Monde, Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.

Le problème du financement

Selon l’Autorité nationale des élections, 42 millions $ sont nécessaires pour l’organisation des élections du 27 décembre 2020. La plus grande partie de ce financement devant être obtenue auprès des bailleurs de fonds internationaux, de nombreuses inquiétudes émergent quant à la capacité des autorités centrafricaines à mobiliser les fonds nécessaires.

En effet, alors que les dépenses liées au coronavirus concentrent l’attention des pays du monde entier, la mise à disposition de financements, dans ce contexte particulier, pose problème.

En effet, alors que les dépenses liées au coronavirus concentrent l’attention des pays du monde entier, la mise à disposition de financements, dans ce contexte particulier, pose problème.

Selon les autorités, les promesses de financements se font attendre alors que l’échéance électorale se rapproche inexorablement. Seulement quelques organisations ont déjà mis la main à la poche pour aider le pays. En mars, l’Union européenne (UE) a décaissé 16 millions $ pour aider l’ANE à organiser des élections. Cependant, en cas de difficulté à obtenir des financements internationaux, se tourner vers les maigres ressources nationales déjà mises en difficulté par la Covid-19 semble être la seule solution du gouvernement.

« La réussite des prochaines échéances électorales est un véritable défi, de par ses dimensions politique, sécuritaire, financière et sanitaire. C’est pourquoi toute la communauté internationale, ainsi que les bailleurs de fonds, sont plus que jamais appelés à se mobiliser pour financer les 9 millions de dollars qui manquent toujours et, ainsi, permettre la tenue des élections dans un environnement apaisé », a indiqué, début octobre, Nasser Bourita, ministre des affaires étrangères marocain, à l’occasion de la deuxième réunion ministérielle dédiée à la RCA, en marge de la 75e session de l’Assemblée générale des Nations unies.

Quoi qu’il en soit, la République centrafricaine est à un carrefour de son histoire politique. Peu importe le résultat des prochaines élections générales (qu’elles se tiennent à temps ou qu’elles soient reportées), le prochain locataire du palais de la Renaissance aura à affronter un énorme chantier économique et social, mais surtout sécuritaire.

Moutiou Adjibi Nourou

 

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