La Famille MASSI
A
Son Excellence, le Pr. Faustin Archange TOUADERA,
Président de la République Centrafricaine
(RCA)
Objet : Demande d’ouverture d’une Commission d’Enquête Internationale sur la disparition de l’Ancien Ministre d’Etat Colonel Charles MASSI, Président du Parti FODEM.
Monsieur le Président de la République,
J’ai l’insigne honneur de demander auprès de Son Excellence Monsieur le Président de la République Centrafricaine l’ouverture d’une Commission d’Enquête Indépendante et internationale à l’occasion de la date marquant la disparition du Colonel Charles MASSI, ancien Ministre d’Etat et Président du Parti FODEM (Forum Démocratique Pour la Modernité), au nom de la famille Charles MASSI.
Au cours de l’année 2008, en raison des frustrations et des velléités politiques qui opposaient M. Charles MASSI, ancien Ministre d’Etat à M. François BOZIZE à l’époque Président de la République Centrafricaine, était rentré dans une rébellion en abrégé CPJP (Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix) pour défendre les intérêts du peuple centrafricain que M. François BOZIZE foulait aux pieds. Après plusieurs tentatives de négociations avec l’ex-Président, qui refusait de dialoguer avec l’ancien Ministre d’état Charles MASSI. Suite à sa dernière rencontre avec l’ancien Président de la Transition Monsieur Michel DJOTODIA arrêté à l’époque au Bénin avec l’ancien Ministre Abakar SABONE où s’était rendu l’ancien Président Centrafricain François BOZIZE pour leur libération, Monsieur Charles MASSI avait sollicité une rencontre avec l’ancien Président sans aucune suite, bien qu’impliqué dans les négociations avec les autorités béninoises, il n’a pas voulu que cette rencontre se tienne. Ayant toujours refusé la main tendue du Colonel Charles MASSI, ancien Ministre d’Etat, ce dernier a décidé de se rendre personnellement à Ndjamena, capitale du TCHAD, pour coordonner les activités du Groupe CPJP.
Dans le souci de stabiliser le pays et de permettre à la République Centrafricaine d’avoir un réel décollage, un Dialogue National Inclusif a été initié par les autorités centrafricaines à l’époque avec l’implication du Gouvernement dont vous aviez la responsabilité, Monsieur le Président de la République, en tant qu’ancien Premier Ministre.
L’ancien Ministre d’Etat Charles MASSI se trouvant au Cameroun avait demandé à M. Cyriaque GONDA, ancien Ministre de la Communication et de la Réconciliation Nationale de lui faire parvenir son invitation afin qu’il prenne part à ce Dialogue Politique Inclusif initié à l’époque, qui était très déterminant pour la sortie de crise en Centrafrique. Ce dernier l’a demandé de se rendre à Paris pour récupérer sa demande de participation y compris son billet. Après plusieurs jours d’attente, aucune suite ne lui a été donnée par l’ancien Ministre de la Communication même à son retour à Paris. Puisqu’aucune garantie sécuritaire et logistique ne lui a été assurée, c’est ainsi que l’ancien Ministre Charles MASSI a été exclu du Dialogue Politique Inclusif qui se devait d’être inclusif malheureusement dont les conséquences ont été très fâcheuses pour la population centrafricaine.
A la suite de ce dialogue, un Gouvernement d’Union Nationale a été mis en place où tout le monde connait aujourd’hui la suite avec l’avènement de la Séléka même sans la participation de l’ancien Ministre d’Etat Charles MASSI, le 24 mars 2013.
Arrêté par les autorités tchadiennes à la frontière centrafricaine, M. Charles MASSI a été remis à la Garde Présidentielle (GP) de M. François BOZIZE, il sera transféré sous forte escorte à Bangui. Son arrestation se coïncidait avec le transfère officiel du Général de Brigade Baba LADE de l’armée tchadienne par les Nations-Unies avec la collaboration des autorités centrafricaines conduites par l’ancien Ministre Claude Richard GOUANDJA.
Des informations recueillies, il s’avère que c’est l’ancien Président François BOZIZE qui a commencé à administrer des coups à l'égard de M. Charles MASSI et lorsqu’il a constaté qu’il était presque agonisant, il a demandé que ses éléments le ramènent à la maison d’arrêt de Bossembele, qui malheureusement a été érigée en prison politique dénommée « Guantanamon ». La même source précise que c’est sur les instructions de François BOZIZE et de son fils Francis BOZIZE, jadis Ministre Délégué chargé de la Défense Nationale, de la Restructuration de l’Armée et des Anciens Combattants que Charles MASSI a été torturé jusqu’à ce que mort s’en suive. Et selon l’ancien Procureur de la République Firmin FEINDIRO à l’époque, il fallait attendre dix ans après pour le déclarer mort. Cette même information a été confirmée par l’ancien Ministre de la Justice M. Laurent GON-BABA, ancien Vice-Président de l’Assemblée Nationale et actuel Président de l’Assemblée Nationale. Serait-il déclaré mort alors que nous ne savions là où il a été enterré ? Est-il réellement mort où se trouverait-il quelque part ? Ces interrogations taraudent toujours nos esprits. Où se trouve son corps ? Où a-t-il été enterré ?
En outre, Monsieur Fidèle GOUANDJIKA, Ministre Conseiller Spécial auprès du Chef de l’état Faustin Archange TOUADERA, publiait sur sa page personnelle de réseautage social en ces termes et je cite : « Dans une démocratie, on ne tue pas les opposants ni les empêcher d’aller se faire soigner…il n’y a que dans une République bananière que l’on peut voir et vivre cette pratique. Laissez-le partir se faire soigner Monsieur le Président. Le temps ne joue pas en sa faveur…lui conseillait, le … en plein Conseil des Ministres. Ils étaient arrêtés ensemble avec Charles MASSI le même jour à Doba par le gouverneur sur instruction de l’ex ministre de l’intérieur Ahamat Bachir et après cela Charles MASSI a été transféré à Bangui et eux aux Renseignements Généraux (RG) de Ndjamena sans jugement. Ils sont en tout 10 éléments dont deux colonels.
Voici leurs noms :
- Djibrine Dagachene
- Haroun Oumar
- Hassan Mahamat Zene
- Ngaba Djahtalo
- Sama Damuel
- Ahmat Abderaman
- Adam Bolla
- Mahamat Youssouf
- Hissein Moumine
- Koutou Ngata
Source : confidentielle
Lors du sommet France-Afrique à Nice (début Juin 2010) où j’étais là en tant que Ministre Porte Parole du Gouvernement, le Président BOZIZE répondant à l’interview de Christophe BOISBOUVIER à RFI sur le sort de Charles MASSI, donnera la réponse suivante : « Bon ! Il a choisi là où on se parle à coups de kalachnikov. Que voulez-vous que je puisse dire ? ».
Pour toutes ces raisons susmentionnées, Excellence Monsieur le Président de la République, nous ne vous demandons qu’une seule chose au nom de la famille MASSI, la mise en place d’une Commission d’Enquête Indépendante (CEI) afin que lumière soit faite sur sa disparition. Nous ne pouvons vous rappeler cette date du 10 Janvier 2010, date à laquelle l’ancien Ministre D’Etat Charles MASSI a été déclaré disparu par la voix de la Radio France Internationale (Rfi) et la seconde c’est celle à laquelle sa femme, Mme NERIS Denise. Sa venue à Bangui, le 10 Janvier 2010, coïncidait avec Sommet des Chefs d’Etat de la CEMAC, arrêtée au domicile de son mari, en présence d’un de vos anciens Ministres et du Me Mathias MOROUBA avant d’être refoulée manu militari en France. Elle était décédée après avoir été reçue par l’ancien Président de la République française, Monsieur Nicolas SARKOZY à l’Elysée, des suites d’une hémorragie cérébrale à l’Hôpital militaire de Val-de-Grace.
Nous sommes dans un Etat de droit, alors la famille se demande, pourquoi Charles MASSI n’a-t-il pas été traduit en justice pour ce qu’on lui reprochait à l’époque, par l'ancien Président BOZIZE ? Pendant que nous pleurons notre père, oncle et cousin, l'ancien Président François BOZIZE se permet de vaquer à ses occupations en toute quiétude, en dépit des actes perpétrés à l'égard du peuple Centrafricain.
En date du 28 Avril 2020 sur les ondes de la Radio France Internationale, interviewée par la journaliste Charlotte COSSET, je cite : « Est-ce que vous demandez pardon notamment aux proches de Charles Massi et de François Njadder qui sont tous les deux décédés dans des circonstances encore aujourd’hui non élucidées ? » (Cf. Interview du 28/04/2020).
Monsieur Bozize : Oh mais (quand) le général Njadder est mort, j’étais à Bangui. C’était au cours d’une opération militaire, il a été blessé, je lui ai rendu visite à l’hôpital et les médecins n’ont pas pu redresser la situation. Quant à Charles Massi, il a quitté Bangui, il m’a écrit, il disait qu’il allait rendre visite à sa famille qui se trouvait en France et quelques semaines après il revendique des actions au Nord du pays. Au cours de ces actions il y a eu des officiers qui sont tombés, des soldats qui sont tombés et ensuite bon c’est la grande confusion jusqu’à aujourd’hui.
Quelles grandes confusions règnent-elles autour de cette disparition de l’ancien Ministre Charles MASSI ?
Excellence Monsieur le Président de la République, fort de tous ces motifs, la famille de Charles MASSI demande que l’ouverture de cette Commission d’Enquête Indépendante et Internationale fasse partie de l’une des recommandations auxquelles nous vous sollicitons à l’issu de toute tenue d’un dialogue inter-centrafricain. Les conclusions de cette Commission d’Enquête nous permettrons de savoir là où le corps de M. Charles MASSI a été inhumé afin que ses restes soient exhumés pour être enterrés dans son village natal.
De même, nous lançons un appel aux institutions nationales et internationales de Défense des Droits de l’Homme installées en République Centrafricaine notamment la COUR PENALE SPECIALE de Centrafrique d’aider la famille Charles MASSI dans cette démarche.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, l’expression de ma haute considération et de ma profonde gratitude.
Fait à Dakar, le 28 Avril 2020
Charles MASSI
Pour la Famille MASSI
Ampliations :
- Présidence de la République.
- Présidence de l’Assemblée Nationale.
- Primature.
- Ministère de la Défense Nationale.
- Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique.
- Ministère de la Justice, des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux.
- Ministère des Affaires Etrangères, de la Francophonie et de l’Intégration Internationale.
- Bureau Intégré des Nations Unies en Centrafrique (BINUCA).
- Fédération Internationale des Droits de l’Homme en Centrafrique (FIDH).
- Président de la Chambre des représentants auprès de la CPI, Me Sidiki KABA, Actuel Ministre des Affaires Etrangères de la République du Sénégal.
- Cour Pénale Internationale (C.P.I), Dakar (Sénégal).
- Amnesty International (Bureau Régional de Dakar, Sénégal).
- Ambassade de France en Centrafrique.
- Ambassade du Tchad en Centrafrique.
- Presse