Centrafrique: les bijoutiers réclament un assouplissement de l'embargo sur les diamants
http://www.rfi.fr/fr 06/03/2020 - 00:13
En Centrafrique, alors que le grand forum minier, la SEMICA, s’est achevé la semaine dernière, au marché artisanal de Bangui les bijouteries espèrent un assouplissement de l’embargo sur les diamants centrafricains. Car la demande est faible et le pouvoir d’achat n’est pas la seule cause de cette morosité.
Boucles d’oreilles, pendentifs et bagues ornées de diamants sont disposés dans des vitrines éclairées. Les clients ne se bousculent pas. Mathias Ndango est le directeur général de la bijouterie nationale de Centrafrique
« Ce n’est pas comme avant ça ne marche pas totalement. Parce qu’il n’y a pas le pouvoir d’achat. Il n’y a pas assez de clients. Des fois, dans un mois vous avez un client qui demande un diamant ou deux... Avant ce n’était pas comme ça, en un mois vous aviez à peu près une quinzaine de personnes qui venaient demander des bijoux avec des diamants. Par rapport à l’embargo, les gens ont un peu peur d’acheter des diamants. »
Le processus de Kimberley a en effet imposé un embargo sur la vente de diamant brut principalement de l’est du pays. Un embargo qui ne tient pas si le diamant est taillé. Mathias Ndango souligne le paradoxe…
« En matière de diamants, la bijouterie ne travaille qu’avec des diamants taillés, conformément à la loi. Mais comme la taillerie n’est pas habilitée à choisir la provenance des diamants, lui ne fait que tailler… Quand ça vient de la zone verte, la taillerie taille, zone rouge il taille et cela se fait commercialiser. »
Si le commerce légal du diamant subit un coup dur ces dernières années ce n’est pas le cas de l’or dont le marché a explosé. Moins de 20 kilos officiellement exportés en 2015, plus de 140 kilos ont été produits en 2018, selon le ministère des Mines. Ici aucun embargo sur l’origine de l’or produit.
Patrick Beloukouzou est bijoutier et professeur à l’école des métiers d’art… Il tresse un bracelet avec un fil d’or qu’il a lui-même confectionné.
« Dans notre pays au chantier il y a l’or. On extrait l’or. On exporte l’or. Et on le ramène à la bijouterie. On le fait fondre. Et maintenant on fait l’alliage. »
- Et d’où vient l’or vient ?
« L’or là de Bagandou, Ndolobo ? Dans la Lobaye et Bossangoa. Et Bambari c’est là-bas aussi. Pour trouver le diamant, il faut du temps dans le chantier, un mois, deux mois, un an pour avoir les diamants. Mais l’or aujourd’hui tu peux passer dans le chantier une semaine tu trouves l’or et tu rentres. »
Un marché lucratif d’autant plus que le cours de l’or est à la hausse. L’once se vend actuellement sur le marché à 1 500 euros.