Centrafrique : les massacres de trop qui ont fait tomber Bokassa
https://www.dw.com/ 17.01.2020
En janvier puis avril 1979, en Centrafrique, un mouvement de protestation de lycéens est réprimé dans le sang. La contestation s'étend et conduit au renversement de l'empereur Bokassa 1er. Interview avec un historien.
Pour les Banguissois, le 18 janvier reste dans les mémoires comme la « Journée des martyrs ». Elle fait référence à une centaine d’écoliers et d’étudiants tués en janvier 1979, en marge d’une manifestation contre le régime alors en place en Centrafrique : celui de Jean-Bedel Bokassa.
L’historien centrafricain Maurice Guimendego revient sur cet événement qui a déclenché un mouvement de protestation de masse réprimé dans le sang, en janvier et en avril de la même année, et qui a sans doute accéléré le renversement de l’empereur Bokassa par les services secrets français, quelques mois plus tard (en septembre 1979).
Un mois de janvier à Bangui
Les premières manifestations sont celles, en janvier 1979, d’écoliers et d’étudiants.
Ils protestent contre l’obligation qui leur est faite d’acheter un uniforme scolaire, produit par une société textile française, la CIOT, dans laquelle la famille Bokassa a des actions.
C’est l’annonce de trop qui fait déborder le vase déjà bien rempli de la colère populaire, car sans uniforme, les élèves ne peuvent se rendre à l’école… or leurs parents, qu’ils soient paysans ou fonctionnaires avec des arriérés de salaires de plusieurs mois, sont dans l’incapacité financière de payer ces tenues.
Les manifestations des jeunes gens à Bangui sont réprimées dans le sang. La contestation gagne d’autres secteurs et s’étend à de nombreuses provinces du pays.
Le mouvement s'amplifie
En avril, les paysans, les fonctionnaires défilent eux aussi, contre la hausse des prix, les salaires impayés, le mauvais prix du coton. Le régime écrase ces mouvements avec une telle violence qu’Amnesty international (section anglaise) publie un rapport pour dénoncer ce nouveau bain de sang.
l’historien centrafricain Maurice Guimendego, qui estime que ces révoltes populaires et la violence de la riposte des forces impériales ont précipité la destitution de Bokassa 1er, en septembre 1979.