CEMAC: COMMUNIQUÉ FINAL DU SOMMET EXTRAORDINAIRE DES CHEFS D’ÉTAT, 22 NOVEMBRE 2019
L’Afrique centrale veut faire évoluer le franc CFA
22 NOV 2019 22.11.2019 à 19:00 AFP
Les dirigeants des six pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac), réunis en sommet extraordinaire à Yaoundé vendredi, ont annoncé leur volonté de faire évoluer le franc CFA, présentée par certains comme une monnaie « héritée de la colonisation ».
La monnaie, utilisée par 14 pays d’Afrique de l’Ouest et centrale pour un total de 155 millions d’habitants, est indexée sur l’euro et convertible avec la monnaie européenne. Les Etats utilisateurs doivent déposer 50% de leurs réserves en France.
Les six dirigeants présents au sommet de Yaoundé ont examiné « la coopération monétaire avec la France (et) décidé d’engager une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération », explique un communiqué final.
« A cet effet, ils ont chargé la Banque des Etats d’Afrique centrale (Béac) de proposer dans des délais raisonnables un schéma approprié conduisant à l’évolution de la monnaie commune », le franc CFA, ajoute-t-il.
Cinq chefs d’Etat sur les six que compte la Cémac ont pris part au sommet de Yaoundé: le Camerounais Paul Biya, le Centrafricain Faustin-Archange Touadéra, le Congolais Denis Sassou Nguesso, l’Equato-guinéen Teodoro Obiang Nguema et le Tchadien Idriss Déby Itno. Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, était représenté par son Premier ministre.
Dans le texte, les dirigeants ont « réaffirmé leur volonté de disposer d’une monnaie commune stable et forte ».
Si le communiqué ne précise pas la nature de l’évolution, le président tchadien a évoqué sur les antennes de la télévision camerounaise la sortie de la monnaie.
« Demain, quand nous sortirons du franc CFA, nous appartiendrons à un seul (cadre monétaire) », a-t-il affirmé.
« Nos partenaires français sont ouverts à tous les dialogues possibles avec nous. Les institutions de la Cémac et la Beac ont été chargées de négocier, pas dans la précipitation », a-t-il assuré.
« Nous ne devons pas être (liés aux) anciennes puissances coloniales », a pour sa part affirmé le président équato-guinéen.
Dans un dossier de presse, la présidence camerounaise avait écrit que « la monnaie héritée de la colonisation (le franc CFA) divise les économistes et les chefs d’Etat de la zone franc ».
Cette monnaie « est présentée par de nombreux experts en finances comme un frein au développement », avait-elle ajouté.
Dans une allocution à l’issue du sommet, Paul Biya a estimé que la politique monétaire en cours en Afrique centrale « a permis jusqu’à présent d’assurer la stabilité financière de notre sous-région ».
« Il y a toutefois lieu de rester flexible à toute proposition de réforme visant à consolider son action », a-t-il préconisé.
Au sein de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), certains officiels ont ouvertement pris position en faveur du remplacement du franc CFA par une autre monnaie. En Afrique centrale, les dirigeants étaient jusqu’à présent plus réservés sur la question.
© 2019 AFP
Franc CFA : la Cémac veut disposer d’une monnaie commune stable et forte
http://www.adiac-congo.com/ Samedi 23 Novembre 2019 - 14:45
Au terme du sommet extraordinaire de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cémac), tenu le 22 novembre, à Yaoundé, au Cameroun, les chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres, notamment le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad, ont réaffirmé, en rapport avec l’avenir du franc CFA, leur volonté de disposer d’une monnaie commune stable et forte.
Le sommet convoqué à l’initiative du chef de l'Etat camerounais et président en exercice de la Cémac, Paul Biya, avait pour objectif d’examiner la situation économique, financière et monétaire de la zone, et d’analyser les perspectives des économies de la sous-région.
Il a, en outre, permis aux chefs d’Etat de débattre particulièrement de la coopération monétaire avec la France portant sur le franc CFA, qui appelle à une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération.
« Les présentes assises nous donnent à nouveau l’occasion d’échanger et d’arrêter des mesures complémentaires pouvant consolider le redressement économique de notre sous-région », a déclaré le président Paul Biya, hôte du sommet.
Statuant, par ailleurs, sur la situation économique, monétaire et financière dans la zone Cémac, les chefs d’Etat ont salué le redressement global de la situation macro-économique marquée, selon les experts, par le retour à une croissance économique positive, la maîtrise de l’inflation, une forte réduction des déficits budgétaires et courants.
Au sujet de la soutenabilité et la viabilité de l’endettement public, ils ont privilégié les financements concessionnels favorisant les partenariats public-privé, afin de réaliser les projets d’infrastructures. D’où leur engagement renouvelé pour l’élaboration, en accord partie avec les partenaires techniques et financiers, d’une approche « solidaire, cohérente et concertée de coopération » à la fin du programme soutenu par la Facilité élargie de crédit du Fonds monétaire international.
Un appel à la mobilisation des ressources financières
Face aux défis économiques actuels auxquels fait face la zone Cémac, la mobilisation des ressources financières semble un impératif pour les chefs d’Etat, en vue de parvenir à l’objectif de transformation structurelle des économies menant vers une industrialisation plus large.
Dans l’optique d’améliorer le climat des affaires, jugé peu propice actuellement, les chefs d’Etat entendent mener des réformes structurelles d’envergure susceptibles de promouvoir l’investissement privé, diversifier leurs économies, question de « les rendre plus fortes, résilientes et davantage compétitives ».
Toutefois, afin de tirer un meilleur profit de la Zone de libre-échange continentale africaine, les dirigeants de la Cémac ont convenu d’accélérer l’approfondissement de l’intégration sous-régionale pour développer les échanges commerciaux intra-communautaires.
Cet objectif passant avant tout par la stabilité des Etats membres, les chefs d’Etat ont, pour ce faire, décidé de renforcer les concertations et les actions communes face aux questions liées aussi bien au terrorisme international qu’aux diverses velléités déstabilisatrices au sein de cet espace communautaire.
Guy-Gervais Kitina