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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 16:18
La Russie veut bousculer l’ordre établi en Afrique
La Russie veut bousculer l’ordre établi en Afrique

Lu pour vous

 

https://www.france24.com 26/10/2019 - 14:13

 

En organisant son premier sommet avec l'Afrique et en mettant en avant la coopération militaire et de défense, Moscou se pose en défenseur de la stabilité du continent, en proie à des mouvements de contestation et au terrorisme.

 

En réunissant cette semaine plus d’une quarantaine de chefs d’État africains dans la station balnéaire de Sotchi à l'occasion du tout premier sommet Russie-Afrique, Vladimir Poutine a remporté avec prouesse son pari. Celui de marquer le retour en force de l’ancienne puissance communiste sur un continent dont il s’était retiré à la chute de l’Union soviétique, laissant la place aux pays occidentaux, grands vainqueurs de la Guerre froide, et à la Chine.

Pour Louis Keumayou, spécialiste de l’Afrique et président du Club de l’information africaine, l’opération de charme de la Russie à l’endroit de l’Afrique est réussie : "C’est déjà une grande réussite d’avoir pu rassembler autant de chefs d’État et de gouvernement à Sotchi alors que certains ont des problématiques de sécurité intérieure qui auraient pu les empêcher de venir."

Pendant le sommet, organisé du 22 au 24 octobre, le président russe a promis de doubler dans les cinq ans à venir les échanges commerciaux avec l'Afrique. En 2018, ceux-ci ont été évalués à 17 milliards de dollars. Bien loin des échanges commerciaux avec l’Europe (275 milliards de dollars) et avec la Chine (200 milliards de dollars).

Moscou entend s’appuyer sur les anciens régimes communistes africains comme l’Angola ou l’Éthiopie avec lesquels la Russie a entretenu des liens. Elle peut aussi compter sur ses deux grands partenaires économiques que sont l’Algérie et l’Égypte. "Ces deux pays représentent la moitié des échanges commerciaux avec l’Afrique. Et l’Afrique du Nord peut être une porte d’entrée pour la Russie sur le continent à travers la Méditerranée", estime Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe basé à Moscou. C’est d’ailleurs l’Égyptien Abdel Fattah al-Sissi, président en exercice de l’Union africaine, qui a coprésidé le sommet avec Vladimir Poutine.

"Depuis la crise ukrainienne et la politique des sanctions à la fois européennes et américaines, beaucoup de marchés européens et occidentaux se sont fermés à la Russie, et l’Afrique s’est imposée comme une aire géographique intéressante pour trouver de nouveaux débouchés", a expliqué sur RFI Arnaud Kaluka, spécialiste de la Russie à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

Expertise militaire et nucléaire

Lors de la réunion de Sotchi, l’ancienne puissance communiste a mis en avant son expertise militaire. Si de grands contrats d’armement n’ont pas été annoncés, la Russie a multiplé en amont les accords de coopération militaire et de défense avec plusieurs pays africains dont le Mali, en proie à la menace terroriste au nord et au centre que peine à juguler la Force conjointe du G5 Sahel.

La Russie a aussi trouvé des marchés pour son industrie nucléaire. L’Éthiopie a signé avec Rosatom, l’entreprise publique russe déjà présente en Zambie, un accord qui prévoit la création d’un réacteur expérimental pour combler son déficit énergétique. Le Rwanda, lui, est sorti du sommet avec un accord prévoyant la construction d’un centre de recherches sur le nucléaire.

Moscou s’est aussi rapproché des mines africaines en signant des accords de prospection en matières premières avec le Soudan du Sud et la Guinée équatoriale, deux pays riches en pétrole. Sur le marché africain des hydrocarbures, les géants russes Gasprom et Rosneft répondent aussi présents.

Présence renforcée dans le pré carré français

Plusieurs signes présageaient du retour de Moscou sur la scène africaine. Notamment le renforcement de la présence russe en Centrafrique. Dans ce pays riche en minerais – comme le diamant – et ravagé par la guerre civile, les Russes ont mis la main sur l’appareil sécuritaire étatique, et notamment sur les services de renseignement, dirigés par Valery Zakharov, conseiller à la sécurité du président Faustin-Archange Touadéra.

Cet ancien policier de Saint-Pétersbourg aurait aussi des liens avec le controversé Evguéni Prigojine, un proche de Vladimir Poutine qui a des intérêts dans le groupe militaire privé Wagner dont les mercenaires s’occupent de la formation des soldats centrafricains. Cette société russe qui aurait été très active dans la guerre du Donbass sécurise aussi des concessions minières d’or et de diamant pour l’entreprise russe Lobaye Invest du discret homme d’affaires Evguéni Khodotov.

L’influence grandissante de la Russie dans un pays d’Afrique francophone, pré carré de la France, inquiète Paris. "Il y a eu un certain effet d'optique ces derniers mois avec l'apparition d'une présence russe en Afrique francophone à laquelle on n'était pas habitués", explique Igor Delanoë. "Moscou a profité d’une brèche ouverte en 2017 par l’allègement de l’embargo décidé par l’ONU [contre la Centrafrique] pour mettre un pied là où elle avait déjà une forme de présence", a détaillé sur RFI Arnaud Kaluka.

Dans le sens inverse, une dizaine de chefs d’État africains se sont rendus au Kremlin depuis 2015. Les dirigeants africains ont été de plus en plus séduits par un discours politique russe favorable à la stabilité des régimes, mêmes autoritaires. "Il y a des sortes de mesures proposées par les Russes aux gouvernements africains pour intensifier la coopération bilatérale en matière de sécurité avec la formation et les livraisons d’armes, le tout visant à consolider l’appareil sécuritaire pour se prémunir contre de futures contestations", explique Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe.

Ainsi, en janvier, lors d’un discours officiel, Alexandre Bregadzé, ancien ambassadeur de la Russie en Guinée-Conakry, a soutenu ouvertement le projet de révision de la Constitution qui pourrait permettre à Alpha Condé de se représenter pour un troisième mandat. "Les Constitutions ne sont ni des dogmes, ni la Bible, ni le Coran. Elles s’adaptent à la réalité. Nous vous soutenons, Monsieur le président, la Guinée a besoin de vous", avait-il déclaré.

Moscou promet la stabilité

Lors du sommet de Sotchi, Vladimir Poutine n’a pas manqué non plus de se poser en rempart contre les tentatives de renversement des régimes africains : "Plusieurs pays sont confrontés aux conséquences des Printemps arabes. Résultat : toute l’Afrique du Nord est déstabilisée… Dans cette région, mais aussi dans les zones du Sahara et du Sahel, dans la région du lac Tchad, on trouve de nombreuses organisations terroristes, notamment Daech, Al-Qaïda, Boko Haram et Al-Shebab. C’est pourquoi il nous semble important d’accroître les efforts conjoints de la Russie et de l’Afrique dans le domaine de la lutte antiterroriste."

Mais la Russie pourrait très vite se trouver en porte-à-faux avec les aspirations d’une jeunesse africaine plus favorable aux alternances et aux valeurs démocratiques. "Avec ce type de discours, il y a en effet un risque d’être en décalage avec les attentes de la société civile. La Russie en a déjà fait les frais au Soudan avec le renversement d'Omar el-Béchir [proche de Moscou]", explique Igor Delanoë.

Pour autant, la multiplication des partenaires économiques ne peut être que bénéfique pour le continent, pensent certains analystes. "Pendant longtemps, le néocolonialisme a surtout été incarné dans la partie francophone par la France. Il faut sortir du tête-à-tête avec les anciennes puissances coloniales. C’est ce que propose la Russie. La Chine a offert un volet économique, la Russie vient avec la coopération militaire", conclut Louis Keumayou.

 

 

Des hot dogs à la désinformation : la cuisine d'Evguéni Prigojine, le "chef" de Poutine

 

https://www.france24.com 02/10/2019 - 18:46

 

Tentatives pour influencer les élections aux États-Unis, guerre en Ukraine, ambition russe en Afrique : le nom d’Evguéni Prigojine revient dans tous ces dossiers. Cet oligarque, surnommé le "chef" de Poutine, est aussi dans le viseur de Washington.

Il est peut-être l’oligarque russe le plus sanctionné par les États-Unis. Lundi 30 septembre, Evguéni Prigojine a une nouvelle fois été visé par le Trésor américain, qui a gelé certains de ses actifs. Ce milliardaire proche de Vladimir Poutine avait déjà été sanctionné par Washington en 2016, et plusieurs de ses sociétés ont été mises à l’index en 2017 et 2018. Il a même été inculpé, in absentia, par un jury populaire en février de l’an dernier.

Evguéni Prigojine doit cet acharnement à son rôle de grand argentier de la célèbre Internet Research Agency (IRA). C’est cette organisation russe qui a été à l’origine de la vaste opération de désinformation et de propagande menée durant la campagne pour la présidentielle américaine de 2016. Le Trésor affirme que l’IRA a récidivé en tentant d’influencer les élections de mi-mandat de 2018.

Des hot dogs aux restaurants de luxe

Mais Evguéni Prigojine est bien plus que le milliardaire derrière les milliers de faux comptes Twitter ou Facebook disséqués par tous les services américains de renseignement. Au fil des ans, ce natif de Saint-Pétersbourg s’est imposé comme l’homme de confiance et des basses œuvres de Vladimir Poutine. Son influence ne s’exerce pas seulement dans les petits cercles du pouvoir moscovite ou sur Internet, mais aussi au-delà des frontières russes – et tout particulièrement en Afrique.

Pourtant, cet homme de 58 ans est parti de rien. Dans le Saint-Pétersbourg de l’ère soviétique, Evguéni Prigojine s’est d’abord fait connaître des autorités comme délinquant. À 20 ans, il a été condamné à douze ans de prison pour avoir participé à un braquage et a aussi été reconnu coupable d’appartenir au crime organisé. Il bénéficie d’une libération anticipée dix ans plus tard puis cherche à profiter des opportunités offertes par la chute du régime communiste en se lançant dans… la vente de hot dogs. Il abandonne rapidement cette branche pour reprendre une chaîne d’épiceries puis décide de se consacrer à la restauration.

Vers la fin des années 1990, il ouvre à Saint-Pétersbourg le "New Island", qui va devenir le restaurant de luxe favori du monde des affaires et de l’élite politique locale. Parmi les édiles saint-pétersbourgeoises se trouve un certain Vladimir Poutine, qui commence à fréquenter l’établissement.

En 2001, fraîchement élu président de la Russie, Vladimir Poutine choisit d’emmener son homologue français Jacques Chirac au restaurant d’Evguéni Prigojine. D’après la légende entretenue par l’homme d’affaires, l’ex-délinquant reconverti profite de ce repas pour lier connaissance avec le maître du Kremlin.

Dès lors, Evguéni Prigojine s’immisce dans le cercle des proches du président russe à la force de la fourchette. À tel point qu’Evguéni Prigojine décroche un surnom : celui de "chef" de Vladimir Poutine. Sa proximité avec le président russe lui permet de décrocher de très juteux contrats pour assurer la restauration de tous les écoliers de Moscou et de l’armée russe. Des opportunités qui vont lui permettre d’amasser son premier milliard au début des années 2010. Vladimir Poutine s’est, quant à lui, offert un loyal soldat aux poches très bien remplies.

Le groupe Wagner et l’Afrique

Si, à l’étranger, Evguéni Prigojine est avant tout connu comme l’homme de la propagande numérique à grande échelle, en Russie il s’est surtout illustré par sa créativité pour tenter de discréditer des mouvements d’opposition. "Il n’a pas peur de se salir les mains pour arriver à ses fins", affirme au New York Times Lioubov Sobol, militant de la Fondation anticorruption de l’opposant Alexeï Navalny. La holding d’Evguéni Prigojine, Concord Group, a ainsi des intérêts dans des médias chargés de propager des rumeurs sur tel ou tel opposant. L'homme est aussi soupçonné d’avoir organisé des coups médiatiques comme l’organisation d’une manifestation de faux militants pro-LGBT pour accueillir le président américain Barack Obama en 2013 lors du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg. Le but, d’après le site russe d’investigation Meduza, était d’aller dans le sens du discours officiel du Kremlin, teinté d’homophobie, sur la défense des "valeurs familiales" face à un Occident présenté comme "décadent".

Et puis il y a le groupe paramilitaire Wagner. Cette milice russe, qui a été active en Ukraine, en Syrie ou encore en Libye, est souvent perçue comme une armée parallèle à la solde du Kremlin, même si les groupes militaires privés sont, officiellement, interdits en Russie. Plusieurs enquêtes, notamment du Guardian et du New York Times, indiquent qu’Evguéni Prigojine en est le réel patron, même si le principal intéressé nie jusqu’à l’existence de cette force paramilitaire.

Le groupe Wagner sert en tout cas les intérêts financiers de l’homme d’affaires en Afrique, où ces militaires apparaissent comme le bras armé de la diplomatie russe. En Syrie, Evguéni Prigojine a obtenu du régime 25 % des revenus des champs gaziers et pétroliers que les forces paramilitaires russes ont contribué à reprendre aux militants de l’organisation jihadiste État islamique, a raconté le quotidien Libération dans une enquête consacrée aux barbouzes de Moscou, publiée en 2018. Au Soudan, des hommes du groupe Wagner protègent une mine d’or soupçonnée d’être exploitée par une société sous contrôle indirect d’Evguéni Prigojine.

Rivalité avec la France

En Afrique, l’ancien vendeur de hot dogs ne s’intéresse pas qu’aux affaires. Il aide aussi Moscou à avancer ses pions géopolitiques. Les pays de la sphère d’influence française semblent tout particulièrement dans le viseur de cet homme de confiance de Poutine, d’après des documents internes au groupe Wagner consultés par le quotidien britannique The Guardian. Une carte indique ainsi les pays africains où existent une "rivalité avec la France" et d’autres documents soulignent la réussite des agents russes à évincer, notamment, des "politiciens favorables à Paris" en République centrafricaine. Il est aussi fait mention d’une opération dans les Comores où des "envoyés de Prigojine ont testé des 'outils technologiques' pour savoir s’il était possible d’attiser les tensions entre les autorités locales et Paris", raconte le Guardian, qui a repris ces informations du Dossier Center, une initiative russe de journalisme d’investigation basée à Londres.

Le "chef" de Vladimir Poutine fait donc preuve d’un appétit d’ogre qui va bien au-delà de l’entreprise de désinformation sur Internet. Et le fait d’être dans le collimateur de Washington ne semble pas le gêner. Après avoir été inculpé en 2018, il avait déclaré : "Ça ne me dérange pas. Si les États-Unis veulent voir en moi le diable, qu’ils le fassent."

La Russie veut bousculer l’ordre établi en Afrique
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