Par RFI Publié le 14-07-2019 Modifié le 14-07-2019 à 19:47
Un rapport d’enquête parlementaire a été rendu public en Centrafrique ce week-end. Il préconise la cessation des activités minières des entreprises chinoises dans la région de Bozoum. L’enquête a été menée à la demande de la conférence des présidents de l’Assemblée nationale, suite à de nombreuses plaintes des populations. Les recherches devaient concerner la pollution causée par la production de l’or le long du cours d’eau de l’Ouham. Les conclusions du rapport vont plus loin.
Un « désastre écologique ». C’est ainsi que la commission d’enquête parlementaire qualifie la situation dans la zone de Bozoum. Elle décrit différents phénomènes comme la déviation du fleuve de son lit naturel, la déforestation, la pollution de l’eau ou encore la disparition des espèces aquatiques. La commission s’inquiète aussi des dégâts sanitaires soupçonnant l’utilisation de mercure pour la recherche de l’or dans la zone.
Le constat de la commission d’enquête ne s’arrête pas là. Les parlementaires dénoncent la présence importante de soldats centrafricains pour la protection des mines à l’heure où « la population réclame son armée ». Par ailleurs, des violences commises par les Forces armées centrafricaines (Faca) sur les populations, dans ces zones, sont aussi dénoncées.
Enfin, la question des permis et des rendements est soulignée par le rapport.
« L’exploitation de l’or par les entreprises chinoises à Bozoum n’est pas rentable pour l’État », peut-on lire dans le rapport qui questionne aussi la complicité de pratiques frauduleuses de cadres de l’administration des mines.
Les députés s’inquiètent d’une « possible révolte » si rien n’est mis en œuvre.
Les entreprises chinoises concernées sont les sociétés Tian Roun, Tian Xiang, SMC Mao et Meng.
Sur des dizaines de kilomètres on a vu par exemple les photos depuis les satellites il y a vraiment un changement énorme. La rivière qui était une belle rivière est devenue toute une cave à ciel ouvert avec des bassins à côté de décantation, dans lesquels ont doute qu’il y a aussi l’utilisation de mercure ou de cyanure. Le phénomène de la pollution de l’eau, on l’observe jusqu‘à Batangafo et déjà jusqu’au Tchad., donc c’est au moins sur 200 ou 300 kilomètres...
Le père Aurélio Gazzera, curé de la ville, dénonce les effets néfastes de ces exploitations
14-07-2019 - Par Olivier Rogez
Centrafrique : une commission d’enquête dénonce les abus de sociétés minières chinoises
14 juillet 2019
“Désastre écologique”, “fleuve pollué”, “santé publique menacée” : une commission d’enquête parlementaire en Centrafrique recommande l’arrêt de l’exploitation de mines d’or par quatre sociétés chinoises dans le nord du pays, dans un rapport rendu public samedi.
“L’exploitation de l’or par les entreprises chinoises à Bozoum n’est pas rentable pour l’état et préjudiciable pour la population et l’environnement”, estiment les membres de la commission parlementaire, en conclusion d’une enquête de terrain menée dans les environs de cette ville du nord de la République Centrafricaine.
Les entreprises chinoises concernées sont les sociétés Tian Roun, Tian Xiang, smc Mao et Meng.
“Le désastre écologique constaté sur le terrain est de nature à justifier l’arrêt immédiat sans condition de ces exploitations”, poursuivent les auteurs.
La commission d’enquête s’est rendue à Bozoum du 6 au 10 juin pour répondre aux “multiples plaintes de la population”.
Sur place, les députés ont constaté une pollution de l’eau du fleuve Ouham, dévié de son lit par les sociétés minières, et la disparition des espèces aquatiques.
Au sein des populations riveraines, “les cas d’avortement sont en augmentation depuis la pollution”, affirment les députés, qui notent également la multiplication des décès dans les villages de pêcheurs et les difficultés d’accès à une eau propre à la consommation.
Par ailleurs, la commission d’enquête soupçonne des irrégularités dans les comptes présentés aux autorités par les sociétés minières.
“L’exploitation moyenne est d’environ 400 grammes à 1 kg par site et par mois. Cette situation semble inacceptable au regard des coûts de production journalière”, estiment les auteurs du rapport. “Le mode d’exploitation utilisé s’apparente à un bradage de nos ressources, avec la complicité de certains responsables du Ministère des mines”, accuse le rapport.
Riche en ressources naturelles, la Centrafrique est déchirée par la guerre, qui a forcé près d’un quart des 4,5 millions d’habitants à fuir leur domicile.
L’exploitation de ces ressources est difficile à contrôler dans ce pays où l‘état n’a la main que sur une maigre partie du territoire national.
AFP