Par RFI Publié le 09-07-2019 Modifié le 09-07-2019 à 13:54
En Centrafrique, le gouvernement annonce les débuts de la mise en application de l'un des gros chantiers prévus par l'accord de paix de Khartoum. Il s’agit de la restitution par les groupes armés, qui contrôlent près de 80% du territoire centrafricain, des nombreuses bases et barrières éparpillées dans le pays, qui assurent jusqu'ici à ces groupes l'essentiel de leurs revenus.
Le gouvernement centrafricain est formel, le démantèlement des bases et barrières détenues par les groupes armés de ce pays est enfin sur les rails. C’est ce que confirme le ministre de la Sécurité publique, Henri Wanzet, sur RFI : « Ils n’y vont pas timidement. Vous savez que la mise en place du premier gouvernement a été contestée, nous sommes repartis à Addis-Abeba et par consensus, nous avons mis en place le gouvernement actuel. Maintenant nous sommes dans la dynamique donc c’est parti pour la restitution des bâtiments administratifs et le démantèlement des barrières. »
Premiers à avoir répondu à ce programme, selon Henri Wanzet, le groupe Révolution et justice (RV) basé dans le Nord-Ouest, suivi des 3R du général Sidiki Abbas depuis moins d'un mois. Le ministre de la Sécurité a aussi annoncé qu'il allait participer, cette fois dans le sud-est du pays, au démantèlement de bases et barrières de l'UPC, comme promis par le groupe dirigé par Ali Darassa.
Son de cloche différent sur le terrain
L'UPC parle de son côté d'une base et de bâtiments restitués depuis samedi. Son porte-parole, Ali Moussa, en appelle au gouvernement et aux autres partis pour qu'ils fassent de même : « C’est un pas que l’UPC fait aujourd’hui. Il y a bien d’autres partenaires qui sont concernés par la mise en œuvre de l’accord et l’UPC espère bien que ces partenaires pourront aussi faire quelques pas. Ensemble on compte vraiment avancer positivement, pas après pas jusqu’à ce qu’on arrive à la mise en œuvre totale de l’accord politique pour la paix et la réconciliation en RCA. »
Mais c'est un autre son de cloche qui nous vient du terrain. Le préfet de l'Ouaka, Victor Bissokoin, explique qu'en réalité, la barrière aurait été déplacée et que le bâtiment serait toujours occupé.
Parly à Bangui: «Il va falloir désarmer un certain nombre de groupes armés»
Le général français Eric Peltier a succédé au général portugais Herminio Maio pour commander l'EUTM-RCA, qui forme des soldats des Forces armées centrafricaines (Faca). La ministre française des armées Florence Parly a fait le déplacement, et le président de la République Faustin Archange Touadera a assisté à la cérémonie
Après 18 mois passés à la tête de l’European Union Training Mission (EUTM) le général Herminio Maio tire les enseignements de sa mission. « Au-delà de la reconstruction matérielle et opérationnelle, a-t-il déclaré, seule une nouvelle mentalité basée sur un sentiment national solide, sur une adhésion ferme aux principes républicains et sur le respect des valeurs universelles permettra le relèvement durable des forces armées en RCA. »
Florence Parly, la ministre française des Armées, a évoqué quant à elle les priorités à venir pour l’EUTM et la France. « Il va falloir maintenant désarmer un certain nombre de groupes armés. C’est l’objet du processus de DDR qui doit être suivi, et c’est une très bonne chose que l’accord de paix et de réconciliation prévoient les mécanismes de suivi ; mais maintenant, en effet, il faut passer à la vitesse supérieure. En tout cas, la France, le général Peltier, l’EUTM seront aux côtés de la Centrafrique dans les prochains mois pour faciliter et accompagner ce mouvement de désarmement des groupes armés. Et bien sûr, auprès des Nations Unies afin que l’embargo sur les armes puisse être assoupli. »
Aucun mot n’a été dit sur la Russie. L’ambassadeur Titorenko a fait le déplacement à la cérémonie de passation. Il n’a pas non plus été question de nouvelles livraisons d’armes ou d’envoi de personnels armés supplémentaires.