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20 mars 2019 3 20 /03 /mars /2019 16:46
Le Bambino Gesù, aux confins de la Centrafrique, chez les Pygmées Aka

 

https://www.vaticannews.va 18/03/2019   Xavier Sartre – Bagandou, République centrafricaine

 

L’hôpital pédiatrique du Bambino Gesù veut s’engager davantage en République centrafricaine. À l’occasion de l’inauguration du centre de re-nutrition de Bangui, la présidente du complexe romain est allée à la rencontre des populations parmi les plus isolées du pays. La volonté du Pape d’aider les enfants centrafricains ne s’arrête pas aux portes de la capitale.

La piste en latérite, cette terre rouge, succède à la route asphaltée. Passé Mbaiki, sa cathédrale de briques, réputée être plus belle que la cathédrale de Bangui, la capitale, la nationale 6 chemine à travers les clairières et la forêt équatoriale. Un mince nuage de poussière se soulève au passage du convoi de 4x4 et de pick-ups qui emmènent la délégation du Bambino Gesù vers Bagandou, bourgade dominée par l’église et la mission de pères polonais.

Avant d’y arriver, il faut traverser la rivière Lobaye, large filet d’argent sous le ciel chargé de nuages, serpentant à travers la végétation luxuriante. Un bac rudimentaire, propulsé à la force des bras par les hommes des villages alentours, permet de faire transiter véhicules et passagers. Encore quelques kilomètres et voici le convoi arrivé à destination.

Bagandou, porte de la forêt

Bagandou, outre une grande église, possède un hôpital de brousse, tenue par des sœurs comboniennes originaires d’Italie. Parmi elles, sœur Rita, depuis trente-quatre ans en Afrique, dont deux dans cet avant-poste. Le visage sévère, c’est la doyenne de la communauté. Sa mission, c’est d’«aider les mères quand elles sont enceintes au travers de l’éducation à la santé. Qu’elles apprennent comment porter leur grossesse à terme, surtout du point de vue de l’hygiène ; ensuite, les encourager beaucoup à aller à l’hôpital pour accoucher, et pas accoucher dans les villages les désastres ont lieu», explique-t-elle.

Une mission ardue dans cette région de la Centrafrique où l’animisme est encore très présent. Bien souvent les familles préfèrent d’abord écouter les anciens ou les sorciers. Les convaincre de suivre quelques règles d’hygiène ou de santé est donc difficile. Pour cela, les sœurs tentent de convaincre les chefs de village dont l’avis est écouté et respecté.

Au quotidien, il faut faire face aux difficultés matérielles. L’absence de courant électrique peut devenir très problématique lors des interventions chirurgicales ou les accouchements. Membre de la délégation du Bambino Gesù, le cardinal Krajewski, l’aumônier du Pape, assure que le Saint-Père est très attentif aux besoins de la structure. Au point de leur accorder une aide financière pour acheter un lit d’opération et des batteries pour subvenir à toute panne de courant.

NGouma, mission chez les Pygmées

Le convoi reprend la route, ou plutôt la piste, de plus en plus difficile. Direction NGouma, un peu plus à l’ouest, à seulement 16 kms. Il faut près de trois quarts d’heures pour y arriver quand le temps est sec. Quand il pleut, le chemin devient un véritable bourbier, impraticable pour les véhicules motorisés.

Ce sont des Bantous et des Pygmées qui accueillent la délégation. Les enfants se réunissent autour des adultes, se font prendre en photo, rient de se voir sur l’écran du téléphone portable. D’autres prennent la pose, le regard fier.

Dans ce village, une mission a été construite par des sœurs polonaises. Une maison, un dispensaire, une école, des logements pour les enseignants. C’est l’ONG italienne Amis pour la Centrafrique qui en a maintenant la charge. Le dispensaire est fermé depuis un an et demi, faute de moyens et de personnels. Pour la présidente du Bambino Gesù, c’est le lieu idéal pour continuer l’effort entrepris à Bangui, avec le nouvel hôpital pédiatrique.

Nouvelle vie pour le dispensaire

Mariella Enoc aimerait ainsi trouver deux personnes qualifiées, parlant le aka, la langue des Pygmées, pour réoccuper les lieux et assurer des soins à une population privée de toute structure sanitaire. «L’hôpital le plus proche, c’est celui de Bagandou», explique Valentina Morini, la responsable de l’ONG. «Mais pour un malade, faire toute cette route à pied est impossible. Et ici, il y a pas mal de cas de diarrhées, d’intoxications alimentaires, de paludisme grave, et ils n’ont aucun accès aux soins», précise-t-elle, contente que l’hôpital pédiatrique du Pape se penche sur NGouma.

L’école, elle, fonctionne. Les classes, disposées tout autour d’une cour centrale, accueille plusieurs dizaines d’enfants. Emmanuel GBombia, l’instituteur en charge de la classe de CE2, a 26 élèves, Bantous et Pygmées. Il leur enseigne en français mais peut utiliser parfois le sango, la langue nationale de la Centrafrique, quand les enfants ne comprennent pas. Il vient lui-même de recevoir une formation de 48h avec un autre professeur invité par l’organisation pour améliorer ses connaissances.

Cette visite au cœur du pays pygmée est l’occasion aussi d’une annonce qui montre la sollicitude du Pape François envers tout le pays : le Saint-Père est prêt à financer une nouvelle route, à condition qu’elle soit entretenue chaque année, pour que la saison des pluies ne ruine pas les efforts menés pour la refaire. Cela permettra d’améliorer grandement les communications entre NGouma et Bagandou et plus largement de tous les villages de la zone avec l’hôpital. Gagner quelques minutes sur le trajet peut sauver des vies. Cela permettra aussi de briser l’enclavement de la région.

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