Lu pour vous
Paris-Bangui : Touadera maintient son agenda avec Moscou en dépit des injonctions de Paris, Brazzaville et N’Djaména. EXCLUSIF
http://confidentielafrique.com 12 octobre 2018
Depuis que Poutine a méthodiquement pris position à Bangui, Paris tente avec ses relais de la région de manœuvrer pour maintenir de façon géostratégique sa place sur le terrain. Enjeu: le contrôle des matières premières centrafricaines en passe de tomber dans l’escarcelle de Moscou. Exclusif
C’est dans cette optique que le Président Emmanuel Macron a convoqué à Erevan un mini-sommet qui a réuni autour de lui, Idriss Deby, Sassou, Touadera et le Président de la commission de l’Union Africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat. Selon des informations exclusives obtenues par Confidentiel Afrique, Paris a tenté de mettre en garde le chef de l’État Centrafricain, Touadera, sur l’accélération de ses relations militaires avec la Russie.
Il sied de noter deux semaines avant le sommet d’Erevan, le locataire de l’Élysée Emmanuel Macron avait dépêché son conseiller Afrique, Frank Paris auprès des garants du temple de la zone Cemac notamment Sassou et Deby. La tension est dans un État explosif dans la région. Les députés Centrafricains ont adopté une résolution autorisant à Moscou et Khartoum de s’impliquer dans la résolution de la crise reléguant aux calendes grecques la médiation de la zone Ceeac, menée depuis plus de 10 ans par le chef de l’Etat Congolais Dénis Sassou Nguesso .
Projet de base militaire à Bangui mal perçu
À l’évidence, selon nos informations autorisées, malgré les réticences d’Emmanuel Macron qui se passe pour un chantre du multilatéralisme, son ministre Jean-Yves Le Drian sous les conseils avisés des officiers de la DGSE ont utilisé Sassou et Deby pour faire fléchir Touadera à ne pas surtout laisser la Russie installée une base militaire en RCA. Ce projet est très mal perçu par Paris et ses alliés de l’OTAN.
Droit dans ses bottes, le Chef de l’État Touadera n’a pas fléchi et aurait fait observer au Président Macron que Sassou et Deby ont régulièrement joué un double jeu en RCA. La crise en RCA est en partie alimentée par les puissances régionales qui tirent depuis des années les ficelles au grand dam du peuple centrafricain.
Les troupes Tchadiennes et les troupes Congolaises qui ont successivement quitté Bangui se sont livrées dans des trafics de tous genres. La France au courant de ces agissements, n’a jamais pipé mot, révèle à Confidentiel Afrique un diplomate Centrafricain. Touadera ne compte pas fléchir aux injonctions de Sassou et Deby. Il n’est pas Bozize, encore moins Djotodia qui dépendaient de NDjamena et Brazza.
L’homme fort de Bangui s’est affranchi des dinosaures traditionnels de la région et tisse désormais sa toile avec le soutien de Moscou renchérit un analyste de la région.
Depuis le rapprochement entre Bangui et Moscou, les vieux démons de la France-Afrique resurgissent. Un semblant de posture arrogante qui commence à agacer l’actuel régime de Bangui.
Par Boubker BADRI et Pierre René