Monsieur le Président ;
Le 30 Mars 2018 alors que notre pays est toujours en guerre, occupé aux 2/3 par des mercenaires et leurs commanditaires de la SELEKA, vous avez consacré de l’énergie et confisqué les maigres ressources de l’Etat pour fêter le deuxième anniversaire de votre accession au pouvoir.
Le lendemain de ces festivités à Tabbara et ses environs dans la Ouaka, quarante quatre (44) paisibles citoyens Centrafricains ont été massacrés par l’UPC d’Ali DARASSE, une façon brutale de vous ramener aux réalités de la RCA totalement aux antipodes de l’exo -planète sur laquelle vous vous trouviez.
Le 1er mai 2018, prenant prétexte de cette fête des travailleurs et voulant à tout prix prouver à l’opinion Nationale et Internationale que vous êtes un Président à part entière, vous voilà à nouveau en pleine fête sur l’avenue des martyrs, fier de saluer du haut de la tribune officielle les cortèges des travailleurs mobilisés pour le défilé.
Pendant ce temps à Fatima, précisément à la paroisse, un terrible drame s’est déroulé. Niméry allias « Force », le chef des gangsters du KM5 que le Gouvernement et la MINUSCA ont été incapables de neutraliser quelques jours auparavant, s’est livré au massacre des Centrafricains venus fêter religieusement le 1er mai 2018. Le bilan est lourd : Seize (16) morts parmi lesquels l’Abbé BABA TOUNGOUMALET aimé des Centrafricains et une centaine de blessés. En réaction, il y’a lieu de déplorer la destruction d’une mosquée et la mort de compatriotes de confession musulmane. Je me permets de souligner qu’aucun dispositif de sécurité n’a été mis en place pour protéger les sites sensibles contigus au KM5 après le fiasco de la tentative d’arrestation du fameux Force. C’est le cas de l’Eglise Catholique de Fatima qui était déjà la cible des extrémistes musulmans.
A l’évidence toutes les forces de sécurité ont été mobilisées pour sécuriser le site du défilé où vous vous êtes trouvé abandonnant les autres Centrafricains à la merci des criminels qui se cachent derrière la religion pour perpétrer leurs forfaits.
Monsieur le Président combien de morts encore faudrait-il pour que vous réalisez enfin que notre pays depuis qu’il a été envahi par les mercenaires au service de la SELEKA, est en guerre contre les seigneurs de guerre qui massacrent nos populations, pillent sans vergogne nos richesses naturelles et font planer la menace de partition de notre territoire ?
Vous devez changer vos discours et les adapter au contexte de guerre qu’on nous a imposé. Vos discours lénifiants sur la paix et le dialogue sonnent creux tout simplement parce-que pour faire la paix, il faut être à deux or les seigneurs de guerre qui tirent des avantages substantiels de leur position actuelle, ont intérêt à entretenir le chaos.
Monsieur le Président, il faut arrêter d’endormir les Centrafricains avec les discours sur le DDR et autres instruments conçus par les officines Internationaux et leur tenir le langage de la vérité sur la gravité de la situation qui requiert une vigilance à toute épreuve, une mobilisation permanente et une solution de sortie de crise qui passe obligatoirement par la modification des rapports de force sur le terrain militaire. Soutenir le contraire, c’est vouloir tromper le peuple de façon délibérée.
Monsieur le Président le moment viendra où les Centrafricains pourront renouer avec les fêtes. En attendant ce jour et compte tenu de l’occupation de notre Nation, le bon sens nous impose de suspendre les fêtes qui sont d’ailleurs l’apanage des Banguissois essentiellement à cause du calme trompeur qui règne à Bangui. Continuer à faire la fête à Bangui pendant que les tueries des populations persistent dans les zones occupées, est non seulement indécent mais choquant.
Monsieur le Président lors de votre investiture, vous avez pris l’engagement solennel devant la Nation, d’assurer la protection du peuple Centrafricain et de garantir l’intégrité du territoire national. Au regard des centaines sinon des milliers de morts enregistrés depuis votre élection et de l’occupation de 70 à 80% du territoire par les groupes armés, le bilan pour le moins qu’on puisse dire, est négatif.
De plus en plus de voix s’élèvent pour condamner le non-respect de votre serment sur la constitution. Ne Soyez pas surpris si demain cette même population qui vous a élu, demande votre démission.
Daniel NDITIFEI BOYSEMBE
Ancien Ministre des Finances et du Budget