« La Centrafrique connait toujours une crise humanitaire de grande envergure », selon la Coordonnatrice humanitaire
PAR RJDH LE 28 MAI 2018
BANGUI, 28 mai 2018 (RJDH)– La Centrafrique fait face à une crise humanitaire de grande envergure, a annoncé ce 28 mai à Genève la Coordonnatrice humanitaire, Najat Rochdi, lors d’une session d’information aux Etats membres des Nations-Unies.
La crise humanitaire que la République centrafricaine traverse depuis cinq ans continue à s’intensifier sur presque toute l’étendue du territoire. Le regain de violence affecte des régions antérieurement relativement stables et où des projets pilotes de relèvement post-conflit commençaient à être développés surtout dans le nord et le centre du pays. La crise perdure, les besoins augmentent et le financement de l’action humanitaire est depuis quelques années très en deçà des attentes.
« Aujourd’hui, le niveau de financement du Plan de réponse humanitaire ne nous permet pas de couvrir les besoins que nous avions identifiés pour 1,9 million de Centrafricains et qui dépendent de l’aide humanitaire pour survivre. Seul 13% du Plan de 2018 est financé, soit 66,7 millions des 515,6 millions requis. La situation requiert plus que jamais votre attention, votre générosité et notre action collective» a déclaré Najat Rochdi dans un communiqué de presse
Pour la coordonnatrice humanitaire, « les ressources dont nous disposons ne permettent plus d’apporter une assistance humanitaire en quantité et qualité suffisantes. Dans certains cas les rations alimentaires sont réduites d’un tiers et couvrent des périodes plus courtes » a-t-elle indiqué avant de faire un plaidoyer en ces termes : « Si nous n’arrivons pas à mobiliser les ressources nécessaires, l’assistance sera réduite à une portion congrue et n’arrivera plus à sauver des vies. Des générations entières verraient leur avenir gâché après des années successives sans accès à l’éducation, des milliers d’enfants continueraient à mourir dans leurs premières cinq années de leur vie et une autre génération de Centrafricaines et de Centrafricains seraient sacrifiés » a insisté Mme Rochdi.
A présent, un nombre croissant de civils se réfugie dans des lieux de plus en plus reculés, inaccessibles aux humanitaires accroissant davantage le défi de l’accès aux plus vulnérables. En avril 2018, le nombre de personnes déplacées est presque 670 000 et le nombre des réfugiés est également resté important, 582 000, ça fait que plus d’1,2 millions de Centrafricains soit plus qu’une personne sur quatre est toujours déplacée interne ou réfugiée dans les pays voisins.
Centrafrique-La Cour pénale spéciale à pied d'oeuvre
GENEVE, 28 mai (Reuters) - La Cour pénale spéciale chargée de juger les crimes les plus graves commis en République centrafricaine entamera ses investigations la semaine prochaine, a annoncé lundi Najat Rochdi, coordonnatrice humanitaire de l'Onu sur place.
La Centrafrique a basculé dans la violence en mars 2013 avec l'arrivée au pouvoir des rebelles musulmans de la Séléka et la contre-offensive des milices chrétiennes anti-balaka.
L'intervention de la France en décembre 2013, dans le cadre de l'opération Sangaris, puis le déploiement des casques bleus ont permis d'enrayer l'escalade meurtrière, mais la situation reste tendue.
Vingt-six personnes ont trouvé la mort au début du mois dans l'attaque d'une église de Bangui.
"Le seul moyen d'enrayer ce cycle de vengeances est de créer un système judiciaire crédible, qui soit légitime et qui fonctionne, d'où cette Cour pénale spéciale", a déclaré Najat Rochdi, lors d'une conférence de presse à Genève.
"La bonne nouvelle, c'est que cette Cour pénale spéciale sera opérationnelle la semaine prochaine", a-t-elle poursuivi.
L'instance, qui siègera à Bangui, est composée de juges centrafricains et étrangers. Deux mille policiers des Nations Unies aident les autorités locales à appréhender les suspects, a poursuivi Najat Rochdi, ajoutant sans plus de détails que des arrestations étaient "en cours".
La Cour pénale internationale (CPI) enquête également sur les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité qui auraient été commis en RCA depuis 2012.
(Stephanie Nebehay, Jean-Philippe Lefief pour le service français)