http://www.valeursactuelles.com Par Maud Fontenoy / Vendredi 9 mars 2018 à 12:536
Edito.
Ce lac mythique partagé entre le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Nigeria, se trouve être la principale source d’eau potable en Centrafrique et a pourtant dangereusement perdu plus de 90% de sa surface en moins de 50 ans. Il fournit à boire à près de 40 millions de personnes provenant de ces quatre pays frontaliers et abrite plus de 128 espèces différentes de poissons. Par conséquent, ce lac représente aussi une source importante de revenus pour la région : on estime qu’environ 50 000 tonnes de poissons sont pêchées annuellement et que le secteur de la pêche à lui seul permettrait à 300 000 personnes de pouvoir travailler.
Il est aussi un apport d’eau considérable pour l’agriculture proche de ses rives. On comprendre donc aisément que l’épuisement - que de nombreux scientifiques redoutent pour 2020 - de cet immense réservoir d’eau serait une catastrophe tant écologique qu’économique. Combien de millions de personnes, dépendant de ce lac, seraient ainsi condamnées à la famine ou à l’émigration ? Une zone du monde déjà prise pour cible par le groupe djihadiste Boko Haram qui profite de la vulnérabilité de ces population pour recruter des milliers d’hommes. La situation est donc devenue urgente ! Mais, il est encore temps d’agir.
La conférence internationale pour la sauvegarde du lac Tchad qui a eu lieu le mois dernier a ainsi remis au cœur du débat un vieux projet imaginé dans les années 80: celui de renflouer le lit de ce lac par les eaux du fleuve Congo. L'idée serait de creuser un canal de 2 600 km depuis la République Démocratique du Congo (RDC), puis à travers la Centrafrique, jusqu'au lac d'eau douce. Aujourd’hui, avec l'arrivée du partenaire chinois PowerChina, qui a signé un accord en 2017 avec la société à l'origine du projet, les espoirs sur la faisabilité de ces travaux pharaoniques ont commencé à renaître.
Pourtant, c’est un dessein qui ne fait pas l’humanité : certains redoutant que l’on ne déplace un problème vers un autre. Par ailleurs, ce gigantesque canal, au-delà de traverser plusieurs pays à la géographie changeante et empêtrés dans une instabilité chronique, imposerait une coopération entre quatre pays riverains du lac. Cela parait bien difficile, et pourtant, face aux changements climatiques : Il y a-t-il un autre moyen pour sauver ces populations ?