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19 janvier 2018 5 19 /01 /janvier /2018 01:08

 

 

INVITÉ AFRIQUE

 

 

Par Carine Frenk  RFI

 

 

« La situation en République centrafricaine se détériore. Le comportement des belligérants doit changer ». Un cri d’alarme lancé par le CICR dont le président, Peter Maurer, a terminé mardi soir une visite de quatre jours en Centrafrique. Il a rencontré le président Faustin Archange Touadéra, des membres du gouvernement, des travailleurs humanitaires ainsi que plusieurs représentants de groupes armés. Peter Maurer s’est aussi rendu à Kaga Bandoro dans le nord et à Bambari dans le centre du pays. Il est l'invité de RFI.

 

RFI : De ces quatre jours de visite quelle est l’image que vous allez garder ?

 

Peter Maurer Peut-être, c’est à Kaga-Bandoro, une conversation que j’ai eue avec une femme autour d’une distribution d’eau. Elle a commencé une petite affaire, à vendre les légumes dans son très petit jardin. Elle encourage les autres femmes, elle les organise, elle est une leader. Et donc, elle contredit tous les préjugés envers des victimes passives, qui attendent l’aide. Ce n’est pas du tout l’image que je retiens de Centrafrique et cette femme est un symbole pour moi. Cela m’a beaucoup impressionné.

Loin de s’améliorer, les conditions humanitaires se détériorent en Centrafrique ?

Oui, malheureusement. Déjà, l’année 2017, on l’a vu dans le nombre de déplacements, dans les attaques contre les humanitaires, contre les hôpitaux… Plus de 20% de la population est déplacée. Plus de 50% de la population a besoin d’assistance humanitaire. Donc, la situation est loin d’être stable. On vient de voir une recrudescence de violence dans le nord-ouest, région qu’on croyait plus stable, dernièrement.

Vous n’êtes pas allé à Paoua ?

Non, je ne suis pas allé à Paoua, parce que mes collègues sont allés à Paoua quelques jours avant et ils ont été témoins, bien sûr, des tensions en ville, des déplacements, des combats qui ont lieu. Donc, une situation qui demande une réponse humanitaire immédiate et rapide.

Vous vous êtes rendu à Bambari et à Kaga-Bandoro. Bambari, une ville qui va plutôt mieux. Kaga-Bandoro, une ville emblématique de la crise ?

A première vue, ce sont des nuances qu’on perçoit entre Bambari et Kaga-Bandoro. Bambari m’a frappé par la pauvreté. J’ai été à Kaga-Bandoro, il y a quatre ans, en 2014, on n’avait pas des signes aussi clairs de combats, tels que je les ai vus maintenant. Et la deuxième chose qui m’a beaucoup frappé, c’est ce conflit dont tous les Centrafricains vous disent, à la première réponse spontanée, que ce n’est pas un conflit religieux. Je vois à Kaga-Bandoro que maintenant les communautés vivent séparément. Ces communautés, que j’ai encore vues vivre ensemble en 2014, sont séparées par une zone neutre contrôlée par la Minusca. Le sectarisme, le facteur religieux du conflit, s’inscrit de plus en plus aussi dans la réalité. Donc le bilan, c’est que les structures étatiques - l’Etat, en tant que tel - ne fonctionnent pas encore comme il le faut. Je pense qu’il n’y a pas de consensus politique sur l’avenir de la Centrafrique. Ce sont des dimensions du problème auxquelles on ne peut pas répondre.

En même temps, cette crise ne se résoudra pas par les humanitaires ?

Certainement pas. Le mieux de ce que l’on peut faire, en tant qu’humanitaire, c’est contribuer à la stabilisation des sociétés. On peut essayer de renouer les contacts autour des lignes de front. Mais les responsabilités politiques - de trouver des solutions politiques -, la situation actuelle donnent, bien sûr, quelques perspectives, mais je pense qu’on est encore passablement loin d’une accalmie, qui pourrait aussi, donner une certaine perspective de plus de durabilité de résolution de ce conflit.

Quel a été votre message au président Touadéra ?

Mon message était d’appréciation sur ce qu’on a pu faire, de pistes d’accroître notre coopération, mais en même temps aussi, de responsabilité qu’on voit auprès des pouvoirs politiques centrafricains.

Est-ce que la protection des populations civiles est bien la priorité ?

C’est, bien sûr, la priorité. Mais le président n’est pas le seul interlocuteur par rapport à la protection des populations civiles. Comme vous le savez bien, le CICR est en contact avec tous les groupes armés principaux. On peut toujours faire plus dans l’assistance. Mais l’assistance ne suffit pas. Il faut que les comportements changent. Et les comportements des belligérants doivent changer. La protection des populations civiles, la sécurité des travailleurs humanitaires, l’intégrité, les infrastructures de santé hospitalières, tout cela sont des messages importants dont j’ai fait part à tous les interlocuteurs que j’ai vus, des différentes lignes de front, pendant ces quelques jours.

Est-ce que vous avez l’impression que la Minusca en fait suffisamment ?

Elle fait ce qu’elle peut. Et vu la situation précaire sécuritaire, il est clair que de notre perspective, en tant qu’humanitaires, il faut certainement réfléchir sérieusement. Comment la communauté internationale peut faire davantage pour renforcer les structures sécuritaires ? Comment la négociation politique peut produire plus de sécurité pour les populations qui en souffrent énormément ?

 

 

RCA la situation dramatique des déplacés dans le pays

 

http://information.tv5monde.com  Mise à jour 17.01.2018 à 21:20 par Léon Sanchez

 

En Centrafrique, un habitant sur 5 a dû quitter son foyer. Soit 1 million de personnes qui ont fui les violences depuis le début de la crise en 2013. À Kaga-Bandoro, plus de 40 000 personnes sont hébergées dans plusieurs camps. L'aide humanitaire est limitée. Marguerite, une mère de famille, fait partie de ces déplacés et témoigne de ses difficultés quotidiennes.

 

Marguerite vit dans le camp Lazarre avec 5 000 autres déplacés. Son mari a été tué il y a 4 ans et pour nourrir ses 3 enfants, elle dépend de la maigre assistance humanitaire. Lorsque les vivres sont épuisés, elle doit se débrouiller, notamment en vendant du bois de chauffe.


Après la mort de son mari, Marguerite a fui sa maison pour échapper aux violences et préserver ses enfants :



"Les Séléka et les Mbarara nous ont attaqué, c'est pour ça que nous avons fui. Quand on rentre chez nous pour prendre des choses, les Mbarara nous attaquent, nous frappent. Ils veulent nous violer : nous avons peur de repartir."



Pour protéger ces gens, une poignée de militaires a été déployée par l'ONU... Mais ils sont bien seuls pour défendre une zone de cette importance. Le dernier espoir de Marguerite serait de voir un désarmement dans la zone :



"Pour qu'on rentre chez nous, il faut qu'il y ait un désarmement. Sinon on va rester là. Des hommes, des femmes et des enfants sont tués. Malheureusement, on ne désarme pas ces hommes. Je préfère rester là et vivre que de rentrer chez moi et mourir."



Au total, ce sont environ 40 000 personnes, réparties à Kaga Bandoro, à quelques kilomètres de la frontière nord de la Centrafrique, qui sont dans la même situation que Marguerite et qui attendent le jour où ils pourront rentrer chez eux sans craindre pour leur vie.

 

Léon Sanchez

 

Mise à jour 17.01.2018 à 21:20

 

"En RCA, 50% de la population a besoin d’assistance humanitaire selon le CICR" : Peter Mauer
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